«De nombreux problèmes dans ce domaine»
Le Kremlin donne des leçons de droits humains... à la Suisse!

La Russie n'est pas vraiment connue pour son engagement en faveur des droits humains. Mais son ministère des Affaires étrangères donne des leçons à la Suisse. Une dénonciation qui passe mal.
Publié: 06.07.2024 à 14:06 heures
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Dernière mise à jour: 06.07.2024 à 14:15 heures
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Le Kremlin pointe un doigt accusateur sur la Suisse. Notre pays connaîtrait de nombreux problèmes en matière de droits humains.
Photo: keystone-sda.ch
Johannes Hillig

La Suisse mérite un bonnet d'âne, du moins selon la Russie. Notre pays n'en ferait pas assez pour les droits humains.

«Malgré l'image de «havre de paix» qu'elle s'est forgée en matière de droits de l'homme, la Suisse reste un pays confronté à de nombreux problèmes dans ce domaine, qui requièrent une attention particulière de la part du gouvernement et des organisations internationales compétentes», avance le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie sur le réseau social X.

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Mais le ministère russe n'en reste pas là et évoque trois points d'achoppement:

1

La migration

«Le droit suisse contient de nombreux obstacles au regroupement familial des réfugiés», écrit le ministère russe des Affaires étrangères. De plus, il serait difficile pour les enfants exilés d'avoir accès à l'éducation dans les centres d'accueils pour requérants d'asile. La violence serait en outre de plus en plus utilisée lors des expulsions. Des tranquillisants auraient même été utilisés dans ce cadre. Aucune preuve de ces affirmations n'existe.

2

Hostilité envers les Russes

Certaines banques ne traiteraient pas correctement les Russes qui ne figurent pas sur la liste des sanctions. On refuserait des services aux Russes détenteurs d'un compte en Suisse et les autres ne seraient pas autorisés à en ouvrir un dans notre pays. Les banques justifieraient leur refus sous prétexte que les Russes tenteraient de contourner les sanctions. Autre grief: «Il y a des cas de harcèlement d'enfants russes dans les écoles, le refus d'embaucher des Russes et la résiliation de contrats avec des entreprises de Russie», s'insurge Moscou. Là encore, le ministère des Affaires étrangères ne cite pas d'exemples concrets.

3

Antisémitisme et xénophobie

L'antisémitisme serait en augmentation, et ce, particulièrement en Suisse romande. Le ministère russe cite des chiffres concrets: «En 2023, il y a eu 562 incidents antisémites, dont 26 ont été considérés comme «graves» (en 2021, il y a eu 165 incidents antisémites, dont 13 «graves")». Ces chiffres proviennent du rapport sur l'antisémitisme de 2023 et ils sont exacts.

En effet, les incidents antisémites ont augmenté de 68% en Suisse romande l'année dernière, selon la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (CICAD). Près de la moitié des incidents ont eu lieu après le 7 octobre 2023. Depuis l'escalade du conflit au Proche-Orient, 150 incidents ont été signalés chaque mois en Suisse romande, toujours selon la CICAD.

Le président du Centre contre-attaque

Les accusations de la Russie ont provoqué la controverse sur X. Certains commentaires évoquent une mauvaise blague. D'autres énumèrent les différents crimes commis par la Russie. Gerhard Pfister, le président du Centre, a lui aussi réagi.

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Le conseiller national zougois commente: «La Russie critique la situation des droits de l'homme en Suisse. Il est probable que Poutine ait été durablement impressionné par les progrès réalisés dans ce domaine lors de sa visite en Corée du Nord.» La Corée du Nord est tristement célèbre pour son régime autoritaire et ses violations des droits humains.

La CEDH épingle la Russie

La Suisse n'a rien à envier à la Russie. Fin juin, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné Moscou pour «violations systématiques» des droits humains dans la péninsule de Crimée, annexée en 2014. «Les incidents étaient si nombreux et interconnectés qu'il s'agit de violations systématiques», ont estimé les juges de Strasbourg. La plainte du gouvernement ukrainien comprenait des «arrestations illégales», la «répression des médias non russes et de la langue ukrainienne dans les écoles».

Il était aussi question de détention dans des prisons surpeuplées avant le début d'un procès, de condamnations sans procès équitable pour avoir soutenu l'Ukraine ou encore du transfert de la Crimée vers des prisons en Russie. Selon les juges, la Russie a violé de nombreux articles de la Convention européenne des droits de l'homme.

La Russie ne reconnaît plus la CEDH depuis 2022. La Cour continue toutefois de se pencher sur les procédures en cours.

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