Il sera, lors de l’élection présidentielle de 2024, au seuil de ses 82 ans. Joseph Robinette Biden Jr est né le 20 novembre 1942. Il a, pour la première fois, siégé au Sénat des États-Unis en 1972, constamment réélu ensuite pour son État du Delaware, voisin de Washington, la capitale fédérale américaine.
Pas étonnant, dès lors, que cet archiprofessionnel de la politique ait annoncé, dans une vidéo enregistrée diffusée ce mardi 25 avril, qu’il briguera un second mandat présidentiel. Tout allait dans cette direction depuis des mois, à commencer par deux éléments clés: l’absence d’alternative au sein du Parti démocrate et la perspective d’un nouvel affrontement avec celui qu’il a battu dans les urnes le 3 novembre 2020: son prédécesseur Donald Trump.
C’est d’ailleurs autour de Trump que tout tourne aujourd’hui, ou presque, du côté de Washington, DC. L’ancien président (2016-2020) âgé de 76 ans – il est né le 14 juin 1946 – peut-il réussir l’impossible? A savoir remporter à nouveau l’investiture de son Parti républicain, puis revenir à la Maison-Blanche quatre ans après l’avoir quittée lors de cette journée funeste du 6 janvier 2021, qui vit une foule de ses partisans prendre d’assaut le Capitole.
Biden-Trump: dans la grande tradition des duels hollywoodiens, cet affrontement est programmé. Nul doute que Joe Biden, dont l’état de santé préoccupe tous les observateurs, a fait de sa victoire contre l’ex-promoteur et milliardaire new-yorkais l’objectif ultime de sa carrière politique. Battre Trump serait pour lui une satisfaction suprême. À moins que ce dernier ne puisse pas, au final, se représenter devant les 248 millions d’électeurs américains. Soit en raison de ses ennuis judiciaires, soit parce que l’un de ses rivaux au sein du Parti républicain (comme le gouverneur de Floride Ron de Santis) l’aura devancé in extremis.
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Battre Trump. Faire mordre la poussière électorale à ce charismatique et redoutable politicien sorti de New-York pour prendre d’assaut la Maison-Blanche après avoir battu Hillary Clinton, incarnation de l’establishment, en novembre 2016. Joe Biden sait que cela est possible. Il sait surtout que sa vice-présidente Kamala Harris, ex-procureure âgée de 58 ans, n’a pas la trempe pour défier l’homme à la casquette rouge, leader du mouvement «Make America Great Again» (MAGA).
Biden estime que l’actuelle conjoncture internationale, avec la guerre en Ukraine d’un côté, et la rivalité systémique avec la Chine de l’autre, profite à son administration qui a, jusque-là, réussit à incarner la puissance américaine en action.
Le président de la réindustrialisation
Face à Vladimir Poutine qu’il était venu rencontrer à Genève le 16 juin 2021, Biden est redevenu le patron incontestable de l’OTAN, cette Alliance atlantique qui est aussi la plus puissante coalition militaire mondiale. Face à Xi Jinping, il est le président de la réindustrialisation américaine, grâce aux subventions fédérales massives accordées aux entreprises dans le cadre du programme IRA (Inflation Reduction Act) promulgué en septembre 2022. 370 milliards de dollars investis pour soutenir le rapatriement de l’industrie aux États-Unis, et la transition climatique. Une manne sans précédent, et un interventionnisme revendiqué auprès des patrons des plus grandes entreprises mondiales.
Biden se comporte en boss des démocraties, qu’il convoque chaque année pour un sommet plus ou moins réussi (le second, le 29 mars 2023 fut un relatif échec). Il a depuis le début de son mandat visé un électorat décisif: celui des classes moyennes. L’un des tout premiers slogans sur sa plateforme de financement de campagne de 2020 n’était autre que «le plan Biden pour investir dans la compétitivité des classes moyennes».
Biden pense avoir pris l’avantage sur Donald Trump. Les partisans de l’ancien président l’accusent évidemment d’orchestrer, depuis la Maison-Blanche, l’assaut juridique actuellement mené contre l’ex-promoteur New-Yorkais, inculpé de 34 chefs d’accusation par un tribunal de Manhattan le 3 avril 2023. Le camp Trump voit la main de Biden et de son entourage dans le dossier le plus sensible pour leur patron: les poursuites entamées contre lui par la justice de l’État de Géorgie, pour avoir tenté en novembre 2020 d’influer sur les résultats électoraux en sa faveur.
Trump poursuit par ailleurs ses accusations contre la famille Biden, qu’il estime liée par des affaires peu reluisantes en Ukraine, où Hunter Biden (le second fils de Joe) a obtenu des contrats controversés. Le duel se profile déjà et il sera redoutable. Trump n’a pas d’autre solution que de faire vaciller un Joe Biden parfois physiquement chancelant. A Washington, une blague souvent entendue affirme que le sort politique de l’Amérique dépend de l’escalier d’Air Force One, l’avion présidentiel. Si Joe trébuche et tombe, Donald redeviendra le favori…
Dans un an et demi, les urnes...
Un an et demi sépare l’annonce de candidature de Joe Biden de la prochaine élection présidentielle. Au sein du Parti démocrate au pouvoir, l’affaire est pliée. La seule question posée, au sommet, est celle du futur rôle de Kamala Harris. Restera-t-elle ou non vice-présidente? Sera-t-elle de nouveaux aux côtés de Joe durant la campagne?
Le reste se joue dans le camp opposé: chez les Républicains, au sein desquels Joe Biden va tout faire pour attiser les divisions, dans le but de faire émerger un candidat moins charismatique que Trump. Encore que… Trump est caricatural. Sa participation incontestable dans l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, est un immense point faible. Biden croit savoir comment le terrasser. Le président octogénaire aurait peut-être, en revanche, plus de mal face au gouverneur républicain de Floride Ron de Santis, souvent cité comme possible alternative à Trump.
Biden-Trump. Trump-Biden. Les Américains sont prévenus. Le duel devrait avoir lieu. «Let us finish the job» («Laissez-nous finir le boulot») a demandé Joe Biden, dans son allocution. Le message est clair: il n’y aura, politiquement, qu’un seul survivant.