Pari gagné. Notre-Dame est de nouveau prête à accueillir fidèles et visiteurs. La première messe prononcée dans la cathédrale de Paris aura lieu le dimanche 8 décembre. Mais en visitant le site ce vendredi 29 novembre, Emmanuel Macron a clôturé le chantier, malgré la présence d’échafaudages et de grues toujours visible à l’arrière de l’édifice. Un pari gagné grâce à une mobilisation mondiale inédite de donateurs. Mais surtout grâce à un effort collectif sans précédent. Comment cela a-t-il été possible dans un pays d’ordinaire habitué aux polémiques et aux divisions? Voici les 5 secrets de ce chantier réussi.
Secret N° 1: Un chantier quasi-militaire
Emmanuel Macron lui a rendu hommage ce vendredi dans son discours de remerciements aux quelque 2000 employés, de tous les métiers, qui ont participé à la restauration de Notre-Dame. C’est à un Général, Jean-Louis Georgelin, ancien chef d’État-Major particulier du président Jacques Chirac, que le chef de l’État avait décidé de confier ce chantier hors normes.
Du mois de mai 2019 à son décès accidentel, en août 2023 dans les Pyrénées, cet officier supérieur a coordonné l’ensemble des corps de métier mobilisés. Discipline, souci du collectif, impératif de calendrier, puisque l’objectif était d’en finir en 2024: la réussite a été au rendez-vous. Avec, toutefois, quelques mois de retard. L’inauguration de la nouvelle Notre-Dame pour les Jeux Olympiques, cet été, n’a pas été possible.
Secret N° 2: Des métiers réhabilités
Quelle fierté de voir, à travers les photographies du chantier et les nombreux documentaires qui lui ont été consacrés, la joie des «Compagnons du devoir». En France, ces ouvriers d’élite, tailleurs de pierre, charpentier ou couvreurs, sont souvent ignorés. Or le chantier de Notre-Dame les a remis au premier plan. Et avec éclat.
Point d’orgue peu connu: l’incendie du 15 et 16 avril 2019, en provoquant l’éboulement de nombreuses pierres, a permis de retrouver sur celles-ci les signatures des tailleurs et sculpteurs du Moyen Âge. Notre-Dame aura été un chantier école pour l’élite française des métiers manuels.
Secret N° 3: La lumière est de retour
Les images de la visite d’Emmanuel Macron et de son épouse sur le site, en compagnie de l’Archevêque de Paris et de la ministre de la culture Rachida Dati, ont permis de s’en rendre compte: Notre-Dame est désormais une cathédrale de lumière!
Finie, cette grisaille à l’intérieur de la cathédrale, résultats de décennies de poussières et de vapeurs d’essence accumulées, au cœur de Paris. Les pierres ont retrouvé leur éclat d’origine. Tous les vitraux – ils n’avaient pas été touchés lors de l’incendie – ont été déposés et restaurés. Un bonheur pour les photographes.
Secret N° 4: Une fierté nationale
La France n’est jamais à court de polémiques et de controverses. Le pays est, en ce moment, le dos au mur sur le plan politique avec l’impossibilité de faire voter le projet de budget pour 2025. Les fractures religieuses sont aussi au premier plan, illustrées par le procès en cours des complices présumés dans l’assassinat de Samuel Paty. Or à Notre-Dame, rien de cela. Les ouvriers mobilisés étaient de toutes les confessions. C’est la nation qui a été au rendez-vous.
Emmanuel Macron avait été critiqué pour sa décision d’imposer un calendrier de 5 ans aux équipes chargées de restaurer l’édifice. Avantage: tout le monde s’est retrouvé mobilisé. L’occasion, aussi, de souligner la capacité de «faire France» lorsqu’il s’agit de défendre la réhabilitation du patrimoine. Ce que l'animateur de télévision Stéphane Bern a bien compris avec sa loterie au service de la «Mission patrimoine».
Secret N° 5: Un chantier international
Près de 60 millions d’euros, sur les 850 récoltés à travers le monde – il en reste 140 – pour financer la restauration de Notre-Dame de Paris, proviennent des seuls États-Unis. Ce chantier aura bénéficié d’un mécénat mondialisé sans précédent. Autre caractéristique: les apports de savoir faire étrangers.
La Suisse est concernée, puisque 30 poutres de chêne de la nouvelle charpente (remontée selon les techniques anciennes) ont été fournies par la scierie Corbat, dans le Jura. L’entreprise a choisi de travailler gracieusement. Ces poutres ont été affectées en priorité à la reconstruction de la nef et de la flèche.