Mardi, des sénateurs démocrates ont passé sur le gril les principaux dirigeants du renseignement américain à la suite des révélations troublantes selon lesquelles un journaliste avait été intégré à un groupe de discussion sur les projets militaires des hauts responsables de l'administration de Donald Trump.
«Directrice Gabbard, vous êtes la responsable sécuritaire qui met en place les consignes d'accès aux informations classifiées. Avez-vous contacté le ministre de la Défense ou d'autres après le partage de ces plans militaires spécifiques pour dire: 'Nous devrions le faire (dans un dispositif sécurisé)'?», a demandé le sénateur Mark Warner à la directrice nationale du renseignement, Tulsi Gabbard. «Il n'y avait pas d'informations classifiées partagées», a-t-elle affirmé lors de cette audition devant la commission du Sénat sur le renseignement, refusant cependant d'«entrer dans les détails» ou de confirmer sa présence même dans cette boucle de discussion.
«Un foirage monumental»
Mark Warner a critiqué en retour le manque de transparence selon lui de la responsable, et l'a exhortée à partager le contenu des discussions, si effectivement aucune information classifiée n'avait été divulguée. Le rédacteur en chef du prestigieux magazine «The Atlantic» a publié lundi un long article, dans lequel il détaille les échanges entre hauts officiels américains sur un plan d'attaque militaire contre les Houthis du Yémen, dans un groupe de la messagerie Signal auquel il a été ajouté par erreur.
Une faille de sécurité spectaculaire pour les Etats-Unis, largement décriée dans les rangs démocrates. La Maison Blanche a confirmé l'authenticité de la chaîne de messages, mais a affirmé également qu'aucune information classifiée n'avait été dévoilée. Le directeur de la CIA, la principale agence de renseignement extérieur des Etats-Unis, a confirmé de son côté sa présence dans cette boucle, mais a défendu un usage «autorisé et légal» selon lui de l'application Signal.
Le démocrate Mark Warner a critiqué un manque de prudence des personnes présentes dans la boucle et affirmé que si un officier militaire ou du renseignement «avait ce genre de comportement, il serait limogé». «C'est un exemple de plus de l'attitude négligente, imprudente, incompétente, particulièrement en ce qui concerne les informations classifiées» de l'administration Trump, a estimé l'élu. «Le manque de volonté des individus de ce panel qui étaient dans la discussion de même s'excuser ou de reconnaître à quel point c'est un foirage monumental, en dit beaucoup», a-t-il conclu.
Mike Waltz appelé à démissionner
Le sénateur démocrate Ron Wyden a lui appelé à la démission du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Mike Waltz, et du ministre de la Défense, Pete Hegseth. Le premier aurait été à l'origine de l'ajout accidentel du journaliste, tandis que le second aurait partagé en amont des plans de frappes sur les Houthis. Pour le sénateur Angus King, «il est dur à croire que les cibles et le calendrier (des frappes) et les armes n'aient pas été classifiées».
Son collègue Jack Reed a demandé à Tulsi Gabbard et John Ratcliffe si ces informations avaient été déclassifiées par l'administration Trump, et si oui, si elles l'avaient été a posteriori de leur partage sur la boucle de discussion. «Je m'en remets pour ces questions au ministre de la Défense», a répondu Tulsi Gabbard.