L'approvisionnement en eau potable de Saint-Nicolas (VS) est menacé. «Il n'a pratiquement pas plu depuis novembre et il y a peu de neige. La fonte des neiges sera moins importante que les autres années», affirme Paul Biffiger, maire de la commune.
Le niveau de la nappe phréatique a baissé de près de deux mètres, et ne se rétablit pas. Actuellement, c'est tout juste suffisant pour couvrir la consommation en or bleu du village.
Il pleut davantage à Bagdad qu'à Saint-Nicolas
Selon Météo Suisse, seulement 0,4 mm de précipitations ont été mesurés dans la région en mars. Sur la période de novembre à mars, le total était de 110 mm. Cela ressemble à un climat désertique. À titre de comparaison, il a plu en moyenne 121 mm à Bagdad, dans la capitale irakienne, durant la même période.
«Nous avons lancé un appel à économiser l'eau sur notre site Internet», explique Paul Biffiger. Les agriculteurs et les personnes possédant de grands jardins ont fait l'objet d'études ciblées. Des indices montrent de fait que certains gaspillent l'eau inutilement: «Pour éviter que les canalisations ne gèlent, ils laissent parfois les robinets ouverts toute l'année». Il est nécéssaire de s'attaquer à ce problème en profondeur. Par exemple en rendant les compteurs d'eau obligatoires. Mais à court terme, la commune mise sur d'autres mesures: elle a par exemple interdit à la population d'arroser les jardins.
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Le résident Robert Fux est à la besogne dans son jardin lorsque Blick le rejoint. Il n'est pas encore au courant de la nouvelle mesure au moment où nous arrivons, mais cela lui est égal: «je continuerai à arroser mon jardin, même si je devais payer une amende pour cela», scande-t-il.
Et d'accuser: «C'est l'usine qui consomme notre eau potable.» Le villageois fait ainsi allusion à Scintilla AG, qui appartient au groupe allemand Bosch et qui fabrique des lames de scie dans le village de montagne, moyennant quelques 700 employés.
Les villageois se rebellent
Plusieurs collaborateurs de cette entreprise sont assis dans un bistrot du village. Eux non plus ne se doutaient pas, jusqu'à présent, de la pénurie d'eau qui menace. Face à cela, le mécanicien Kevin Sestito, lui non plus, ne veut pas se laisser dicter sa conduite par les autorités. «Je ne vais pas économiser de l'eau. Nous sommes ici dans les montagnes, il y a de l'eau partout.»
Et l'employée d'exploitation de Scintilla Caroline Brigger, ainsi que l'électricien Lorenz Gerhard, de lui emboiter le pas. «En sortant de Scintilla, nous sommes sales. Il nous faut bien prendre une douche tous les jours.»
L'usine économiserait déjà de l'eau
Tous trois affirment de concert: «La Scintilla consomme déjà beaucoup d'eau, elle devrait être la première à l'économiser.»
L'entreprise le fait déjà depuis longtemps, selon la réponse reçue par Blick. Début mars, elle a été informée du manque d'eau qui pèse sur la municipalité, et a immédiatement réduit l'utilisation qu'en font les machines. «Cela nous a permis d'économiser environ 10% d'eau au cours des trois dernières semaines. D'autres mesures sont à l'étude», explique Sonja Bloechlinger, porte-parole de l'entreprise.
Le fait qu'il devrait enfin pleuvoir – ou neiger – à partir de cette semaine réjouira les Valaisans. Le maire est un peu sceptique quant à une amélioration prompte. Mais il reste optimiste, et mise sur la solidarité: «Nous nous serrons les coudes, et nous y arriverons.»
(Adaptation par Daniella Gorbunova)