La Suisse engage un célèbre cabinet de lobbying américain
Face aux hausses de droits de douane, 70 pays frappent à la porte de Trump

Jusqu’à 70 nations demandent de toute urgence à renégocier avec le président Trump au sujet de ses droits de douane. C’est ce qu’a annoncé le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent. De son côté, la Suisse a engagé un cabinet de lobbying bien connu à Washington.
Publié: 08.04.2025 à 11:09 heures
|
Dernière mise à jour: 08.04.2025 à 13:17 heures
1/4
Le président américain Donald Trump n'a pas l'intention de s'écarter de sa stratégie douanière rigoureuse. Il est toutefois ouvert à des accords avec certaines nations.
Photo: Keystone
new.jpg
Daniel Kestenholz

Le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, a révélé que jusqu’à 70 pays avaient émis des demandes d’urgence afin d'engager des négociations avec le président Donald Trump. Ils cherchent à atténuer les effets des droits de douane que ce dernier a imposé.

De son côté, Trump a réaffirmé ce lundi qu’il ne reviendrait pas sur sa stratégie. Bien qu’il n’envisage aucun report, il se dit tout de même ouvert aux négociations. Selon lui, les droits de douane sont «très importants» pour son programme économique et seront donc maintenus. Il ajoute toutefois qu’il est disposé à conclure des accords équitables et avantageux avec chaque pays.

Scott Bessent a souligné la forte influence qu’acquiert Trump grâce à ses droits de douane. Le secrétaire au Trésor américain a défendu la stratégie douanière du président lors de l’émission «Meet the Press» sur NBC, la présentant comme un moyen de rétablir l’équilibre du commerce mondial.

Lobbying pour la Suisse

Pour la Suisse, c’est Helene Budliger Artieda, secrétaire d’Etat à l’économie, qui s’est rendue dimanche à Washington. La cheffe du Secrétariat d’Etat à l’économie doit rester dans la capitale américaine jusqu’à mercredi, date à laquelle les nouveaux droits de douane de Trump doivent entrer en vigueur à l’échelle mondiale.

La Suisse n'a pas de ligne directe avec la Maison Blanche. Comme le rapporte le «Tages-Anzeiger», Berne a confié à la célèbre société de lobbying américaine Akin Gump le mandat de défendre ses intérêts à Washington.

«Ils viendront à nous pour négocier»

Des pays comme le Japon, Taïwan et le Vietnam seraient, selon des informations provenant de Washington, en première ligne pour entamer des discussions. Ils ont été parmi les premiers à solliciter des négociations avec Trump. Le Vietnam a proposé d’éliminer tous les droits de douane sur les produits américains en échange d’un assouplissement des mesures. De son côté, Taïwan offre également de supprimer tous les droits de douane sur les marchandises américaines, de lever les barrières commerciales, s’engage à acheter des produits américains et à investir dans la production aux Etats-Unis.

Scott Bessent prédit que les partenaires commerciaux des Etats-Unis vont se démener à Washington: «Dès que les pays auront reçu leur tarif respectif, ils viendront nous voir pour tenter de le négocier à la baisse», a-t-il déclaré.

Washington balaie les craintes de récession

Malgré les turbulences du marché, Scott Bessent reste optimiste. Il rejette les craintes de récession et affirme que des difficultés à court terme sont nécessaires afin d'assurer la prospérité à long terme. «Je ne vois aucune raison pour laquelle nous devrions anticiper une récession», assure le secrétaire au Trésor. Selon lui, les résultats prendront du temps et les critiques manquent de vision à long terme.

Pour les gouvernements comme pour les investisseurs, la question est de savoir si Trump va céder à la dernière minute avant le 9 avril et assouplir sa position si les pertes sur les marchés s'accentuent. Ou s'il va durcir encore plus le ton, comme il l'a fait le 7 avril, en menaçant la Chine de droits de douane encore plus élevés et en jurant de ne pas céder malgré les supplications de Wall Street.

Le Japon passe en priorité

La stratégie de Trump, qui vise à reconfigurer la dynamique du commerce mondial du jour au lendemain, entraîne des enjeux gigantesques. Près de cinq mille milliards de dollars de capitalisation boursière sont partis en fumée et de nombreuses devises se sont effondrées.

Les premières négociations que Washington mènera avec le Japon pourraient ouvrir une nouvelle ère dans les relations commerciales avec les Etats-Unis. Le Japon bénéficie de la «priorité» dans les discussions, explique Scott Bessent, «car ils ont réagi très rapidement» et entretiennent des relations militaires et économiques importantes avec les Etats-Unis.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la