Contre la «décroissance agricole»
Des centaines de tracteurs au cœur de Paris pour défendre les pesticides

«On nous dit 'démerdez-vous'»: juchés sur leurs tracteurs, plus d'un millier d'agriculteurs ont défilé mercredi à Paris contre la «décroissance agricole» induite selon eux par l'interdiction de pesticides qu'ils jugent indispensables à leur activité.
Publié: 08.02.2023 à 20:08 heures
Les tracteurs ont couvert les 500 mètres de voie séparant l'hôtel des Invalides du pont Alexandre III, avant de quitter la capitale dans l'après-midi.
Photo: Christophe Ena

Plus de 500 engins (620 selon le décompte du syndicat agricole majoritaire FNSEA, à l'origine de la mobilisation), dont une arracheuse à betteraves sucrières, monstre de métal jaune, ont quitté leurs fermes franciliennes avant l'aube pour rallier dans la matinée le centre de Paris.

Les tracteurs ont couvert ensemble les 500 mètres séparant l'hôtel des Invalides du pont Alexandre III, avant de quitter la capitale dans l'après-midi.

Sur l'esplanade des Invalides, les manifestants ont placé une puissante sono, un conteneur converti en tribune de fortune agrémentée de bottes de paille et de cageots de pommes. Ainsi que deux vaches, qui ont goûté la pelouse.

«La décroissance agricole n'a pas sa place en Europe»

«Qui peut penser qu'on peut faire une agriculture sans aucune chimie?», a lancé depuis la tribune la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert. Pour elle, la société s'est «bercée d'illusions» en voulant croire qu'il était possible de nourrir la planète en s'affranchissant des pesticides de synthèse. «La décroissance agricole n'a pas sa place en Europe», a aussi martelé la présidente du syndicat agricole majoritaire.

Déclencheur de la mobilisation: la décision du gouvernement, le 23 janvier, de renoncer à délivrer une dérogation permettant de recourir aux insecticides néonicotinoïdes pour la culture de la betterave sucrière, conformément à une décision de la Cour de justice de l'Union européenne (UE) saluée par les ONG environnementales.

Indemnisation promise

Sans ces molécules, qui sont toxiques pour les abeilles, les betteraviers craignent des chutes de rendements à cause de la jaunisse transmise par des pucerons. Ils gagent que les industriels devront se fournir à l'étranger pour fabriquer du sucre, de l'alcool ou du bioéthanol, avec des betteraves cultivées sans les «contraintes» françaises et européennes.

Les responsables syndicaux ont été reçus dans la matinée par le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, qui les a invités à revenir dès jeudi et a promis une «indemnisation totale» en cas de pertes liées la jaunisse, a rapporté à la tribune Franck Sander, qui préside la section de la FNSEA spécialisée dans les betteraves (CGB). L'annonce a récolté de maigres applaudissements.

(ATS)

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