Le monde encaisse le choc des nouvelles taxes douanières de Donald Trump, qui sont entrés en vigueur ce mercredi 9 avril. Trois types de réactions se dessinent parmi les 70 pays visés: les défenseurs, les dociles et les originaux.
La Suisse espère résoudre le problème avec de l'argent, la Chine sort les griffes, le Canada retire le whisky américain de ses rayons... mais personne ne va aussi loin que le Salvador. Tour d’horizon.
Les défenseurs
La Chine a été le premier pays à contre-attaquer Donald Trump. Pékin riposte avec des taxes de 34% sur les produits américains, limite les exportations de terres rares – essentielles à la fabrication de smartphones – et place plusieurs groupes américains sur liste noire.
Le Canada ne reste pas non plus les bras croisés. L’Ontario, province la plus peuplée, a suspendu la vente d’alcool américain. Bourbons et bières ont été retirés des rayons «pour le bien de l’Ontario», affirme l’autorité publique en charge. A travers le pays, on parle de «lever le coude», en référence au langage du hockey, pour qualifier cette réponse à la politique douanière américaine.
L'Union européenne (UE) aussi se tient prête. Si aucune mesure concrète n’a encore été prise, l’UE envisage des droits de douane de 25% sur certains produits américains. Elle pourrait même activer son bouclier anti-coertition – conçu à l’origine pour faire face à la Chine – pour exclure des entreprises américaines des appels d’offres européens, voire interdire leurs services.
Les dociles
Le Royaume-Uni, prudent, évite toute escalade. Le Premier ministre Keir Starmer rappelle que les Etats-Unis sont «le plus important allié» du pays, préférant stimuler l’innovation pharmaceutique et assouplir les règles pour les constructeurs de voitures électriques plutôt que d’imposer des contre-taxes.
Même stratégie en Inde. Plutôt que de prendre des mesures de rétorsion, le gouvernement prépare une fiche d’information pour les diplomates américains, afin de contrer la propagande de Donald Trump en présentant les forces économiques du sous-continent.
La Suisse, elle aussi, ronge son frein. Mais elle pourrait avancer des milliards pour s'extirper de cette situation. La présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter a probablement dû lire préventivement le livre de Donald Trump «L’art du deal» pendant ses vacances de Noël, mais aucune stratégie ferme n’a encore émergé. Selon CH Media, Berne envisage de garantir les investissements suisses aux Etats-Unis et s’appuie sur le cabinet de lobbying américain Akin Gump pour promouvoir l’image helvétique à Washington.
Israël n’a pas envoyé de lobbyistes à Washington, mais son propre Premier ministre. Devant la presse, Benjamin Netanyahu a promis: «Israël va équilibrer sa balance commerciale avec l’Amérique – et rapidement.» Il espère ainsi devenir un «exemple pour tous les autres».
Les originaux
Près de 70 pays ont engagé des discussions directes avec Washington, mais certains misent sur l’audace pour se faire remarquer. Le président de l'Argentine Javier Milei, par exemple, s’est rendu à Mar-a-Lago pour faire des louages à Donald Trump sur les réseaux sociaux. A l’instar des Etats-Unis, l’Argentine s’est retirée de l’OMS et mène une guerre ouverte contre la bureaucratie. Une stratégie de flatterie qui n’a pas encore porté ses fruits.
Le président de la Colombie Gustavo Petro, lui, a pris Donald Trump à contre-pied. Il a salué les nouvelles taxes américaines: «Une grosse erreur» pour les Etats-Unis, mais «une opportunité» pour l’Amérique latine, selon lui, qui espère profiter de «cette nouvelle unité».
Mais c’est le Salvador qui a proposé l’offre la plus déconcertante. Pour apaiser les relations avec les Etats-Unis, le président Nayib Bukele a suggéré d’accueillir des criminels américains et de les enfermer dans sa méga-prison pour terroristes, déjà remplie de membres de gangs. Un non-sens juridique, bien sûr – mais Donald Trump a répondu: «J’en serais heureux!»