Effet des taxes de Trump
Vous ne comprenez rien aux bourses qui plongent? Blick vous explique

Pourquoi les cours d'UBS, Swatch Group ou Novartis ont plongé à la suite des annonces de taxes douanières par Donald Trump? En quoi les droits de douane affectent les bourses mondiales? Blick décortique pour vous ces mécanismes de manière abordable.
Publié: 07.04.2025 à 15:56 heures
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Dernière mise à jour: 07.04.2025 à 21:34 heures
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Cela fait des semaines que les seules menaces de droits de douane de Trump font déjà chuter les marchés, en Suisse, comme en Europe et en Asie.
Photo: keystone-sda.ch
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Myret ZakiJournaliste Blick

Vous ignorez tout des marchés financiers. Mais en scrollant ce matin, votre écran vous a bombardé de nouvelles sur «les bourses qui dévissent». Cette fois, cela a tout à voir avec les fameuses taxes douanières ultra-sévères que Donald Trump a imposées au monde entier. Mais par quel mécanisme les bourses chutent-elles? Quel est le rapport entre ces droits de douane américains et les marchés financiers qui dégringolent? Blick vous explique les mécanismes, point par point. 

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On achète parce qu’on anticipe des bénéfices

Le rapport, il vient de l’impact du commerce mondial sur les bénéfices des entreprises cotées en bourse. A la base, un investisseur achète une action en Bourse, comme UBS, Novartis ou Apple, parce qu’il anticipe qu’elle va croître dans le futur. Si l’entreprise est en expansion, pénètre de nouveaux marchés, innove et se développe sans entraves, elle va afficher une croissance régulière de ses bénéfices. Cette création de valeur va faire monter le cours de son action, car d’autres investisseurs voudront la détenir. Si un investisseur l’a achetée à 100 francs, et qu’au bout de 2 ans, elle en vaut 150, il aura gagné une plus-value de 50%. Soit il la vend et empoche cette plus-value, soit il la garde en pariant qu’elle montera encore plus. Si vous aviez acheté l’action Apple il y a 10 ans, et que vous l’aviez gardée, elle vaudrait aujourd’hui 6 fois plus (soit une hausse de 500%) car elle a profité d'un environnement commercial très favorable. 

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On anticipe aussi des dividendes

Ce n’est pas tout. L’investisseur anticipe aussi qu'il peut empocher des dividendes, en plus des gains boursiers. Quand l’entreprise publie des bénéfices sur une année, sa direction décide si une partie de ce surplus sera distribuée directement aux actionnaires. Le versement de dividendes est donc une autre raison qui fait que les actionnaires préférent les actions des entreprises qui dégagent des profits susceptibles d’êtres distribués.

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On vend parce qu’on anticipe des pertes

A l’inverse, quand l’investisseur apprend qu’une mauvaise nouvelle frappe l’entreprise, ou que de nouvelles entraves ont été imposées au commerce mondial, il anticipe qu’elle pourrait perdre de l’argent. C’est le cas depuis la semaine dernière. Les Etats-Unis ont annoncé qu’ils imposaient des droits de douane de 31% aux entreprises suisses. Dès lors, la Bourse suisse a perdu 12% depuis mercredi. Tous les groupes suisses liés de près ou de loin aux Etats-Unis ont perdu des plumes en bourse. Le raisonnement des investisseurs a été le suivant: les produits ou services de ces entreprises, par exemple les montres suisses, vont devenir plus chers sur le marché américain, ce qui pourrait freiner leurs ventes, et occasionner un recul de leurs bénéfices. Voire des pertes, si leurs coûts dépassent leurs profits. 

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Produits plus chers = moins de clients = moins de profits

Détaillons l’exemple qui précède: une fois que les horlogers auront payé 31% de droits à la douane américaine, ils vont probablement répercuter, en totalité ou en partie, cette hausse sur les prix des montres aux Etats-Unis. Leurs clients américains vont donc se retrouver avec des montres qui seront soudain jusqu’à 31% plus chères. Une Rolex à 35'000 dollars, par exemple, si la totalité des droits de douane était reportée sur le prix, se renchérirait à 46'000 dollars. Une Omega à 10'000 dollars serait à 13'000. Des clients américains pourraient renoncer à les acheter, ou retarder leur décision d’achat. Cela freinerait les ventes, et par conséquent les bénéfices des horlogers suisses. Dans cette anticipation, des investisseurs ont vendu les actions.

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Vendre l’action fait chuter le cours

Pour un groupe non coté en Bourse comme Rolex, qui est en mains privées (détenu par la fondation Wilsdorf), le possible recul des bénéfices après cette décision de Trump ne se traduit pas par une chute en Bourse. Mais pour un groupe coté en Bourse comme Swatch Group, qui détient entre autres les marques Omega, Blancpain ou Longines, l’effet se voit en Bourse. Si l’investisseur anticipe moins de bénéfices et moins de dividendes (qui dépendent des bénéfices), il se dira qu’il vaut mieux qu’il soit parmi les premiers à vendre avant que le cours de l’action n’ait trop baissé. Toute une masse d’investisseurs aura le même réflexe de vente, ce qui entraînera le plongeon du prix. Dans le cas de Swatch Group, le titre a perdu jusqu’à 17% entre le début des annonces du 2 avril et l’ouverture de la Bourse lundi.

Cours de Swatch Group : -17% entre le 2 avril et l’ouverture du 7 avril

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Menaces et rumeurs: tout aussi dommageables

En bourse, tout est anticipation. Ainsi, cela fait des semaines que les seules menaces de droits de douane de Trump font déjà chuter les marchés, en Suisse, comme en Europe et en Asie. Nombre d’investisseurs «vendent sur la rumeur», comme dit l'adage boursier, avant la nouvelle concrète. Par exemple, des menaces de droits de douane visent spécifiquement les groupes pharmaceutiques à l'heure actuelle. Cela se traduit par une chute des cours boursiers de Novartis et Roche, qui perdent entre 12% et 17% depuis le 2 avril. La bourse suisse a perdu 15% depuis le 20 mars, en bonne partie à cause des menaces de droits de douane, qui ont eu l'effet d'une épée de Damoclès sur les cours boursiers depuis des semaines. 

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