«La phase intense de sauvetage est en grande partie terminée. Actuellement, notre travail consiste principalement à récupérer des corps», a déclaré à l'AFP, Travis Trower, qui dirige des équipes de secours. Originaire de la région, il a avoué être témoin de «la pire catastrophe en 20 ans» dans la province du Kwazulu-Natal (KZN, est).
La plupart des victimes ont été enregistrées dans la région de Durban, grand port africain ouvert sur l'océan Indien et épicentre des fortes pluies qui ont commencé le week-end dernier. L'état de catastrophe a été déclaré.
Jamais vu depuis 60 ans
«Un nombre total de 40'723 personnes ont été touchées. Malheureusement, 341 décès ont été enregistrés», a déclaré jeudi le ministre de la province, Sihle Zikalala, lors d'une conférence de presse. Il a évoqué une «dévastation de vies humaines et des infrastructures sans précédent».
Des hommes et des femmes ont péri noyés, des enfants et des bébés sont morts ensevelis dans des glissements de terrain. Plus de 100 corps ont été déposés la nuit dernière à la morgue de Phoenix, dans la banlieue de la ville.
«C'est trop», a déclaré un des employés qui a souhaité gardé l'anonymat. Il a décrit des files de familles venant apporter leurs morts. Les enterrements ont été interdits jusqu'à ce que le sol gorgé d'eau se stabilise.
Les pluies, qui ont atteint des niveaux jamais connus depuis plus de 60 ans, ont emporté des ponts, des routes et isolé une grande partie de la région. Plus de 250 écoles ont été touchées, des milliers de maisons détruites. Les autorités s'attendent à des centaines de millions d'euros de dommages.
La région a déjà connu des destructions massives en juillet lors d'une vague inédites d'émeutes et de pillages. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit sur Twitter «profondément attristé par les pertes de vies humaines».
Une eau contaminée?
Des milliers de personnes se sont retrouvées sans toit, une vingtaine d'hébergements d'urgence ont été ouverts. Certains dorment sur des chaises ou sur des bouts de carton à même le sol. Dans l'attente d'être secourus, des survivants se sont sentis livrés à eux-mêmes. «Il n'y a personne ici qui puisse nous aider», a lâché Thobele Sikhephen, 35 ans, devant sa maison en tôle pleine de boue dans un township.
Des manifestations sporadiques ont éclaté pour réclamer de l'aide. La ville de Durban a appelé «à la patience», les opérations de secours étant ralenties «en raison de l'étendue des dégâts sur les routes».
Déblayés avec des pelleteuses, certains axes ont été rouverts mais la plupart des routes sont encore inaccessibles, jonchées de débris ou noyées dans une eau brunâtre. Les autorités ont demandé aux populations d'éviter autant que possible tout contact avec cette eau potentiellement «contaminée».
Dans certaines zones, l'eau et l'électricité sont coupées depuis lundi. Dans le township d'Amaoti, dans le nord de Durban, où la plupart des habitations sont faites de plaques de tôle ondulée ou de planches de bois, des grappes humaines ont rempli des seaux d'eau potable puisée à même des canalisations mises à nu après l'effondrement d'une gigantesque portion de route. «Des gens viennent de partout s'approvisionner en eau», a déclaré à l'AFP Thabani Mgoni, 38 ans, au milieu de la foule.
Appel aux dons
Les autorités locales ont lancé un appel aux dons de produits alimentaires non périssables, de bouteilles d'eau et de tout ce qui pourrait tenir chaud. Des pillages ont été signalés.
Les prévisions annoncent des orages et des risques d'inondations localisées pour le week-end de Pâques. Ces nouvelles intempéries devraient aussi affecter les provinces voisines du Free state (centre) et de l'Eastern Cape (sud-est).
Certains pays d'Afrique australe sont régulièrement en proie à des tempêtes meurtrières pendant la saison cyclonique de novembre à avril. Mais l'Afrique du Sud est généralement épargnée par ces événements climatiques extrêmes.
(AFP)