Les opposants de Poutine ne lâcheront rien. Avec la campagne «La Russie sans Poutine», ils veulent à tout prix empêcher le président russe d'être réélu le 17 mars 2024. Vendredi, le chef du Kremlin a annoncé qu'il souhaitait se présenter une nouvelle fois à la présidence.
Sur Poutine
Cela fait maintenant 24 ans que Vladimir Poutine dirige la Russie. Une modification de la Constitution, adoptée par lui-même, lui permet d'effectuer deux nouveaux mandats de six ans.
Qui se cachent derrière le mouvement «La Russie sans Poutine»? Des opposants au gouvernement, et notamment des personnes proches du militant russe emprisonné Alexeï Navalny, en détention depuis 2020 après avoir été empoisonné dans des circonstances floues. L'opposant au Kremlin doit désormais purger une peine de plusieurs années de prison, malgré les dénonciations d'injustices des pays européens et les appels à sa libération de l'ONU.
La fin de l'opposition?
Les opposants à Poutine le savent: ils ne doivent pas se faire d'illusions. Ulrich Schmid, spécialiste de la Russie à l'Université de Saint-Gall, n'a pas beaucoup d'espoir quant à l'avenir des mouvements de résistance. «Il n'y a plus d'opposition en Russie. Tous les politiciens d'opposition de renom sont soit morts, soit en prison, soit à l'étranger», justifie le professeur.
Il n'y a guère plus d'espoir dans les autres candidats à la présidence. Même Grigori Iavlinski, un ancien libéral et opposant à la guerre qui s'est déjà présenté plusieurs fois, n'a aucune chance. Ulrich Schmid en est convaincu: «Il semble plutôt que sa candidature serve à discréditer l'agenda de l'opposition en le faisant représenter par un candidat qui n'a aucune chance et qui est désavoué.»
La plus grande difficulté pour le Kremlin sera d'obtenir une participation convaincante aux élections. La société russe est dépolitisée de manière conséquente depuis 25 ans. Un avantage comme un inconvénient, selon l'expert: «Les gens ne descendent pas dans la rue, mais ils ne peuvent pas non plus se mobiliser pour les élections présidentielles», explique Ulrich Schmid.
La pression sur Poutine augmente
Pour le professeur, il est clair que les élections seront un fiasco. «Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait déjà ouvertement parlé en août du fait que les élections présidentielles n'étaient pas vraiment démocratiques, mais plutôt une procédure bureaucratique laborieuse.» L'utilisation accrue de moyens de vote électroniques faciliterait encore plus les fraudes électorales.
Selon le comité du mouvement «La Russie sans Poutine», la plupart des Russes souhaiteraient un changement à la tête du pays. Ulrich Schmid relativise: dans la situation de guerre actuelle, il est extrêmement difficile de sonder l'avis de la population. De nombreux Russes se seraient retirés dans leur vie professionnelle et privée depuis le début de l'invasion en Ukraine. «La guerre est impopulaire, et Poutine sait que la pression pour mettre fin à la guerre sous une forme ou une autre va augmenter», ajoute l'expert.