Sur les marchés boursiers, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche a suscité une joie non-dissimulée. Mais pour de nombreuses entreprises en dehors des Etats-Unis, le réveil pourrait être brutal.
Les droits de douane élevés sur les importations sont en effet une marque de fabrique de la politique «America first» de Trump. Au cours de son deuxième mandat, le président se concentrera sur la protection des emplois et des secteurs dans son propre pays.
Il menace ainsi d'imposer des taxes d'importation de 10 à 20% sur tous les biens en provenance de l'étranger. Les marchandises venant de Chine pourraient même être soumises à des droits de douane d'au moins 60%. Il ne fait guère de doute que Trump veut mettre cette promesse à exécution: ce n'est pas pour rien qu'il se qualifie volontiers de «Tariff Man», c'est-à-dire d'«homme des douanes».
Le Mexique est le plus concerné
Les fantaisies tarifaires de Trump sont mauvaises pour les plus grands partenaires commerciaux des Etats-Unis. Une étude réalisée pour «The Economist» montre quels pays seraient particulièrement touchés par cette politique.
Le journal économique a même établi un «Trump Trade Risk Index», qui évalue la vulnérabilité des pays aux potentielles mesures du républicain sur une échelle de 0 à 100. Six domaines ont été pris en compte: la balance commerciale, la tendance du commerce bilatéral, la balance des paiements courants, les exportations sensibles vers les États-Unis, la dépendance vis-à-vis du pays pour les marchandises et le commerce, ainsi que les accords de libre-échange avec l'Amérique.
Le Mexique, le plus grand exportateur vers l'Amérique, est le plus menacé si les Etats-Unis se ferment aux échanges, surtout en raison de son excédent commercial de 152 milliards de dollars. Il s'agit du résultat d'un montant d'exportation plus élevé que le montant des importations. Depuis 2020, l'excédent commercial de ce voisin du sud a augmenté de près de 40%, parce que Trump, lors de sa première présidence, et plus tard son successeur Joe Biden, voulaient réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine.
La Chine arrive ensuite en deuxième position dans le classement de «The Economist», juste derrière le Mexique. L'excédent commercial de la Chine avec les Etats-Unis s'élève à 420 milliards de dollars, et ce malgré toutes les mesures politiques prises par les deux dernières administrations américaines.
Le Canada, voisin du nord des Etats-Unis, est également fortement touché. Le Vietnam, en quatrième position, a bénéficié précédemment, comme le Mexique, de l'abandon du marché chinois et pourrait maintenant en être puni.
Réduction du PIB de la Suisse de 1%
Et qu'en est-il de la Suisse? Dans le «Trump Trade Risk Index», nous n'apparaissons pas dans les premiers rangs. Mais les États-Unis sont le principal pays d'exportation de la Suisse, avant notre grand voisin allemand. En 2023, la Suisse a livré des marchandises d'une valeur de 56,7 milliards de francs aux Etats-Unis et a importé l'équivalent de 29,7 milliards de dollars.
L'excédent commercial de 27 milliards de dollars pourrait également faire de nous une cible pour la prochaine administration américaine. Selon le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l'EPFZ, les droits de douane de Trump détruiraient 0,2% de la performance économique suisse (PIB). Cela représente 200 francs pour chaque Suisse. Et si Trump déclenche une guerre commerciale mondiale avec ses droits de douane, cela pourrait même réduire le PIB de 1%.
Ce serait bien sûr mauvais pour l'industrie suisse, où des groupes comme Meyer Burger et les deux producteurs d'acier Swiss Steel et Stahl Gerlafingen sont en crise. «Des droits de douane massivement augmentés, comme Donald Trump l'a exigé pendant la campagne électorale, nuisent à toutes les entreprises», a confirmé le président de Swissmem Martin Hirzel dans une interview à l'agence de presse AWP. Il ne voit toutefois aucune raison de paniquer. Les entreprises de l'industrie tech suisse sont souvent les leaders du marché mondial dans leurs niches, sans concurrents équivalents aux Etats-Unis.
De plus, «lorsque la conjoncture est bonne aux Etats-Unis, les entreprises technologiques suisses en profitent également – pour autant que les Etats-Unis ne se ferment pas complètement». Il ne reste plus qu'à espérer que Trump n'exagère pas.