Rien ne va plus dans la Russie de Vladimir Poutine. Alors que l’armée russe s’est enlisée en Ukraine et semble vouloir faire marche arrière, les proches du président s’entre-déchirent.
C’est Ramzan Kadyrov qui a ouvert les hostilités. Le dirigeant tchétchène, qui a notamment fourni des hommes pour aller se battre en Ukraine, a ouvertement attaqué le négociateur en chef de la Russie, Vladimir Medinski. Pour quelle raison? Celui-ci a «osé» annoncer une «désescalade militaire» près des villes ukrainiennes de Kiev et de Tcherniguiv.
Sur Telegram, Ramzan Kadyrov écrit: «Nous ne ferons pas de concessions. Medinski a fait une erreur, la formulation était mauvaise. Nous avons notre propre commandant en chef, le président, qui voit 100 ans en avant. Et si vous pensez qu’il va abandonner après avoir commencé, vous vous fourrez le doigt dans l’œil.»
Kadyrov menace Zelensky
Pour le leader tchétchène, le négociateur en chef russe ne se positionne donc pas assez dans l’intérêt du pays ou de Poutine. Selon lui, aucune désescalade n’a lieu d’être. «Encore quelques jours et nous prendrons nos objectifs, puis nous irons à Kiev», promet celui qui avait déclaré dans une émission de radio: «Poutine est mon idole. Je l’aime. Je le respecte. Je donnerais ma vie pour lui.»
Il exige que Kiev se rende et menace le président Volodymyr Zelensky en s’adressant au peuple ukrainien: «Je vous assure que si vous ne déposez pas les armes et ne vous soumettez pas aux demandes de notre président, il n’y aura aucune pitié pour vous. Même pas pour Zelensky.»
A lire aussi
Les attaques pleuvent sur le négociateur
Du côté de Vladimir Medinski, le ton est différent. Il a déclaré à plusieurs reprises que le retrait des troupes russes de Kiev était un «pas important en direction d’une désescalade».
Ramzan Kadyrov n’est pas le seul à s’en prendre à Medinski. Vladimir Soloviev, un des hommes derrière la propagande de Moscou, a déclaré à la télévision russe: «C’est le commandant en chef qui donne les ordres. Lui seul a le pouvoir de modifier la mission, l’interpréter ou l’annuler.» Il va même jusqu’à accuser Vladimir Medinski de sabotage.
Les conseillers de Poutine ont-ils peur de lui dire la vérité?
Une lutte de pouvoir fait-elle rage dans les rangs des proches de Poutine? Le président russe contrôle-t-il la situation à l’interne entre ses propres hommes? Selon les États-Unis, le dirigeant n’aura aucune idée de la situation réelle, notamment à cause de son entourage, terrifié à l’idée de lui dire la vérité.
La directrice de la communication de la Maison Blanche, Kate Bedingfield, a ainsi déclaré en se référant à des informations des services de renseignement: «Nous pensons que Vladimir Poutine n’est pas correctement informé par ses conseillers sur la situation de sa propre armée. Ses conseillers ont trop peur de lui dire la vérité.»
(Adaptation par Alexandre Cudré)