Novembre 2022: l'armée ukrainienne vient de libérer Kherson. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky touche son rêve du bout des doigts. Ce n'est plus qu'une question de temps pour que les autres territoires occupés par la Russie le soit aussi. Le président ukrainien ose même parler du «début de la fin de la guerre».
Un peu plus d'un an plus tard, cet épisode plein d'espoir ne semble avoir jamais existé. La guerre bat toujours son plein. La contre-offensive ukrainienne a échoué. La situation n'est pas la même qu'il y a une année. Elle est bien pire. Car les Russes s'apprêtent à lancer leur offensive hivernale pour reprendre l'avantage sur le front.
Une guerre d'usure n'est pas favorable à l'Ukraine
Et cette offensive n'annonce rien de bon pour les forces ukrainiennes. «Les Russes ont probablement lancé des opérations offensives sur plusieurs sections du front», lit-on dans le point de situation de l'Institute for the Study of War (ISW). Les soldats russes ont intérêt à gagner du terrain. Vladimir Poutine veut présenter des victoires militaires lors des élections présidentielles de mars 2024. Qu'importe le froid, la raspoutitsa – la fameuse gadoue en Ukraine – ou la faim, le chef du Kremlin veut que ses troupes gagnent.
La contre-offensive avortée a épuisé les Ukrainiens. Les troupes n'ont pas le temps de digérer leur échec. Elles doivent désormais se concentrer sur le renforcement de leurs positions défensives. De leur côté, les Russes vont attaquer – par tous les moyens. Koupiansk, Avdiïvka, Bakhmout et Zaporijjia... partout, la tactique russe des «vagues humaines» est utilisée.
Mais cette stratégie laisse à désirer. Les gains de terrain sont minimes, les pertes en combattants et en véhicules élevées. Les troupes russes stagnent sur le terrain. Une bonne nouvelle pour l'Ukraine? Pas vraiment.
Supériorité d'armes, supériorité de terrain
Et pour cause: la production russe de munitions d'artillerie dépasse largement celle de l'Occident. Ce n'est un secret pour personne: celui qui possède le plus d'armes est plus susceptible de passer à l'attaque – et d'en ressortir gagnant. «Ces derniers mois, la Russie a utilisé ses missiles avec parcimonie et devrait à nouveau avoir accumulé un stock décent», a récemment déclaré l'expert militaire néerlandais Frederik Mertens au magazine américain «Newsweek».
Le même constat s'impose concernant les drones. «Dans les principales sections du front, voici le constat qui nous a été rapporté: il y a un drone ukrainien pour cinq ou sept drones russes», a expliqué Yuriy Fedorenko, le commandant ukrainien de la compagnie «Achilles» lors d'un entretien avec la chaîne de télévision ukrainienne Suspilne. Le champ de bataille est surveillé en permanence depuis les airs par les hommes de Poutine. Les Ukrainiens doivent l'accepter: les attaques surprises sont devenues impossibles.
Zelensky lance un appel à ses troupes
Il existe des domaines dans lesquels l'Ukraine domine son adversaire, notamment la portée et la précision. Kiev est ici clairement supérieur par rapport à Moscou, grâce aux armes occidentales. Ces dernières arrivent à compenser les faiblesses de l'armée de Zelensky face aux troupes russes. Mais pour sortir de la guerre actuelle, l'équipement militaire actuel des Ukrainiens ne suffira pas.
Face à l'offensive hivernale russe qui approche, Zelensky a demandé à son armée d'être «à 100% efficace malgré toutes les difficultés, malgré l'épuisement». L'optimisme de l'année dernière n'est définitivement plus qu'un lointain souvenir.