Un déluge frappant le nord-est des Etats-Unis a immobilisé soudainement la mégapole de New York vendredi. Les pluies torrentielles ont causé des inondations sur les routes, des suppressions trains de banlieue et du chaos dans le métro. Avec 20 centimètres de pluie tombés depuis vendredi minuit, les services météo de New York ont d'ores et déjà mesuré «le jour le plus humide» jamais enregistré à l'aéroport international de JFK depuis 1948, ont-ils annoncé sur X (ex-Twitter), à 15 heures (21h00 en Suisse).
«Si vous êtes chez vous, restez chez vous, si vous êtes au travail, ou à l'école, restez à l'abri pour l'instant. Une partie du métro est inondée et il est extrêmement difficile de se déplacer en ville», a prévenu le maire démocrate Eric Adams. Des images rapportées par des journalistes de l'AFP, des médias locaux, et sur les réseaux sociaux ont montré des véhicules circulant difficilement sur des routes submergées, voire totalement bloqués avec de l'eau jusqu'aux fenêtres; des commerçants cherchant tant bien que mal à dégager l'eau de leurs boutiques; et des stations de métro inondées.
Le climat évolue plus vite que les infrastructures
L'eau est déjà montée jusqu'au premier étage de l'immeuble de Brooklyn où habite Ahmed Abdou, un chauffeur de taxi de 50 ans. «Toutes ces tempêtes arrivent chaque année à la même époque. Nous devrions mieux les anticiper», explique ce New-Yorkais d'origine égyptienne, qualifiant le métro de «catastrophique».
«La triste réalité est que notre climat change plus vite que notre infrastructure ne peut y répondre», a déclaré de son côté le commissaire à la protection environnementale de la ville de New York, Rohit Aggarwala. Dans le métro, nécessaire pour les déplacements quotidiens de millions de New-Yorkais, plusieurs lignes très empruntées de l'arrondissement de Brooklyn étaient fermées depuis vendredi matin, et la circulation est limitée dans l'ensemble de ce gigantesque et vieillissant réseau souterrain, l'un des plus vastes au monde avec plus de 30 lignes et quelque 420 stations.
Sa remise en route est la «priorité numéro un», a déclaré la gouverneure de l'Etat Kathy Hochul, alors que les critiques ont fusé de la part de parents qui se demandaient comment leur enfant allait rentrer de l'école et pourquoi les établissements étaient restés ouverts vendredi.
Des milliers de voyageurs bloqués
«Les événements de ce matin ont montré de manière flagrante que la ville et l'Etat de New York doivent améliorer leur communication avec les New-Yorkais quand surviennent des événements climatiques extrêmes, avant qu'ils ne surviennent», a critiqué le maire de l'arrondissement de Brooklyn, Antonio Reynoso.
A la gare Grand Central, au coeur de Manhattan, Sue Evangelista, une retraitée de 63 ans, attend depuis cinq heures avec son mari son train pour pouvoir rentrer dans le Connecticut, mais les trois lignes de banlieue étaient toujours supprimées en milieu d'après-midi, laissant des milliers de voyageurs en rade.
«Au moment où ils vont dire que les trains arrivent, ça va être une course folle, parce que bientôt les gens vont commencer à sortir du travail et il y aura encore plus de monde», explique-t-elle, alors que de nombreux voyageurs sont assis par terre. Les autorités locales ont déclaré l'état d'urgence pour la mégapole de 8,5 millions d'habitants, ainsi que Long Island à l'est et la vallée de l'Hudson, des régions régulièrement touchées par les inondations.
Eviter à tout prix les sous-sols
La situation est prise au sérieux à New York, où l'ouragan Ida avait causé en septembre 2021 la mort de 13 personnes (et plusieurs dizaines d'autres victimes dans la région), la plupart prises au piège dans les sous-sols de maisons transformés en appartements dans les arrondissements de Brooklyn et du Queens, dans une ville aux prises avec une sévère crise du logement. «Si vous habitez dans ces quartiers, dans un appartement en sous-sol ou dans une zone inondable, assurez-vous d'être prêts à pouvoir monter vous mettre à l'abri dans des étages plus élevés», a mis en garde le commissaire à la gestion des situations d'urgence de la ville, Zach Iscol.
Une portion de la voie rapide qui longe l'East River à Manhattan, la «FDR Drive», cruciale pour désengorger le trafic, a aussi été fermée alors que des véhicules s'y trouvaient à l'arrêt. L'aéroport de La Guardia a annoncé de son côté que tous les accès au terminal A étaient «actuellement fermés», perturbant partiellement le trafic aérien, tandis que l'aéroport de JFK a aussi annoncé des perturbations.
(ATS)