Il est blanc. C’est un cogneur. Et il sait parler aux Américains des classes populaires. Tim Walz, 60 ans, est l’arme de destruction massive que Kamala Harris a trouvé pour abattre la forteresse masculine qu’est l’électorat trumpiste. A elle, le soin de s’assurer du soutien crucial des électrices, en parlant des sujets comme le droit à l’avortement, que les républicains version Trump combattent ouvertement. A lui, la boxe politique entre hommes. Tim Walz, silhouette massive et dégaine à la Warren Buffett – le milliardaire de 93 ans basé à Omaha, dans le Nebraska – va monter sur le ring électoral pour redire une évidence: Trump, milliardaire new-yorkais, n’est pas le défenseur des habitants du Midwest qu’il prétend être.
Un choix de campagne
Le choix de Kamala Harris est donc, avant tout, un choix de campagne électorale. Tim Walz n’est pas un vieux routier de la politique fédérale. Il ne peut pas apporter ce que Joe Biden apporta à Barack Obama en 2008: une connaissance quasi illimitée des arcanes du Congrès, et un réseau international acquis au fil de quarante années passées comme sénateur du Delaware et président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat.
Tim Walz a pour mission, au contraire, d’enraciner Kamala Harris hors de Washington, dans cette partie centrale des États-Unis que Trump considère comme son bastion. L’État dont il est gouverneur, le Minnesota, abrite près de Minneapolis le plus grand centre commercial du pays: «The Mall of America» à Bloomington. 40 millions de visiteurs s’y rendent chaque année. C’est cela, l’Amérique de Tim Walz: une sorte de prolongation du nouveau new deal promis par Joe Biden aux classes moyennes.
De la boue dans les bottes
Donald Trump avait cru miser sur le bon cheval électoral en optant, comme colistier, pour J.D. Vance, un ancien marine issu d’une famille éclatée et pauvre de l’Ohio, devenu avocat et virtuose du capital-risque, après avoir écrit un livre à succès sur son Amérique déclassée. Cela pouvait sonner juste face au tandem Biden-Harris, lui symbolisant le patriarche politique trop âgé et trop éloigné des réalités du moment, elle incarnant l’intelligentsia californienne.
Changement de décor aujourd’hui. La procureure Kamala Harris s’est redécouverte militante, féministe, femme de terrain, toujours à son meilleur lorsqu’elle échange avec le personnel de centres sociaux ou d’associations. Le gouverneur Walz devra être celui qui rajoute de la boue à ses bottes. Il sait ce que l’Amérique peut produire de pire en termes d’émeutes urbaines, car il a dû gérer la mort de Georges Floyd, tué par un policier blanc (condamné ensuite à 22 ans de détention) le 25 mai 2020. Walz pourra dire à Trump et à Vance, les yeux dans les yeux, ce qu’est la guerre civile, et pourquoi elle menace les États-Unis.
Tim Walz est un Américain de carte postale. Massif. Marrant. Bon vivant. Direct. Sa force sera d’offrir aux électeurs masculins de l’ancien président une histoire politique qu’ils pourront difficilement jeter aux orties. Biden incarnait l’establishment démocrate. Le politicien professionnel. L’élite fédérale de la côte est.
entraîneur de football américain
Walz peut parler aux Texans, aux mecs des banlieues de Chicago, aux fermiers du Wyoming, aux industriels de Pennsylvanie. Il a, en plus, protégé le droit à l’avortement dans son État. Il est le père dont pas mal d’Américaines pourraient rêver. Il a grandi dans le Nebraska, l’État de Warren Buffett, où il a servi dans la Garde nationale. Il a été réélu cinq fois à la Chambre des représentants. Il a été prof de High School et entraîneur de football américain.
Trump pensait mettre KO Joe Biden: les uppercuts politiques de Tim Walz pourraient bien le pousser dans les cordes.