Sa patronne est inéligible
Jordan Bardella, remplaçant de Marine Le Pen? Pas si simple

Le dauphin désigné de Marine Le Pen se retrouve dans une situation compliquée après la condamnation sévère de celle-ci en première instance pour «détournement de fonds publics». Jordan Bardella candidat à la présidentielle? Pas si simple.
Publié: 01.04.2025 à 10:47 heures
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Dernière mise à jour: 01.04.2025 à 23:45 heures
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Jordan Bardella et Marine Le Pen: leurs deux destins politiques sont étroitement liés.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Jordan Bardella, 29 ans, est encore loin, très loin, du Palais présidentiel de l’Elysée. C’est en tout cas la leçon du séisme judiciaire qui vient de frapper le Rassemblement national (RN), ce parti national populiste qu’il préside et dont il dirige le groupe de députés au Parlement européen.

Sur le papier, et dans la vie politique de tous les jours en France, le numéro un officiel du RN est l’héritier désigné de Marine Le Pen, désormais frappée d’une condamnation en première instance pour «détournement de fonds publics» à quatre ans de prison (dont deux fermes), 100'000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité avec exécution immédiate de cette peine. Jordan Bardella a donc tout du «dauphin» désigné pour se présenter à l’élection présidentielle de mai 2027, si la cheffe de son parti ne peut pas déposer sa candidature. Sauf que rien n’est simple. Et que d’autres sont sur la ligne de départ… 

Fidélité obligée

Le premier écueil pour l’intéressé est son propre parcours et sa fidélité obligée. Enfant chéri du RN, repéré à moins de 20 ans par Marine Le Pen parmi les jeunes militants de l’ex-Front national en banlieue parisienne (il a grandi à Saint-Denis, au nord de Paris, dans une famille d’origine italienne), Jordan Bardella doit tout à cette dernière. 

Il lui a d’ailleurs redit sa «totale loyauté» sur Europe 1 ce mardi 1er avril. Difficile, dès lors, de l’imaginer prendre une initiative défavorable à celle qu’il désigne toujours comme «Marine». Or la cheffe du groupe de députés RN à l’Assemblée nationale, même condamnée, campe sur sa position et a fait aussitôt appel de sa condamnation. Pour pouvoir se présenter in extremis en 2027.

Carrure politique

Deuxième écueil: sa carrure politique. Jordan Bardella est, à moins de trente ans, un prodige politique. Mais il n’a jamais exercé d’autre fonction que celle d’élu. Et le fait d’être désigné par Marine Le Pen comme possible Premier ministre si elle était élue présidente ne lui facilite pas la tâche. Bardella, en somme, est le parfait second. 

Comment peut-il briser ce plafond de verre, même s’il figure parmi les personnalités politiques préférées des Français? Son récent voyage en Israël lui a permis de se positionner comme un combattant contre l’antisémitisme. Il a redit sa lutte contre l’islamisme. Il défend aussi un programme économique libéral. Reste la question de la compétence, loin d’être résolue.

Concurrence au RN

Troisième obstacle pour celui que tous les militants désignent comme «Jordan»? La concurrence au sein de son parti et à l’extérieur de celui-ci. On pense à la nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal, également députée européenne, et revenue dans le giron du RN après un détour chez Eric Zemmour. Mais gare aussi aux effets secondaires si la cheffe du parti ne peut pas se présenter en 2027.

Les cartes seront-elles redistribuées à droite, ouvrant la voie à un candidat qui ratisserait plus large comme l’actuel ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau ou son collègue de la Justice Gérald Darmanin?

Totale loyauté

Jordan Bardella aux portes de l’Élysée? L’intéressé prétend ne pas y penser, réitérant sa totale loyauté envers celle à laquelle «il doit tout». Il avait, dans le passé, fait un écart en évoquant la nécessité pour un candidat à la présidentielle d’avoir un casier judiciaire vierge. Mais en politique, ce type de promesses ont-elles une valeur? 

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