Les forces russes «ne se retirent pas, mais se repositionnent» en Ukraine, a déclaré le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg. Selon lui, Moscou entend renforcer son offensive sur la région du Donbass, dans l’est, tout en maintenant «la pression sur Kiev et d’autres villes».
«Nous nous attendons à des actions offensives supplémentaires qui se traduiront par encore davantage de souffrances», a-t-il ajouté. Ces propos font écho à ceux du général ukrainien Pavlo «Maestro» à Kharkiv. L’officier a expliqué à l’AFP que la Russie «se regroupe pour attaquer et mettre le maximum de forces» dans le sud et l’est de l’Ukraine.
L’arme du gaz
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Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part menacé les acheteurs de gaz russe de pays «inamicaux», dont la Suisse, de stopper leur approvisionnement s’ils ne se plient pas aux exigences du Kremlin. Cette mesure affecterait principalement l’Union européenne, très dépendante.
«Ils doivent ouvrir des comptes en roubles dans des banques russes. Et de ces comptes ils devront payer le gaz livré et cela dès demain», a-t-il déclaré.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a aussitôt répondu que les pays européens continueront de payer le gaz russe en euros et dollars comme cela est «écrit dans les contrats». Il a «dit clairement au président russe que cela restera ainsi […] les entreprises veulent pouvoir payer en euros et le feront», a-t-il ajouté.
En visite à Berlin, le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire a indiqué que la France et l’Allemagne se préparent à un tel scénario. «Il peut y avoir une situation dans laquelle demain, dans des circonstances très particulières, il n’y aura plus de gaz russe», a-t-il dit.
Crise humanitaire massive
Dans le même temps, la Russie a annoncé interdire l’entrée sur son territoire aux dirigeants européens et à la majorité des eurodéputés, en réaction aux sanctions européennes.
Après cinq semaines de guerre, quatre millions de réfugiés ont fui l’Ukraine, auxquels s’ajoutent presque 6,5 millions de déplacés à l’intérieur du pays, selon l’ONU. Quelque 90% de ceux qui ont fui l’Ukraine sont des femmes et des enfants.
L’Europe n’a pas connu de tels flots de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale. «Nous sommes confrontés aux réalités d’une crise humanitaire massive qui ne fait que croître chaque seconde», s’alarme le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).
Evacuer Marioupol
Le gouvernement ukrainien s’efforce toujours d’organiser des évacuations depuis Marioupol (sud-est). Environ 160’000 civils seraient toujours bloqués dans ce port stratégique sur la mer d'Azov, assiégé et pilonné sans relâche depuis la fin février par les forces russes.
Le gouvernement ukrainien a annoncé dépêcher 45 bus pour évacuer des civils en direction de la ville de Zaporojié, à 220 km au nord-ouest, selon la vice-Première ministre Iryna Verechtchouk. Dix-sept bus sont déjà partis pour Marioupol, a-t-elle précisé.
Une opération pourrait être lancée à la faveur d’un cessez-le-feu local annoncé tard mercredi par Moscou afin d’ouvrir un couloir humanitaire «avec la participation directe de représentants du HCR et du CICR».
Le CICR prêt à agir
On ignorait jeudi après-midi si ce cessez-le-feu, censé avoir commencé jeudi à 08h00 (suisses), était effectif. A Genève, le CICR s’est dit prêt à diriger l’évacuation à condition que les garanties soient réunies. Il a affirmé espérer un lancement dès vendredi.
Des personnes ayant réussi à quitter la ville et des ONG y ont décrit des conditions catastrophiques, avec des civils terrés dans des caves, privés d’eau, de nourriture et de toute communication, et des cadavres jonchant les rues. La municipalité accuse en outre Moscou d’avoir évacué «contre leur gré» plus de 20’000 habitants de Marioupol vers la Russie.
Selon le ministère britannique de la Défense, «des combats intenses se poursuivent à Marioupol» mais les Ukrainiens «conservent le contrôle du centre-ville».
Retrait de Tchernobyl
L’agence nucléaire ukrainienne Energoatom de son côté annoncé jeudi que les forces russes ont commencé à se retirer du site de Tchernobyl, dont elles avaient pris le contrôle dès le premier jour de l’invasion de l’Ukraine le 24 février. Il ne reste plus qu’un «petit nombre» de soldats russes sur place, a-t-elle indiqué.
De leur côté, les séparatistes prorusses du Donbass ukrainien affirmaient jeudi contrôler la quasi-totalité de la région de Lougansk et plus de la moitié de celle de Donetsk, ce qui n’a pas pu être vérifié de source indépendante.
Possible rencontre
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Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a par ailleurs annoncé qu’une nouvelle rencontre entre ses homologues russe Sergueï Lavrov et ukrainien Dmytro Kouleba pourrait avoir lieu «d’ici une ou deux semaines». La Turquie pourrait accueillir cette rencontre, pour laquelle aucune date n’a été fixée.
Le négociateur en chef ukrainien, David Arakhamia, a lui indiqué mercredi que des pourparlers en ligne avec la délégation russe reprendraient vendredi.
Le président ukrainien s’est adressé jeudi par vidéo aux parlements australien, néerlandais et belge, les exhortant à fournir des armes à son pays et à cesser d’acheter des hydrocarbures ou des diamants russes.
(ATS)