Bonne surprise en Europe de l'Est
Avec son nouveau président, la République tchèque fait un choix européen

Ancien général parachutiste, Petr Pavel, 61 ans, a été élu samedi président de la République tchèque. Cet ancien officier supérieur de l'OTAN a battu Andrej Babis, un oligarque pro-russe qui dirigea le gouvernement entre 2017 et 2021.
Publié: 29.01.2023 à 14:29 heures
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Dernière mise à jour: 29.01.2023 à 14:46 heures
Battu à l'élection présidentielle après avoir été premier ministre de la République Tchèque entre 2017 et 2021, Andrej Babis avait semé le trouble durant la campagne en affirmant qu'il n'enverrait certainement pas des troupes tchèques en cas d'attaque contre la Pologne ou les États baltes.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Mauvaise nouvelle pour Vladimir Poutine et les réseaux d’influence russes en Europe de l’Est. Élu samedi président de la République tchèque avec environ 58% des voix, l’ancien général parachutiste Petr Pavel devrait contribuer à remettre son pays sur les rails de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), dont il est membre depuis mars 1999.

L’ex-officier supérieur de 61 ans s’est en effet imposé sans coup férir, face à celui dont l’accession au pouvoir, au château de Prague, aurait sérieusement compliqué la tâche des alliés engagés dans le soutien militaire à l’Ukraine.

Babis, l’oligarque battu

Andrej Babis, 69 ans, est un oligarque de l’agroalimentaire qui regardait ouvertement du côté de Moscou. Cet ancien Premier ministre (entre 2017 et 2021) avait même averti durant la campagne électorale qu’il n’enverrait certainement pas de troupes au secours de la Pologne ou des pays baltes, si ceux-ci se trouvaient attaqués, malgré la clause de défense collective qui s’impose aux 30 pays membres de l’OTAN. Sa tournée en Europe occidentale durant la campagne et sa réception à l’Élysée par Emmanuel Macron le 10 janvier, trois jours avant le premier tour, avaient semé le trouble.

Lire cette élection présidentielle uniquement à travers le prisme de la guerre en Ukraine et de la peur de la Russie dans cet ancien pays du bloc soviétique qu’est la République tchèque (où les chars russes écrasèrent le «printemps de Prague» en 1968) serait une erreur.

Petr Pavel s’est aussi révélé, durant la campagne, comme un leader charismatique, que sa carrière militaire a préservé des couloirs du pouvoir remplis d’affairistes. Haut responsable de l’OTAN durant une décennie – après avoir été le chef de l’état-major tchèque de 2012 à 2015, il a dirigé le comité militaire de l’Alliance jusqu’à 2018 – cet officier qui s’illustra durant la guerre des Balkans au sein des forces de l’ONU a su saisir le moment, en misant sur la société civile. Durant la pandémie, le travail social de son organisation «Stronger Together» a été salué.

À distance des partis politiques

Autre atout: sa promesse de se tenir à distance des partis politiques, très discrédités dans ce pays de 10,5 millions d’habitants, et d’être un président «indépendant». Un rôle en phase avec les prérogatives de chef de l’État, limitées dans le fonctionnement quotidien de l’exécutif, mais plus que symboliques, puisqu’il est élu au suffrage universel depuis 2013. Petr Pavel remplace Milos Zeman, dont les prises de position pro russes ont, avant la guerre en Ukraine, compliqué les relations entre Prague, Bruxelles et Washington. Zeman soutenait Babis. Tous les deux ont donc perdu leur pari.

Petr Pavel ne jouera sans doute pas d’emblée les premiers rôles au sein de l’Union européenne (UE) – son pays vient d’assumer la présidence tournante de l’UE au second semestre 2022 – ou de l’OTAN. Il devra aussi, sans doute, s’expliquer davantage sur son passé qui le vit adhérer au parti communiste dans les années 1980, au seuil de sa carrière militaire.

L’on sait aussi combien la République tchèque est un pays divisé, comme le montra dans les années 2000 la rivalité entre l’ancien dissident proeuropéen devenu président de la République (1993-2003) Vaclav Havel et son successeur europhobe Vaclav Klaus (2003-2013).

La fin d’une parenthèse populiste?

Restent les faits à l’heure où un pays voisin, la Hongrie, sème toujours l’inquiétude au sein de l’OTAN, en continuant de cultiver ses relations proches avec la Russie via son premier ministre Viktor Orban. Petr Pavel est vu comme un ex-général qui saura, s’il le faut, dire non militairement à Moscou: «Lorsqu’il était Premier ministre, Andrej Babis a suscité l’inquiétude à Bruxelles en raison de son admiration indéfectible pour Donald Trump, qui était alors président des États-Unis. Il se disait prêt à défier depuis la présidence l’actuel gouvernement de coalition dirigé par Petr Fiala», rappelait récemment le «Financial Times».

Et de pronostiquer: «La victoire de Pavel offrira des relations plus chaleureuses avec l’UE et une politique stable, car la coalition au pouvoir sera soutenue par un président qui la soutiendra.»

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