Dimanche, une avalanche a fait un mort au Säntis, mont suisse situé à cheval entre les cantons de Saint-Gall, Appenzell Rhodes-Extérieures et Appenzell Rhodes-Intérieures. Un Allemand de 19 ans a perdu la vie, et son accompagnateur de 23 ans a été légèrement blessé. Deux jours après l’accident, plusieurs questions restent en suspens.
Un expert nous donne son avis sur la situation. «Le degré de dangerosité d’un chemin dépend toujours des personnes qui s’y aventurent», explique à Blick Hanspeter Schoop, guide de montagne expérimenté. «Le calendrier et la météo jouent aussi un rôle, ajoute le quinquagénaire. En ce moment, il y a encore de la neige sur le Säntis, presque jusqu’en bas de la Schwägalp. Le chemin est recouvert de neige.»
Escarpé, étroit et exposé
Le chemin de randonnée de montagne qui mène de la Schwägalp au Säntis est balisé en blanc-rouge-blanc. Cela signifie que les randonneurs s’attendaient dimanche à un terrain parfois impraticable, ainsi qu’à des tronçons de chemin raides, étroits et exposés, et à une neige profonde à cette époque de l’année: une entreprise risquée.
Il faut une certaine expérience pour s’en sortir, confirme Hanspeter Schoop. Les randonneurs doivent être en bonne forme physique et connaître les dangers de la montagne.
Après l’accident, la question se pose de savoir pourquoi le chemin de randonnée n’a pas été fermé à cause du risque d’avalanche prédominant. Pour le montagnard, les autorités ne sont pas responsables de l’accident: «Il est de la responsabilité de chacun de décider quand s’engager sur un sentier.»
Pour Hanspeter Schoop, il est plutôt inhabituel que des chemins de randonnée soient fermés: «Même d’un point de vue administratif, cela relèverait de l’impossible.»
Sur le sentier en question, il y a un panneau d’avertissement qui indique que le chemin est recouvert de neige. Apparemment, il n’a pas empêché les alpinistes de continuer à gravir la montagne dimanche.
«C’est dangereux»
En été, la plupart des gens peuvent emprunter le chemin sans problème, mais en hiver, la situation est parfois différente, détaille l’expert. «Les gens se surestiment. J’observe cela surtout à la fin de l’hiver, juste avant le début de la saison des randonnées, lorsque la neige commence à fondre», explique cet Appenzellois qui a grandi au pied du Säntis.
Souvent, les gens arrivent alors insuffisamment préparés. «Le chemin n’est pas toujours visible d’en bas. On ne voit pas toujours la quantité de neige qu’il reste en altitude. C’est dangereux», ajoute Hanspeter Schoop.
Randonnée «sous sa propre responsabilité»
Il ne considère pas l’âge des jeunes hommes comme un facteur déterminant dans l’accident. «Cela aurait pu arriver à d’autres personnes», assure-t-il clairement.
Pour le connaisseur des lieux, «on ne peut pas comparer» cet incident avec la série de décès de l’Äscher, au cours de laquelle plusieurs randonneurs avaient été victimes d’un accident l’été dernier.
Le porte-parole de la police cantonale d’Appenzell Rhodes-Extérieures, Marcel Wehrlin, a mis en garde avec insistance contre le danger d’avalanche. La traversée du chemin de montagne Schwägalp-Säntis, fortement enneigé, se fait toujours expressément «sous sa propre responsabilité». Les alpinistes devraient bien évaluer les risques avant de s’engager sur le sentier.
Avalanche impressionnante en 2019
En janvier 2019 déjà, un drame d’avalanche s’est produit sur la Schwägalp. Hanspeter Schoop était présent en sa qualité de sauveteur. On est alors passé à un cheveu de la catastrophe. Trois personnes ont été blessées et les dégâts matériels ont été importants. «Nous avons eu une chance folle et le meilleur ange gardien que l’on puisse imaginer», avait déclaré à l’époque le directeur de l’hôtel et des remontées mécaniques, Bruno Vattioni.
Le jeune Allemand qui a été emporté par l’avalanche dimanche a eu moins de chance. Les sauveteurs n’ont pu que constater son décès.