Le présentateur de télévision russe et partisan de la ligne dure du Kremlin Vladimir Soloviev est un invité permanent de la télévision d’État du régime de Vladimir Poutine. Il a son propre talk-show politique, «Ce soir», l’un des plus populaires en Russie, sur la chaîne «Rossiya 1» (Russie 1).
Soloviev, qui figure sur la liste des sanctions de l’UE, évoque dans son émission la guerre. Une «opération militaire spéciale»? Non non, c'est bien la guerre. Mais celle menée «contre la Russie» par l’OTAN. Et selon lui, c’est l’attitude de l’OTAN qui pourrait déclencher un grand conflit mondial.
«Une frappe nucléaire est probable»
Une fin du monde est-elle d’ores et déjà programmée par l’OTAN? Tout un programme. «On semble se diriger vers une frappe nucléaire, a déclaré Soloviev dans son talk-show. Elle va tout détruire, il ne restera que quelques mutants en vie quelque part près du lac Baïkal (ndlr, en Sibérie).»
Ambiance. Les leaders d’opinions russes semblent avoir un avis plutôt tranché sur ce qui déclenchera la Troisième Guerre mondiale. «La situation risque de devenir rapidement incontrôlable. Les Ukrainiens (ndlr, avec le soutien de l'OTAN) vont finir par tirer une tête nucléaire sur une centrale nucléaire. Bang! Il n’y aura plus rien.»
Autour de lui, le public acquiesce en silence. «Si personne ne devait mourir, ce ne serait pas très drôle, non?», ironise le présentateur en public.
Réagir «face aux armes nucléaires de l’OTAN»
Ce soir-là, l’invité du talk-show Vitaly Tretyakov, politologue et rédacteur en chef du journal moscovite «Nezavissimaïa Gazeta», n’y va pas de main-morte: «Nous y sommes enfin arrivés, ce sera notre ultime et décisive bataille.»
Même les avis nuancés sur le plateau ne sont pas des plus optimistes: «Nous serons obligés de réagir face aux armes nucléaires de l’OTAN. Ils nous provoquent à nouveau», abonde Margarita Simonian, rédactrice en chef de l’agence de presse russe Rossia Sevodnia (qui détient Sputnik) et figure centrale de la propagande russe, qui figure également sur la liste des sanctions de l’UE. «Cela ne me réjouit pas, mais je ne vois pas plus d’autre possibilité», conclut-elle.
«Les gens s’inquiètent»
L’un d’eux la contredit. Il s’agit du politologue Sergeï Mikheïev, par ailleurs connu pour être un autre solide propagandiste du Kremlin. Devant la caméra, il éclate de rire lorsque le groupe d’experts se livre à des discours apocalyptiques.
Sergeï Mikheïev n’est pourtant pas du genre à calmer les esprits. Ces dernières semaines, il instillait régulièrement la peur sur les plateaux télé en analysant des scénarios militaires. «Restez calmes, camarades, a-t-il déclaré sur le plateau de Vladimir Soloviev. Est-ce une façon de traiter l’opinion publique. Les gens s’inquiètent!»
(Adaptation par Alexandre Cudré)