Depuis le décret d’une semi-mobilisation en Russie, nombreux sont les hommes qui refusent de partir au front. Les plus chanceux parviennent à s’enfuir. Pour les autres, c’est l’emprisonnement quasi assuré. Aleksandr A.*, Andreay V.* et le réserviste Mikhaïl N.* en ont fait les frais, parmi tant d’autres.
Pendant deux semaines, les militaires ont retenu ces hommes et trois autres mobilisés dans une cave de la République populaire autoproclamée de Lougansk. Le journal indépendant russe «Novaïa Gazeta» raconte leur calvaire.
À lire sur les déserteurs russes
Trois jours de malnutrition
Le média russe rapporte que les déserteurs ont déposé une plainte pour abus de pouvoir, enlèvement et détention illégale. C’est ce qu’a également fait savoir l’organisation de défense des droits de l’homme Agora. Comme d’innombrables militaires russes auparavant, les soldats avaient déserté à cause du «soutien médical et matériel insuffisant» sur le front.
Les hommes de main de Vladimir Poutine ont alors emmené les déserteurs dans une cave, avec 280 hommes mobilisés. «Les trois premiers jours, nous n’avons pas été nourris. Nous avons reçu trois rations périmées pour neuf personnes, dont nous nous sommes nourris pendant trois jours», se souvient Mikhaïl N.
Des seaux et des bouteilles en guise de toilettes
Le directeur d’Agora, Pavel Chikov, parle aussi de «conditions inhumaines» de détention. Les hommes enfermés auraient par ailleurs subi des pressions psychologiques et des menaces de la part des commandants russes et du Parquet militaire.
Des soldats russes enfermés à Lougansk pour objection de conscience avaient déjà déposé une plainte auprès de la commission d’enquête en août. Selon le document, environ 140 soldats ont été détenus illégalement dans différents endroits de Lougansk.
Ils manquaient non seulement de nourriture, mais aussi de toilettes. De rudimentaires seaux en fer et des bouteilles en plastique leur avaient été laissés pour faire leurs besoins, précise encore le document.
Des déserteurs toujours enfermés
Ce n’est qu’à l’expiration de leur contrat militaire que les soldats russes, qui ont désormais entamé une procédure pénale avec l’aide de l’organisation des droits de l’homme, auraient été autorisés à partir. Le réserviste Mikhaïl N., qui n’est pas un soldat sous contrat, a également été libéré le 13 novembre. Le Russe, qui a apparemment été envoyé au combat «sans examen médical et sans formation au combat appropriée», aurait souffert de problèmes de santé.
Alors que certains des déserteurs ont été libérés, d’autres mobilisés sont toujours détenus dans la cave, dénonce encore le défenseur des droits de l’homme Pavel Chikov.
*Noms d’emprunt