Alors qu’Elon Musk fait la une des journaux depuis des mois à cause de sa gestion de Twitter, c’est au tour de son entreprise de voitures électriques Tesla de se retrouver sous le feu des projecteurs. Et pour cause: une énorme fuite de données a eu lieu chez Tesla.
Le journal allemand «Handelsblatt» a rapporté que 100 gigaoctets de données confidentielles lui avaient été transmis. Ces informations proviendraient du système informatique de Tesla. Le journal a nommé cette fuite de données «Tesla Files», car les informations divulguées contiennent de nombreuses informations très sensibles. Selon le rapport, ce sont de données personnelles concernant plusieurs centaines de milliers d’employés de Tesla, comme leurs adresses privées et leurs salaires.
Des voitures qui freinent sans raison
Mais la fuite a aussi révélé des données sur les clients et des informations sur les partenaires commerciaux de Tesla. En outre, des données sur des projets tels que la voiture autopilotée, le développement de nouvelles cellules de batterie ou le projet de pick-up électrique Cybertruck ont été révélées au «Handelsblatt».
Selon leur enquête, les données montrent que le système de pilotage automatique de Tesla a des problèmes plus importants qu’on ne le savait. La fuite montre que l’entreprise serait déjà partie à de nombreuses procédures judiciaires à cause du système d’assistance au pilotage. Des clients ont déclaré que leur Tesla accélérait toute seule, blessant voire tuant des automobilistes.
Parmi les Tesla files figurent également des plaintes de clients adressées à Tesla. «Mon pilote automatique m’a presque tué sur un trajet que je fais régulièrement», aurait notamment écrit l’un d’entre eux. Le «Handelsblatt» a contacté des dizaines de clients qui ont confirmé leur plainte. Certains ont vu leur voiture freiner ou accélérer brutalement. Des clients s’en sont tirés avec une belle frayeur, d’autres, selon leur témoignage, ont fini dans le fossé, ont percuté des murs ou des véhicules arrivant en sens inverse.
Parmi eux, un client suisse raconte comment, en 2021, sa Tesla a freiné sèchement juste après avoir dépassé un véhicule. Une autre cliente de Tesla a percuté un poteau de marquage parce que sa Tesla avait soudainement accéléré comme une voiture de course. «J’ai essayé de braquer, mais j’ai foncé dans un poteau en ciment, se souvient-elle. Celui-ci est tombé, mais la voiture ne s’est pas arrêtée. J’ai foncé dans le poteau suivant. L’airbag s’est déclenché et j’étais complètement abasourdie.»
Des milliers de plaintes inquiétantes révélées
Au total, les données volées sur Tesla contiennent plus de 2400 plaintes concernant des auto-accélérations et plus de 1500 problèmes liés aux dispositifs de freinage, dont 139 cas de freinage d’urgence involontaire et 383 cas de freinage fantôme signalés à la suite de faux avertissements de collision. Le nombre de crashs dépasse le millier et les plaintes datent d’une période allant de 2015 à mars 2022. Il y figure plus de 3000 entrées dans un tableau sur les incidents liés aux systèmes d’assistance de conduite pour lesquels les utilisateurs ont exprimé des préoccupations en matière de sécurité.
Un lanceur d’alerte s’était adressé en avril à une autorité de protection des données à Brandebourg en Allemagne. Tesla y exploite une grande usine. Si les indices devaient être confirmés, «l’affaire serait particulièrement grave du point de vue de la protection des données, notamment en raison du grand nombre de personnes concernées dans le monde entier», a déclaré un porte-parole de l’autorité au «Handelsblatt». Les autorités compétentes en Allemagne ont ouvert une enquête. Les Pays-Bas, où Tesla a son siège social européen, sont également déjà intervenus dans cette affaire.
Selon le rapport, Tesla soupçonne un «ancien employé mécontent». Celui-ci aurait abusé de son accès en tant que technicien de maintenance pour diffuser les informations. Tesla aurait l’intention d’engager des poursuites judiciaires contre l’ex-employé.
Des données personnelles rendues publiques
«Ces révélations sont inquiétantes et s’inscrivent en même temps dans le tableau que nous avons dressé en à peine deux ans à partir des impressions et des descriptions des employés de Tesla», a déclaré le syndicat allemand IG Metal.
Il n’y a pas que des données sur les clients qui ont été révélées, mais aussi des salaires et des adresses privées des collaborateurs. Selon le syndicat, les «données très personnelles des employés pourraient mener à toutes les formes d’abus imaginables». Paradoxalement, la direction de l’entreprise fait pression sur ces mêmes employés pour qu’ils respectent des obligations de confidentialité étendues et engage un «Security Intelligence Investigator» chargé d’enquêter sur les violations, même en dehors des locaux de l’entreprise.
Le syndicat a exigé que les employés soient «informés de manière exhaustive» de toutes les violations des droits à la protection des données. Il a recommandé à la direction de Tesla de promouvoir une culture d’entreprise «dans laquelle les employés peuvent parler ouvertement et sans crainte des problèmes et des abus».