C'est avec un ton grave que Benjamin Netanyahu a annoncé la «phase 2» de la guerre, lors d'une conférence de presse samedi.
Mais tandis que les blindés et les véhicules de transport de troupes traversent en ce moment la bande de Gaza, le Premier ministre israélien a entamé un autre combat. Plus personnel, celui-là.
Plusieurs documents auraient en effet évoqué une possible attaque du Hamas, bien avant le 7 octobre dernier. Lors de la conférence de presse, un journaliste d'une chaîne de l'armée demande ainsi à Benjamin Netanyahu pourquoi avoir ignoré les lettres que les services secrets lui avaient présentées? Réponse: il n'aurait jamais été averti.
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«Affirmations mensongères»
Sur le réseau X, le Premier ministre a écrit qu'il s'agissait d'«allégations mensongères». En réalité, seuls les représentants de la sécurité, y compris le chef du renseignement militaire et le chef du service de renseignement intérieur, le Shin Beth, auraient mal évalué la situation, selon le Premier ministre israélien.
Tollé! L'ex-président du Parlement, Benny Gantz, l'ancien chef d'état-major, Gadi Eisenkot, et le chef de l'opposition, Yair Lapid, sont tous montés au créneau. Benjamin Netanyahu a alors fait marche arrière et supprimé le post, après s'être excusé. L'affaire n'est toutefois pas encore réglée. Car il y a bien eu des avertissements.
Ainsi, l'Egypte a averti les services secrets israéliens dix jours avant l'attaque du Hamas, affirme un collaborateur des services secrets égyptiens à l'agence de presse Associated Press. Le chef suprême, le général Abbas Kamel, aurait même personnellement dit à Benjamin Netanyahu que le Hamas préparait quelque chose de terrible. Ce qu'a d'ailleurs confirmé le Républicain Michael McCault, président de la commission des affaires étrangères du Congrès américain.
Et ça ne s'arrête pas là...
Certains avertissements ont été lancés... en 2016!
Plusieurs semaines avant le 7 octobre 2023, des femmes soldats à Gaza ont signalé des actions suspectes de l'autre côté de la frontière. Toutes ces alertes ont été ignorées.
Pire, en 2016 déjà, le ministre de la Défense de l'époque, Avigdor Lieberman, avait présenté à Benjamin Netanyahu un rapport de 11 pages décrivant précisément ce que l'organisation palestinienne allait mettre en œuvre, sept ans plus tard. Le Premier ministre avait alors balayé le document d'un revers de main.
En mars 2023, le ministre de la Défense Joav Gallant a également mis en garde publiquement contre le fait que des manifestations de masse pour contester la réforme de la justice pourraient provoquer une attaque surprise depuis Gaza. Benjamin Netanyahu a alors renvoyé le ministre de la Défense, avant de le réintégrer sous la pression.
Jusqu'en juillet, où le chef d'état-major, Herzi Halevi, a sollicité un entretien pour évoquer les risques sécuritaires. Entretien que Benjamin Netanyahu a refusé.
Benjamin Netanyahu a promis de rendre des comptes
Benjamin Netanyahu a commis toute une série d'erreurs qui ont finalement conduit à la catastrophe, se désole Amos Yadlin, ancien général de l'armée de l'air israélienne et ex-chef des services de renseignement: «Pendant neuf mois, il a poussé Israël dans une crise politique qui a mobilisé toute son énergie. Toute l'attention était dirigée vers l'intérieur et non vers l'extérieur», explique-t-il. Selon lui, cela a affaibli la sécurité nationale d'Israël.
Selon Amos Yadlin, le Premier ministre aurait également libéré des centaines de combattants du Hamas en 2011 en échange d'un otage israélien: «Netanyahu pensait que le Hamas n'était pas dangereux, qu'on pouvait vivre avec lui.»
Depuis l'attaque du Hamas, le Premier ministre israélien a exigé l'ouverture d'une enquête sur les failles des services de sécurité: «Tout le monde devra rendre des comptes et répondre de ses erreurs. Moi y compris», a ainsi assuré Benjamin Netanyahu. Reste à savoir quelles seront donc ses réponses.