Grâce à des mesures prises ces dernières décennies, notamment dans l'épuration des eaux usées, seule une part limitée des polluants du milieu bâti finit aujourd'hui dans les lacs et les cours d'eau helvétiques, souligne mardi l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) en dévoilant sa première étude nationale sur l'état des eaux.
Les concentrations de phosphore dans les lacs ont diminué depuis les années 1980. De nos jours, il est possible de se baigner «sans risque pratiquement partout», relève la Confédération.
L'étude, une synthèse de programmes d'observation nationaux, d'analyses cantonales et d'études scientifiques, relève aussi les progrès réalisés dans la revitalisation des cours d'eau et des lacs.
Ces mesures visent à accorder plus d'espace aux cours d'eau et à supprimer certains aménagements. Elles prévoient aussi de réduire les variations des débits des ouvrages hydroélectriques ou encore la mise en place d'ouvrages de franchissement pour les poissons.
Exigences minimales non respectées
Reste que malgré les améliorations au niveau local, la qualité de l'eau ne répond pas en de nombreux endroits aux exigences minimales imposées par la loi. Les pesticides issus de l'agriculture et les médicaments présents dans les eaux usées urbaines polluent de nombreux petits et moyens cours d'eau. Les eaux souterraines sont elles polluées par le nitrate et les métabolites de pesticides, pointe le rapport.
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Les concentrations de phosphore et d'azote sont encore trop importantes. Cela réduit la quantité d'oxygène dans les lacs et cours d'eau, une évolution fatale pour de nombreux poissons et plantes. L'OFEV rappelle que le Parlement a chargé la Confédération de veiller à ce que les stations d'épuration éliminent davantage d'azote et de micropolluants des eaux usées.
La température augmente
Le réchauffement climatique constitue une autre source de préoccupation. Le rapport relève qu'à Bâle, la température de l'eau du Rhin a augmenté de 2 degrés depuis les années 60. Conséquence, les animaux et les végétaux qui préfèrent le froid, comme les truites de rivières, se font plus rares. Dans le même temps, les espèces moins exigeantes, souvent exotiques, comme les moules envahissantes quagga, ont commencé à envahir le fond de certains plans d'eau.
Les dégâts à la diversité sont déjà manifestes: plus de 50% de toutes les espèces vivant dans les milieux aquatiques et riverains sont menacées ou déjà éteintes.
Les changements climatiques vont modifier la disponibilité de l'eau, ce qui doit amener à une adaptation de la façon d'utiliser cette ressource, avertit l'OFEV. Il note qu'en mai dernier, le Conseil fédéral a décidé la création d'un système de détection et d'alerte précoce en matière de sécheresse. Avec l'objectif de prendre des mesures suffisamment tôt et d'éviter des conséquences graves pour l'environnement et l'économie.
Pour l'OFEV, les mesures doivent en particulier viser à ce que le réseau hydrographique soit dans un état le plus naturel possible. De telles eaux, qui se régénèrent elles-mêmes, sont «plus résilientes face aux changements climatiques». Elles pourront alors «continuer à remplir leurs fonctions de réserve d'eau potable, de milieu naturel diversifié pour la flore et la faune et de zone de détente».
(ATS)