Deux semaines après le retrait de Joe Biden de la course à sa propre succession, Kamala Harris est maintenant assurée d'être la représentante des démocrates lors des élections présidentielles qui se dérouleront en novembre.
Grâce à un début de campagne idéal, Kamala Harris s'est déjà érigée comme une rivale redoutable pour Donald Trump, dont l'élection semblait pratiquement promise. Aujourd'hui, l'issue du scrutin parait plus incertaine que jamais.
En savoir plus sur la campagne de Kamala Harris
Interrogé par Blick, Dan Morain, un auteur américain accompagnant Kamala Harris depuis plusieurs dizaines d'années, s'est exprimé sur la situation actuelle de la candidate démocrate. Il en a profité pour dévoiler les coulisses de la campagne de l'actuelle vice-président des États-Unis.
Monsieur Morain, les États-Unis sont-ils prêts à accueillir Kamala Harris à la présidence?
La moitié du pays l'est, l'autre moitié non. C'est aussi simple que cela aux États-Unis: nous sommes un pays divisé.
Dans l'autre sens, Kamala Harris est-elle prête à occuper cette fonction?
Kamala Harris a été procureure générale de Californie pendant six ans, puis sénatrice et enfin vice-présidente des États-Unis. Ses qualifications ne font donc guère de doute. Serait-elle également une bonne présidente? Ça, c'est une autre question.
Et alors, serait-elle une bonne présidente?
On ne peut pas le savoir à l'avance. Ce qui est sûr, c'est que Kamala Harris est notoirement sous-estimée. Même par Donald Trump. Ça a toujours été le cas, même bien avant le début de sa campagne. Lorsqu'elle s'est présentée au poste de procureure de San Francisco il y a de nombreuses années, son adversaire pensait qu'elle n'avait aucune chance. Lorsqu'elle s'est présentée au poste de procureur général de Californie, son adversaire se voyait également déjà vainqueur. Pourtant, elle a gagné les deux fois.
Quel est son plus grand atout dans cette campagne?
Donald Trump.
Comment expliquez-vous cela?
Trump polarise à un tel point que la moitié du pays ne votera jamais pour lui, peu importe ce que fasse Kamala Harris.
N'est-elle donc pas qu'une sorte d'anti-Trump? En tant que vice-présidente sous Joe Biden, elle est restée presque invisible. Ce n'est pas forcément une bonne chose.
N'est-ce pas dans la nature des choses? Les vice-présidents sont toujours dans l'ombre. Leur travail est d'être là quand le président est en difficulté, d'être son plus fidèle soutien. Et je pense qu'elle l'était pour Biden. Elle a été une vice-présidente loyale.
Maintenant, elle doit se créer elle-même son propre profil. En est-elle capable?
Je lui fais confiance. Kamala Harris est une excellente combattante électorale. L'un des sujets centraux des prochains mois sera le droit à l'avortement. Elle peut marquer des points avec sa position libérale. Elle peut donc assurer de manière crédible que les droits des femmes est un sujet qui lui tient à cœur. Comme je l'ai dit, Kamala Harris est sous-estimée
Beaucoup d'électeurs ne connaissent Kamala Harris que depuis qu'elle est sénatrice. Certains ne peuvent même pas prononcer correctement son prénom. Vous l'accompagnez depuis 30 ans. Comment la décririez-vous personnellement?
C'est une femme intelligente et charismatique. Elle a le cœur à la bonne place. Je pense qu'elle a beaucoup de compassion et qu'elle arrive à se mettre à la place des gens et de leurs problèmes.
Cela ressemble plus à un spot publicitaire qu'à la réalité...
Peut-être, mais c'est ainsi. J'ai déjà rencontré beaucoup de femmes et d'hommes politiques. Kamala Harris est une exception. C'est une dure à cuire, mais elle est en même temps très charmante. Son caractère est très engageant.
Les parents de Harris se sont rencontrés à l'université de Berkeley pendant le mouvement de 68. Dans votre biographie, vous décrivez une scène de cette époque: les parents ont emmené leur fille dans une poussette à une manifestation. Ils s'amusaient à se pencher sur la petite Kamala et à lui demander: «Qu'est-ce que tu veux?» Kamala – qui ne savait alors prononcer que cinq ou six mots – aurait répondu: «La liberté!» Quel rôle le foyer familial a-t-il joué dans sa carrière de politicienne?
Un rôle extraordinairement important. Kamala Harris est issue d'une famille libérale, très prospère et extrêmement axée sur la performance. Sa mère était une chercheuse en cancérologie née en Inde et son père, originaire de Jamaïque, était professeur d'économie. Aujourd'hui encore, Kamala Harris parle constamment de sa mère.
Il lui reste à peine 100 jours avant les élections du 5 novembre. Que lui conseilleriez-vous à présent?
Elle doit rester elle-même. Être authentique, ne pas faire semblant. Il faut préciser qu'elle n'a pas le droit à l'erreur. Ce ne sera pas facile. Le début a déjà été formidable, elle a réussi à rassembler le Parti démocrate derrière elle et à récolter de nombreux dons. Mais c'est maintenant que tout commence vraiment.
Osez-vous faire un pronostic?
Ceux qui pensent pouvoir prédire les élections se font des illusions. Kamala Harris peut y arriver, j'en suis convaincu. Mais elle se présente actuellement en tant qu'outsider. Si l'élection avait lieu aujourd'hui, il est presque certain que Trump gagnerait. Je vous le dis: Ça va être une course infernale!