Craintes de la population
La deuxième mobilisation en Russie «peut commencer à tout moment»

Tous les signes indiquent une nouvelle mobilisation en Russie - mais celle-ci représente un risque pour la politique intérieure. Vladimir Poutine est confronté à un dilemme. Ulrich Schmid, expert de l'Europe de l'Est, explique pourquoi.
Publié: 18.01.2023 à 13:08 heures
1/10
Selon les médias russes, la deuxième mobilisation est imminente. En octobre dernier, des recrues avaient déjà dû faire leurs adieux à leurs proches, comme ici à Moscou.
Photo: Getty Images
Jenny Wagner

En Ukraine, Vladimir Poutine veut agir de manière plus agressive pour avancer plus vite. Et pour cela, il a un besoin urgent de soldats. Une deuxième mobilisation semble inévitable. «La nouvelle vague de mobilisation peut commencer à tout moment», écrit ainsi le magazine indépendant russe «Verstka».

Le Kremlin n’a pas encore annoncé officiellement que d’autres hommes seraient mobilisés. Mais selon les médias russes, tout porte à le croire. Les services militaires et les services municipaux se prépareraient méticuleusement à de nouvelles convocations.

Il a également été interdit aux fonctionnaires de prendre des vacances en janvier et février en raison du travail qui les attend, écrit le «Moscow Times».

La mobilisation est «administrativement difficile»

La première mobilisation partielle s’est tout sauf déroulée comme prévu – même Vladimir Poutine avait reconnu des erreurs. C’était un véritable chaos bureaucratique: des pères de famille, des Russes handicapés et des personnes décédées ont été appelés par erreur. De plus, il y avait un manque d’armes et d’équipement. L’ancien soldat d’élite russe Pavel Filatiev écrit dans son livre sur l’armée russe qu’elle est «désespérément dépassée sur le plan technique et moralement pourrie». D’autres soldats se sont pareillement plaints de ces conditions.

«Une deuxième vague de mobilisation sera difficile à réaliser sur le plan administratif», constate Ulrich Schmid, professeur de culture et de société russes à l’université de Saint-Gall.

D’une part, la mobilisation est liée à des coûts immenses. Le fait que l’économie du pays en soufre de la guerre est assez indifférent au Kremlin, car les intérêts géopolitiques sont plus importants.

Gouvernement impopulaire

Mais un autre aspect pèse encore plus lourd dans la balance: «Le Kremlin sait très bien qu’en mobilisant, il sape sa propre position de force au sein de la population», explique Ulrich Schmid à Blick. Car la première mobilisation a déjà fortement ébranlé la confiance du peuple envers le gouvernement.

Jusqu’à présent, Vladimir Poutine se mure dans le silence. Les préparatifs se font sous le manteau. «On ne déclare pas officiellement de nouvelle mobilisation, mais on convoque encore les soldats au titre de l’ancienne mobilisation», indique Ulrich Schmid. Les experts craignent que bien plus que les 300’000 réservistes annoncés à l’époque aient déjà été convoqués.

Un dilemme poutinien

Le gouvernement a également d’autres méthodes pour envoyer les gens à la guerre sans nouvelle mobilisation. L’âge de la conscription doit par exemple passer de 18-27 ans à 21-30 ans. Et au lieu d’envoyer d’anciens réservistes au front, on envoie des conscrits après un entraînement de quatre mois, écrit le service d’information «Nastajaschia Vremja».

«La guerre est impopulaire au sein de la population russe, mais la perspective d’une défaite est encore pire», note toutefois Ulrich Schmid. Vladimir Poutine se trouve donc dans une situation délicate: il doit montrer des succès en Ukraine pour que la population continue à le soutenir. Mais à chaque soldat tué, le mécontentement vis-à-vis de la guerre augmente et la volonté de servir dans la guerre ne cesse de diminuer.


Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la