Après des mois de discussions, le verdict va enfin tomber. La Suisse souhaiterait mettre à disposition six milliards de francs pour la reconstruction de l'Ukraine déchirée par la guerre, selon les informations rapportées par les titres de Tamedia. Les conseillers fédéraux devraient débattre ce vendredi de la question.
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Mais l'origine de cet argent reste floue. Sachant que la Confédération s'attend à un déficit de plusieurs milliards pour les années à venir, comment le gouvernement va-t-il trouver les moyens financiers de fournir cette aide considérable?
Réduire les fonds d'aide internationale
Au printemps dernier, le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis soulignait encore que la reconstruction de l'Ukraine ne devait pas se faire au détriment d'autres programmes de la coopération internationale.
Mais selon les journalistes de Tamedia, le politique veut désormais réduire les fonds d'aide à d'autres pays. Les programmes de formation ou de lutte contre la faim devraient être réduits au profit de l'aide promise à l'Ukraine.
Selon les sources de nos confrères, l'Ukraine devrait recevoir 600 millions d'euros par an entre 2025 et 2034 de la Suisse, montant qui correspond à peu près à ce que la Confédération doit verser par rapport à sa performance économique – si elle souhaite se montrer solidaire en comparaison internationale.
Parmelin veut couper encore plus
Ignazio Cassis caresse désormais l'idée de créer un fonds pour l'Ukraine par le biais d'une loi fédérale. Celui-ci serait alimenté par deux milliards provenant du budget général de la Confédération. Les quatre milliards restants seraient prélevés sur le budget de l'aide au développement et de l'aide d'urgence.
Le ministre de l'Économie Guy Parmelin et la ministre des Finances Karin Keller-Suter veulent apparemment aller encore plus loin. Toujours selon les dires de Tamedia, ils exigeraient que 90% soient pris en charge par l'aide au développement. Au sein du Conseil fédéral, l'opposition des socialistes est attendue. Pour la ministre des Affaires sociales Elisabeth Baume-Schneider, une taxe sur les transactions des marchés financiers serait préférable.
«C'est une catastrophe absolue»
Si la proposition d'Ignazio Cassis devait être acceptée, le budget octroyé aux pays du Sud mondial serait considérablement réduit. Cela reviendrait à faire disparaître 13% du budget de l'aide au développement. Avec la proposition de Guy Parmelin et Karin Keller-Sutter, 500 millions seraient détournés d'Afrique ou d'Asie vers l'Ukraine.
«C'est une catastrophe absolue», déclare Andreas Missbach, dans les lignes des journaux de Tamedia. La décision du Conseil fédéral aurait pour conséquence que des programmes importants en Afrique subsaharienne notamment ne pourraient pas être prolongés. Pour le directeur d'Alliance Sud, le centre de compétences pour la coopération internationale et la politique de développement, les conséquences seraient désastreuses. «Les gens seraient privés de leurs chances de développement», se désole Andreas Missbach. Reste à savoir quelle direction prendra le Conseil fédéral sur la question.