Ne dites pas aux Français que la crise budgétaire actuelle est une bonne nouvelle pour leur pays, ils ne le croiraient pas. Or c’est pourtant le cas. Car comment, sinon, faire comprendre à ce pays de 68 millions d’habitants qu’il lui faut cesser de vivre au-dessus de ses moyens? Et que son endettement public record à près de 3300 milliards d’euros, soit 113% de son Produit Intérieur Brut (PIB) annuel, est en train de le mener dans le mur?
Pas la peine, d’ailleurs, de dire aux Français que Michel Barnier, l’actuel Premier ministre, a raison sur bien des points lorsqu’il évoque le risque d’une très grave crise financière si rien n’est fait pour stopper l’hémorragie des dépenses publiques. La plupart le savent pertinemment. La France de 2024 est ainsi faite que personne, au fond, n’est vraiment dupe du manège parlementaire qui se joue à l’Assemblée nationale.
Tout le monde a compris, ou presque, que le projet de loi de finances pour 2025 et ses soixante milliards d’euros d’économie prévus (avant les amendements déposés par les députés et les sénateurs) est otage d’un seul homme: Emmanuel Macron. Ce n’est pas le budget que le Rassemblement national et la gauche unie vont peut-être censurer mercredi 4 décembre, précipitant la chute du gouvernement Barnier. Ce qu’ils veulent, c’est la peau de ce président réélu en avril 2022. Macron-démission: tel est le slogan qui se cache entre les lignes budgétaires.
Présidentialisme français
Faut-il regretter qu’une fois de plus, le présidentialisme français ramène tout à la survie politique, ou non, du locataire de l’Élysée? Oui, en termes de mœurs politiques et démocratiques. Mais sur le plan des chiffres et de l’économie, ce n’est pas si certain. Que fera en effet la France si le budget 2025 se retrouve dans l’impasse?
Une disposition constitutionnelle méconnue s’appliquera, et l’on repartira sur la base du budget 2024. Le futur gouvernement, s’il n’émane ni de la gauche, ni du RN, sera tétanisé. Il ne prendra plus de décision. Le pays ne sera pas en faillite, mais l’exécutif cessera de signer des chèques à tout va. Les économies budgétaires ne seront pas revendiquées, mais elles auront lieu.
Barnier le Savoyard
Michel Barnier, le Savoyard Premier ministre, a peut-être finalement rendu le meilleur service à ce pays. Il démontre, par sa chute annoncée (on verra mercredi l’issue du débat sur les motions de censure), que la France vit dans une réalité virtuelle. Ainsi donc, l’on pourrait encore dépenser davantage. Ainsi donc, l’État pourrait embaucher encore des milliers de fonctionnaires. Ainsi donc, les services publics renaîtront de leurs cendres par une nouvelle injection de cash. Vous y croyez-vous? Moi pas. Ce qu’il faut, c’est une fois pour toutes couper le robinet. Il ne s’agit pas de mettre l’État en faillite. Il s’agit de se rendre à l’évidence: dépenser plus, en France, n’est pas le moyen de remettre le pays debout.
Alors, quoi faire? C’est Emmanuel Macron qui a la réponse. L’aggravation de la dette et la fulgurante poussée des dépenses publiques constituent son héritage. Ce président si combatif sur le plan de l’attractivité économique – avec des résultats significatifs – s’est avéré un piètre gestionnaire, et un très mauvais pédagogue en matière de réforme de l’État. Macron doit, sitôt Notre-Dame inaugurée ce week-end, dire à ses concitoyens une chose simple, très simple. La France a les poches vides. Ses partenaires européens ont besoin d’être rassurés. Une pause dans les dépenses s’impose. La France frugale, c’est maintenant!