Donald Trump l’a redit haut et fort lors de son premier discours en président élu, au milieu de la nuit du 5 au 6 novembre, dans le Palais des Congrès de West Palm Beach, à proximité de son golf de Mar-a-Lago: il tiendra ses promesses et il réparera l’Amérique. Or le fait est que ses électeurs y croient dur comme fer. Pour eux, Trump rime avec prospérité. Et avec des fins de mois bien moins difficiles que sous la présidence de Joe Biden.
Oubliée, la pandémie de Covid-19 qui a mis le pays à genoux et amené Joe Biden à faire adopter par le Congrès, en juin 2021, un plan de relance à hauteur de 1900 milliards de dollars! Oubliée, la responsabilité des grands distributeurs américains, et des compagnies énergétiques, qui n’ont pas baissé leurs tarifs malgré le recul de l’inflation à partir de la fin 2022. Les regards des Américains se tournent vers un seul homme: Donald Trump. J’ai donc plongé avec eux dans leurs portefeuilles, pour comprendre ce qu’ils attendent de l’ancien magnat de l’immobilier new-yorkais.
Le retour de la confiance
C’est aussi simple que ça. Brad est restaurateur à Delray Beach, en Floride, à une vingtaine de kilomètres du golf de Donald Trump à Mar-a-Lago. Libanais d’origine, il a donné à son établissement un nom français, le «Boheme Bistrot». Ce qu’il attend de Trump? «Le retour de la confiance. Durant les quatre ans de sa présidence, les clients consommaient. Franchement, je n’ai pas connu de meilleures années depuis que je me suis installé ici, voici 22 ans.» Pourquoi cette confiance? «Parce que c’est un businessman. Il sait parler aux banques. Il sait comment fonctionnent les marchés financiers. Il sait faire payer nos alliés européens qui doivent dépenser plus pour leur sécurité.» Et si ça ne marchait pas? «Impossible. Trump rime avec profit. Quand il débarque quelque part, c’est pour faire de l’argent. C’est son obsession. Et nous, les Américains, ça nous convient. Parce qu’on pense comme lui.»
La fin de l’État dépensier
C’est le grand paradoxe. Les Américains qui votent Trump ne considèrent pas que l’argent public injecté dans l’économie depuis quatre ans par l’administration Biden est productif. Le plan de redressement post-Covid de 1900 milliards de dollars? Mal utilisé, mal distribué, peu efficace. «L’Inflation Reduction Act» adopté en août 2022, qui prévoit d’injecter 369 milliards de dollars pour les technologies vertes? Pas approprié pour un pays qui doit d’abord continuer de miser sur ses énergies fossiles et sur le gaz de schiste, posture incarnée par le fameux «Drill, drill, drill…» (Forez, forez, forez) de Trump, qu’il a encore répété le soir de son élection. Les dépenses de l’État fédéral (6100 milliards de dollars en 2023, pour 4400 milliards de recettes)? Il doit être amputé d’urgence. Voire supprimé. Elon Musk a déjà avancé un chiffre: 2000 milliards de coupes budgétaires!
Des chèques en cas de coup dur
L’image continue de circuler abondamment sur les réseaux sociaux. En mars 2020, alors que Donald Trump est encore président, un premier «paquet» de mesures budgétaires pour lutter contre l’effet économique de la pandémie est adopté. Il s’agit du «Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security Act (CARES) de 2200 milliards de dollars. Tous les ménages américains reçoivent dans la foulée un chèque de 1200 dollars de l’IRS, le trésor public des États-Unis. Or Donald Trump a imposé d’y faire figurer son nom. La formule exacte imprimée sur les chèques est «President Donald Trump Economic Impact Payment». Résultat: cet argent semble sortir de ses propres poches. Quelques mois auparavant, en 2019, même stratégie. En tant que président, Trump signe dans son avion Air Force One, avec photos, des aides d’urgences aux agriculteurs touchés par des catastrophes naturelles. «Je viens de signer pour aider les Américains. C’est tellement important pour nos GRANDS agriculteurs et éleveurs américains.» Pas un mot pour dire que cet argent provient, justement, des caisses de l’État fédéral…
Plus aucune aide aux migrants
Fini. Terminé. Les migrants qui arrivent illégalement sur le sol américain ne bénéficieront plus d’aucune aide. Et ils seront jetés de leur logement. C’est ce que Donald Trump a répété lorsque à la fin septembre, l’ouragan Helene a frappé le sud des États-Unis, en particulier la région montagneuse des Appalaches en Caroline du Nord. Le président élu a alors affirmé que le Congrès avait affecté 650 millions de dollars pour l’exercice 2024 au financement d’un programme qui aide les États et les collectivités locales à héberger des migrants. Il a ensuite accusé le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis d’avoir dilapidé cet argent, en le confiant en partie au Fonds fédéral pour les catastrophes naturelles (FEMA). L’accusation était fausse. Il est vrai en revanche que les 650 millions de dollars débloqués par le Congrès, le «Shelter and assistance program» permet à 30’000 ressortissants de plusieurs pays d’entrer chaque mois aux États-Unis pour raisons humanitaires, après avoir reçu une autorisation de voyage préalable. Plus d’un demi-million de ressortissants sont entrés aux États-Unis dans le cadre de ce programme absolument légal.
Des prix de l’essence diminués de moitié
«Nous allons faire de la fracturation, de la fracturation, de la fracturation (pour l’exploitation du gaz de schiste) et du forage, bébé, du forage», a déclaré Donald Trump à Détroit, l’ancien bastion de l’industrie automobile du Michigan, le 18 octobre. «Je réduirai les prix de l’énergie de moitié en 12 mois. … Je les réduirai de moitié dans les 12 mois suivant mon entrée en fonction. Cela va tout faire baisser.» Ses électeurs y croient. Trump a d’ailleurs redit le soir de son élection que tout ce qui concerne les hydrocarbures sera sous sa responsabilité directe. «Nous avons d’énormes richesses dans ce pays, mais elles se trouvent sous nos pieds. On l’appelle l’or liquide. Et nous allons faire baisser vos coûts énergétiques. Et grâce à cela, tout suivra.»