Le service fédéral de renseignement allemand (BND) l’a laissé entendre lundi: la guerre en Ukraine devrait se poursuivre en 2023 encore.
«Les deux parties du conflit ukrainien continuent de chercher la décision sur le champ de bataille», a expliqué le président du BND, Bruno Kahl, lors d’une audition publique de l’organe de contrôle parlementaire du Bundestag. «Il est quasiment certain que les combats se poursuivront l’année prochaine», a-t-il ajouté.
L’image de la Russie en jeu
Pour le président russe, Vladimir Poutine, la perception de son pays comme une superpuissance aux yeux du monde est en jeu, a analysé le président du service fédéral de renseignement. Dans un «calcul coûts/bénéfices», le chef du Kremlin serait prêt à «accepter les coûts militaires, économiques et politiques d’une guerre d’agression contre l’Ukraine, assure encore Bruno Kahl. Les coûts pour la Russie à l’avenir lui semblent nettement plus élevés. Coûts qui résulteraient d’un rapprochement supplémentaire de l’Ukraine avec l’Occident et l’OTAN.»
Dans ce contexte, la Russie se réserverait également le droit d’utiliser pour la première fois des armes nucléaires. Dans un scénario limité à une région, ces dernières pourraient être utilisées «pour compenser une supériorité conventionnelle de l’adversaire et pour pouvoir dominer l’escalade militaire», suppute Bruno Kahl. L’objectif serait alors de «forcer l’adversaire à revenir à la table des négociations par une escalade de l’utilisation d’armes nucléaires stratégiques et de l’amener ensuite à accepter une paix dictée».
«Guerre contre le monde occidental»
Le président russe n’aurait d’ailleurs pas intérêt à négocier une sortie de conflit avec l’Occident, analyse encore le chef des services de renseignement allemands. Comme Vladimir Poutine l’a maintes fois sous-entendu, la «principale menace», pour lui, réside dans la propagation du «modèle social occidental de liberté et de démocratie». Pour le chef du Kremlin, ce dernier mettrait en danger «existentiellement» sa domination.
Ainsi, le conflit commencé par le président russe «ne concerne pas en premier lieu le territoire de l’Ukraine […]. Il s’agit pour lui d’une déclaration de guerre contre l’ensemble du monde occidental libéral et démocratique», avance Bruno Kahl.
Une audition publique des présidents des services de renseignement allemands a lieu une fois par an au sein de l’organe de contrôle parlementaire. Outre le chef du BND, le président de l’Office fédéral de protection de la constitution, Thomas Haldenwang, et la présidente du service de contre-intelligence militaire, Martina Rosenberg, se retrouveront ainsi face aux questions des députés, cette semaine.