La guerre commerciale ne convainc pas
Républicains, milliardaires, influenceurs: les partisans de Trump le lâchent les uns après les autres

Elon Musk, le boss de JPMorgan, Ted Cruz, Ben Shapiro, Joe Rogan: plusieurs fidèles alliés de Donald Trump critiquent ouvertement la nouvelle stratégie tarifaire du président américain. Une première depuis le début de son second mandat.
Publié: 08.04.2025 à 06:02 heures
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Dernière mise à jour: 08.04.2025 à 16:48 heures
Même dans ses rangs, Donald Trump peinent à convaincre sur sa stratégie des droits de douane (Illustration).
Photo: AFP
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Solène MonneyJournaliste Blick

Donald Trump peine à rallier les soutiens avec sa nouvelle guerre commerciale qui secoue les marchés mondiaux. Et pour la première fois en deux mois et demi, même au sein de ses propres rangs, les critiques se font entendre. Républicains, milliardaires, influenceurs: certains de ses plus fidèles alliés prennent désormais leurs distances avec une politique tarifaire, jugée risquée et coûteuse.

Cette rupture pourrait laisser des traces, rapporte le «Washington Post» mardi 8 avril. Jusqu’ici, la plupart de ses soutiens évitaient toute critique, par peur d’être exclus des cercles de pouvoir – ou de devenir la cible de ses attaques. Mais quand les pertes touchent directement leur portefeuille, les lignes bougent.

Le monde des affaires en panique

Les critiques les plus virulentes viennent du monde économique. Beaucoup de dirigeants, encore récemment enthousiastes à l’égard de la politique pro-business de Trump, s’inquiètent désormais de ses décisions. Jamie Dimon, patron de JPMorgan et figure incontournable de Wall Street, en est l’exemple parfait. Après avoir salué en janvier les droits de douane comme une arme économique «précieuse» et appelé à «arrêter de s’en plaindre», il adopte aujourd’hui un ton bien plus prudent. Dans sa lettre annuelle aux actionnaires, il alerte sur les effets inflationnistes de cette politique.

Autre figure qui lâche Trump: Bill Ackman, gestionnaire de fonds spéculatifs et milliardaire. Dimanche, il a dénoncé sur X une «guerre nucléaire économique» et lancé: «Ce n’est pas pour cela que nous avons voté.»

Même son de cloche chez les grandes organisations patronales. La semaine dernière, plusieurs d’entre elles – dont l’Association nationale des industriels – ont critiqué la politique commerciale du président, espérant peser par leur nombre sur l’administration.

Les influenceurs s'y mettent aussi

Tout au long de sa campagne, Trump a pu compter sur une armée de podcasteurs et d’influenceurs aux millions d'abonnés. Mais ces derniers jours, certains n’hésitent plus à s’en prendre à lui. Ben Shapiro a ainsi déclaré dans son émission: «La vision du président sur le commerce international est, je le regrette, erronée.» Il déplore que les consommateurs américains soient les premiers à en payer le prix.

Les critiques dépassent désormais la seule question des droits de douane. Joe Rogan, partisan de Trump, a qualifié d’«horrible» l’erreur ayant conduit à l’expulsion d’immigrants légaux vers des prisons au Salvador, rendant leur retour aux Etats-Unis impossible. Dave Portnoy, fondateur de Barstool Sports et fervent trumpiste, a critiqué les taxes douanières et assure avoir perdu 7 millions de dollars en actions et cryptomonnaies à cause de ces mesures.

Les républicains à dos aussi

Même Elon Musk, sans attaquer Trump directement, a plaidé publiquement pour une ouverture commerciale totale avec l’Europe, tout en ironisant sur ceux qui défendent encore le président sur cette politique controversée.

Dans les rangs républicains aussi, la contestation gagne du terrain. Le sénateur Ted Cruz, pourtant fervent soutien, a mis en garde contre les «énormes risques» de la stratégie tarifaire, tout en réaffirmant son attachement au président. Le sénateur Kevin Cramer, de son côté, a résumé l’ambiance au sein du parti: «Les gens vont paniquer si cela continue, et ils sont déjà un peu en panique.»

Malgré cette fronde, Trump conserve encore de solides appuis. Pas moins de 51 sénateurs républicains ont validé samedi un cadre budgétaire ouvrant la voie à une baisse d’impôts et à un renforcement du financement à la frontière. Donald Trump, lui, persiste et signe: les nouveaux droits de douane entreront bel et bien en vigueur. Seule concession: il se dit ouvert à la négociation. Mais encore faut-il savoir quelles sont les attentes du président américain.

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