Vladimir Poutine, que les Occidentaux cherchent à isoler depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, s'est un temps fait plus rare à l'étranger en réservant ses déplacements à ses plus proches alliés, mais il effectue un retour sur la scène internationale.
Cette fois, il fait le choix de rendre visite à des partenaires économiques jugés importants. Et chez qui le président, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour la «déportation» d'enfants ukrainiens, ne risque pas l'arrestation, ces pays n'ayant pas ratifié le traité fondateur de cette institution.
Vladimir Poutine a atterri en soirée à Ryad, selon des images de la télévision russe, afin de rencontrer Mohammed ben Salmane, le prince héritier et homme fort de l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut.
Les deux dirigeants doivent discuter investissements, mais aussi de «leur coopération dans le secteur de l'énergie», garante d'une «situation stable et prévisible» sur le marché international, estime le Kremlin.
La Russie est le troisième producteur mondial de brut
Le conflit entre Israël et le Hamas palestinien sera aussi à l'ordre du jour, notamment les «façons de promouvoir la désescalade», d'après Moscou.
Pour ce voyage diplomatique d'une journée, Vladimir Poutine s'était d'abord arrêté aux Emirats. Reçu dans l'imposant palais présidentiel d'Abou Dhabi, il s'est entretenu avec son homologue, Mohammed ben Zayed al-Nahyane.
Il a eu droit à un accueil avec les honneurs: des dizaines de soldats en armes l'attendaient au palais, tandis qu'une patrouille aérienne a traversé le ciel en diffusant des fumigènes aux couleurs du drapeau russe et que des coups de canon étaient tirés à proximité, selon des images diffusées par le Kremlin.
«Grâce à votre position, nos relations ont atteint un niveau sans précédent», a souligné le président russe, au début de la rencontre, avant d'assurer que les Emirats étaient «le principal partenaire commercial de la Russie dans le monde arabe», évoquant des «projets dans le secteur du gaz et du pétrole».
Il a également affirmé vouloir évoquer la situation «dans les zones chaudes», citant le conflit israélo-palestinien mais aussi «la crise en Ukraine».
Avant ce voyage, la présidence russe avait indiqué que les dirigeants parleraient de la réduction de la production de pétrole dans le cadre de l'Opep+, une alliance de pays exportateurs de pétrole et de partenaires, dont la Russie est membre.
Vladimir Poutine ne s'est en revanche pas rendu à la COP28, qui se tient à Dubaï.
«Poutine parle certainement avec plus d'assurance que jamais»
Vladimir Poutine privilégiait ces derniers temps des déplacements en terres très amicales.
En octobre, il avait été reçu en Chine par son homologue, Xi Jinping, en marge du forum des Nouvelles routes de la soie. Quelques jours auparavant, il s'était rendu au Kirghizstan pour son premier voyage à l'étranger depuis le mandat d'arrêt émis par la CPI.
Mais le président russe voit un contexte international plus favorable à ses intérêts.
La contre-offensive ukrainienne, très attendue, s'est fracassée cet été contre les défenses russes. Quant au soutien jusqu'alors inconditionnel des Occidentaux à Kiev, il montre des signes d'effritement, à la faveur des divisions politiques, comme l'espérait le Kremlin.
«Poutine parle certainement avec plus d'assurance que jamais depuis le début de la guerre» en Ukraine, constate Nigel Gould-Davies, chargé de recherches à l'International Institute for Strategic Studies.
A l'intérieur de la Russie, les revenus pétroliers se sont redressés, toute opposition au Kremlin a été méthodiquement muselée et Vladimir Poutine se prépare à lancer en mars la campagne pour sa réélection, qui ne fait guère de doute.
(ATS)