Le discours prononcé par le vice-président américain JD Vance à la Conférence de Munich «était un discours libéral, dans un sens très suisse lorsqu’il dit qu’il faut écouter la population», a déclaré Karin Keller-Sutter. Elle s'exprimait samedi dans «Le Temps». La réaction de la présidente de la Confédération est à contre-courant des réactions «outrées» de nombreux autres dirigeants européens, écrit pour sa part l'agence de presse française AFP.
J.D. Vance «a aussi affirmé un principe très libéral que je partage: il ne faut pas simplement partager les opinions des autres, mais il faut aussi se battre pour qu'ils puissent les exprimer», a poursuivi la ministre des finances à la tête de la Confédération depuis janvier.
Un plaidoyer pour la démocratie directe
Pour Karin Keller-Sutter, on devait s'attendre à ce que le vice-premier ministre américain JD Vance soit dur avec l'Europe. «Il a parlé de valeurs à défendre et que nous partageons comme la liberté et la possibilité pour la population de s’exprimer. C’était un plaidoyer pour la démocratie directe», dit-elle dans les colonnes du quotidien romand.
La présidente de la Confédération, qui a assisté à la Conférence de Munich, n'a pas rencontré les membres de la nouvelle administration républicaine. Elle a souligné que ce n'était pas à elle de «porter un jugement sur l'Union européenne ou les Etats-Unis».
Elle salue l'initiative des USA sur l'Ukraine
Concernant le conflit en Ukraine, Karin Keller-Sutter a salué «l'initiative des Etats-Unis de faire avancer le processus en vue d'un cessez-le-feu qui doit conduire à la paix». La Suisse souhaite que celle-ci soit «juste et durable», a-t-elle insisté.
«J'ai eu un entretien avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky en janvier et je lui ai répété que nous sommes à disposition pour soutenir un processus de discussions exploratoires», a rappelé la St-Galloise. «S'il y a des entretiens entre les Etats-Unis et la Russie, il faut bien sûr que l'Ukraine soit impliquée mais aussi l'Europe et le 'Sud global' pour obtenir un résultat», a-t-elle estimé.
A disposition pour une 2e conférence
Interrogée sur l'éventualité de pourparlers sur ce dossier en Suisse, la présidente a répondu: «J'ai dit à Zelensky et au président du Conseil européen, Antonio Costa, que nous sommes à disposition pour tenir une deuxième conférence, après celle de juin 2024 qui s'est tenue sans la Russie. Mais elle doit être bien préparée.»
«La priorité est de stopper la guerre. La méthode de Donald Trump est de faire une annonce, ensuite cela évolue. Je ne sais pas si le projet de départ est très concret, sans doute évolue-t-il, a déclaré Karin Keller-Sutter. Les annonces sont une façon d'entamer des négociations. Il ne faut pas paniquer après chaque annonce».
Les Vert-e-s inquiets
La réaction de Mme Keller-Sutter a choqué les Vert-e-s, qui estiment le discours de J.D. Vance «anti-européen et anti-état de droit». «Le soutien exprimé par la présidente de la Confédération n’est pas conforme aux valeurs et principes de la Suisse. Et il nous isole de notre principal partenaire: l’Union européenne», ont écrit les écologistes dans un communiqué.