«Un pépin sans gravité»
Trump minimise la fuite d'infos top secrètes, son conseiller assume

Donald Trump minimise la fuite de plans militaires secrets, la qualifiant de «pépin». Le président américain affirme qu'aucune information classifiée n'a été divulguée, malgré les accusations d'incompétence de l'opposition démocrate.
Publié: 25.03.2025 à 03:43 heures
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Dernière mise à jour: 26.03.2025 à 03:43 heures
Donald Trump minimise la fuite de plans militaires sur la messagerie Signal.
Photo: IMAGO/UPI Photo
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AFP Agence France-Presse

Donald Trump a minimisé mardi la spectaculaire affaires de plans militaires secrets divulgués par erreur à un journaliste, la qualifiant de «pépin» face aux accusations d'incompétence crasse et de mise en péril de la sécurité nationale émanant de l'opposition démocrate.

Le président américain, entré en fonction en janvier, a estimé lors d'un appel téléphonique avec la chaîne NBC que l'ajout du journaliste à un groupe de discussion confidentiel était «le seul pépin en deux mois, et au final sans gravité».

«Aucun plan de guerre»

Il a ajouté que Mike Waltz, le conseiller à la sécurité nationale dont le compte Signal est à l'origine de la fuite, avait «appris une leçon». «Aucun 'plan de guerre' n'a été discuté» et «aucune information classifiée n'a été envoyée sur la discussion», a affirmé sur X la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.

«Il fait de son mieux» et «c'est un homme très bien», a par ailleurs dit le président, jugeant, pendant un échange avec la presse à la Maison Blanche, que ce dernier n'avait pas à s'excuser. Le républicain de 78 ans a seulement concédé que son conseiller allait «probablement» s'abstenir «dans l'immédiat» d'utiliser à nouveau la messagerie privée Signal, au coeur de cette affaire.

Waltz assume son «entière responsabilité»

Interviewé dans la soirée sur la chaîne conservatrice Fox News, l'intéressé a dit assumer son «entière responsabilité» après cette «erreur». «On a les meilleures équipes techniques qui essaient de comprendre comment cela a pu se produire», a-t-il ajouté, suggérant qu'il avait pu avoir le numéro du journaliste enregistré sur son téléphone en pensant que c'était celui de quelqu'un d'autre.

«Je ne connais pas ce type, je le connais que de réputation, et elle est horrible (...) mais je ne lui écris pas», a-t-il insisté. Le service de presse de la Maison Blanche a publié pour sa part un communiqué dénonçant «une tentative coordonnée de détourner l'attention du succès» des récentes frappes américaines contre les Houthis du Yémen.

La cheffe du renseignement se défend

Le rédacteur en chef du prestigieux magazine The Atlantic, Jeffrey Goldberg, a publié lundi un long article, dans lequel il détaille les échanges entre hauts officiels américains sur un plan d'attaque militaire contre les Houthis du Yémen, dans un groupe de la messagerie Signal auquel il a été ajouté par erreur, par l'utilisateur du compte de Mike Waltz.

Parmi les participants au groupe de discussion: la directrice du renseignement américain, Tulsi Gabbard, et le patron de la CIA, John Ratcliffe, qui ont été entendus par une commission du Sénat mardi, une audition qui avait été programmée avant les révélations du mensuel. 

«Il n'y avait pas d'informations classifiées partagées» a notamment affirmé Tulsi Gabbard, assaillie de questions par les élus démocrates pendant une audition, prévue de longue date, au Sénat. Elle a toutefois refusé de confirmer qu'elle était bien l'une des participantes de très haut niveau du groupe de discussion sur Signal auquel Jeffrey Goldberg a été ajouté par erreur.

Un projet détaillé divulgué

L'exécutif américain a donc choisi une posture de défiance, alors que l'opposition démocrate réclame une enquête et des sanctions individuelles. Mike Waltz a «appris une leçon et c'est un gars bien», a déclaré Donald Trump, toujours cité par NBC, en rejetant la responsabilité sur «l'un des employés» de son conseiller.

Jeffrey Goldberg raconte les messages reçus, jour par jour, allant de la mise en place du plan aux frappes menées le 15 mars contre les rebelles yéménites, en passant par les réticences du vice-président, J.D. Vance.

Il assure avoir vu un projet d'attaque détaillé, avec des informations sur les cibles et le déroulé de l'opération, qu'il n'a pas reproduit, au nom du souci de la sécurité nationale. Une faille spectaculaire pour la première puissance mondiale, qui a confirmé l'authenticité de la chaîne de messages.

Des hauts fonctionnaires dans le groupe

Dans le groupe se trouvaient notamment le chef de la diplomatie, Marco Rubio, ou encore le ministre de la Défense, Pete Hegseth. «Vous parlez d'un soi-disant journaliste sournois et très discrédité qui a fait profession de colporter des canulars à maintes reprises», a déclaré lundi ce dernier à des journalistes.

«Personne n'a envoyé de plans de guerre et c'est tout ce que j'ai à dire à ce sujet», a ajouté Pete Hegseth. La nomination de ce présentateur de la chaîne Fox News à la tête du Pentagone avait été validée de justesse au Sénat, en raison de son manque d'expérience, et d'une histoire personnelle marquée par une accusation d'agression sexuelle et par des témoignages sur sa consommation d'alcool.

Le fondateur de Signal en rigole

«La Maison Banche cherche à comprendre comme le numéro de (Jeffrey) Goldberg a été ajouté par inadvertance au fil de discussion», a ajouté Karoline Leavitt. Elle a par ailleurs attaqué le journaliste, selon elle «bien connu pour ses penchants sensationnalistes.» The Atlantic est une publication souvent très critique de Donald Trump.

Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a fustigé lundi «l'une des plus stupéfiantes (failles de sécurité) depuis très, très longtemps», tandis que d'autres ténors de l'opposition ont attaqué l'incompétence selon eux des lieutenants de Donald Trump, choisis pour leur loyauté avant tout.

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Le fondateur de Signal, messagerie prisée des journalistes pour la confidentialité qu'elle promet, ne s'est lui pas privé de vanter son produit sur X, où les blagues foisonnent d'ailleurs autour de cette affaire. «Il y a beaucoup de bonnes raisons d'être sur Signal. L'une d'elles est désormais la possibilité pour le vice-président des Etats-Unis de vous inclure au hasard dans une discussion de groupe sur la coordination d'opérations militaires sensibles», a blagué Moxie Marlinspike.

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