Fuites d'infos secrètes
«Profiteurs», «pathétique»: L’Europe réplique aux insultes américaines sur Signal

Le vice-président des Etats-Unis J.D. Vance et le ministre de la Défense Pete Hegseth ont violemment critiqué l’Europe dans une discussion confidentielle… devenue publique. Ce qui n'a pas manqué de faire réagir des élus européens.
Publié: 26.03.2025 à 09:17 heures
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Dernière mise à jour: 27.03.2025 à 07:39 heures
J.D Vance et Pete Hegseth (au centre) ont insulté l'Europe dans des messages privés sur Signal rendus publics.
Photo: Getty Images
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Solène MonneyJournaliste Blick

Depuis janvier, les responsables de l'administration Trump affichent un mépris de plus en plus assumé envers l'Europe. Et si leurs critiques publiques sont déjà cinglantes, leurs propos en privé révèlent un rejet encore plus frontal.

Dans une conversation confidentielle sur Signal – à laquelle un journaliste a été ajouté par erreur – 18 hauts responsables américains discutaient d'une attaque contre des militants houthis au Yémen. Les échanges, crus et sans détours, qualifient les Européens de «profiteurs» «pathétiques» de l’argent et de la puissance militaire des Etats-Unis, révèle «The Atlantic» lundi 24 mars.

Ces propos ont provoqué un mélange de colère et de consternation à Bruxelles. Si les dirigeants les plus haut placés ont réagi avec retenue, d’autres n’ont pas mâché leurs mots.

«Poutine au chômage»

La réplique la plus cinglante est venue de l’eurodéputée centriste Nathalie Loiseau: «Poutine est désormais au chômage: plus besoin d’espionner, les fuites viennent des Américains eux-mêmes», ironise-t-elle, avant d’enfoncer le clou: «Il n’y a plus d’adultes dans la pièce à Washington. Même mes ados sont plus responsables.»

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Au-delà du fond, c’est aussi la forme qui inquiète. Le «New York Times» souligne que discuter d’opérations militaires sensibles sur une application de messagerie grand public, même chiffrée, constitue une faille grave. Les experts redoutent que la Russie ou la Chine aient pu intercepter des échanges.

Un sentiment anti-européen?

Face à la polémique, certains responsables européens appellent à l’apaisement. La manière dont les Etats-Unis parlent de l’UE en ce moment «n’aide pas», admet la députée danoise Christel Schaldemose. Mais elle tente de recadrer le débat: «Pourrions-nous recommencer à nous parler en alliés, et non en ennemis?»

De plus en plus de voix dénoncent un changement de posture stratégique des Etats-Unis. L’ancien commandant français, le général Patrick Richoux, évoque une «véritable haine» des Européens. L’ex-Premier ministre suédois Carl Bildt va dans le même sens, pointant du doigt le vice-président J.D. Vance, dont les propos sur le «suicide civilisationnel» de l’Europe, tenus à la Conférence de Munich, ont choqué: il «apparaît une fois de plus comme animé par un profond ressentiment anti-européen».

Les USA, encore un allié?

Ce climat tendu s’inscrit dans une série de provocations. Donald Trump, fidèle à son style, a réitéré son souhait de racheter le Groenland au Danemark, menacé d’abandonner les Européens s’ils ne payaient pas davantage pour leur défense, et qualifié l’Union européenne de projet créé pour «se moquer des Etats-Unis». Il évoque même de nouveaux droits de douane massifs contre les pays européens.

L’alliance transatlantique est-elle en train de se fissurer? Ce qui semblait impensable il y a encore quelques années se profile désormais à l’horizon: un divorce stratégique. Face à un partenaire américain de plus en plus imprévisible, l’Europe cherche à préserver le dialogue, tout en prenant ses distances.

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