C'est loin d'être évident
Les colistiers influencent-ils vraiment l'élection présidentielle?

Après plusieurs jours à se creuser la tête, Kamala Harris a choisi de nommer Tim Walz, le gouverneur du Minnesota comme colistier et potentiel vice-président. Des chercheurs estiment toutefois que le choix de ce «running mate» importe peu.
Publié: 06.08.2024 à 18:00 heures
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Dernière mise à jour: 06.08.2024 à 19:44 heures
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Lorsque le président américain Joe Biden s'est retiré de la campagne électorale de 2024, la vice-présidente Kamala Harris s'est immédiatement rendue sur place pour prendre le relais.
Photo: keystone-sda.ch
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Chiara Schlenz

La carrière de Kamala Harris a connu une belle promotion: de candidate démocrate à la vice-présidence des États-Unis, elle est devenue candidate à la présidence. Ce mardi 6 août, elle vient de se choisir un potentiel successeur, en la personne de Tim Walz, gouverneur du Minnesota. Une décision qui ne manquera pas d'être scrutée, commentée et analysée. Pourtant, Kamala Harris n'aurait pas vraiment de raison de se tracasser – des études montrent que le choix du vice-président n'a que peu d'impact sur la campagne électorale.

Cette idée peut sembler surprenante tant la campagne électorale de cette année a été marquée par un battage important autour du choix des candidats à la vice-présidence. En partie à juste titre, comme l'a montré l'exemple de Joe Biden. Après le retrait du président de la course, Kamala Harris a pris les rênes avec plus de succès que son prédécesseur. Comment peut-on alors dire que le choix des vice-présidents n'est pas décisif?

Les vice-présidents ont moins d'influence qu'on ne le pense

Les chercheurs américains Christopher Devine et Kyle Kopko ont exploré cette question dans leur livre publié en 2020, et ils soutiennent toujours leur thèse pour cette campagne électorale. L'hypothèse selon laquelle le bon vice-président peut par exemple s'adresser à un certain groupe démographique ou ethnique ou élaborer un avantage dans son État d'origine ne tient pas.

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Christopher Devine et Kyle Kopko ont étudié la question de l'avantage du terrain en se basant sur des données qui remontent à 1884: «On fait beaucoup d'histoires pour rien. Il n'est même pas statistiquement prouvé que cet avantage du terrain existe. En 2004, par exemple, le candidat démocrate John Kerry a misé sur un vice-président du "swing state" de Caroline du Nord – qu'il a malgré tout perdu au profit du républicain George W. Bush.»

D'où vient donc ce mythe? «A première vue, cette hypothèse a du sens. Et plus on entend la même thèse, plus on a tendance à y croire», expliquait Christopher Devine la semaine dernière à «NPR». Mais cela ne la rend pas vraie pour autant!

Les vice-présidents n'aident pas non plus à mobiliser des groupes démographiques spécifiques. Par exemple, John McCain avait choisi Sarah Palin en 2008 pour attirer l'électorat féminin, mais cela n'a pas fonctionné. De même, la nomination de Mike Pence n'a pas particulièrement renforcé le soutien évangélique pour Donald Trump en 2016.

L'exception confirme la règle

En fait, les électeurs ne s'intéressent pas du tout au choix du vice-président. Les électeurs interrogés par les deux chercheurs indiquent que le choix du vice-président fait partie des considérations les moins importantes dans leur décision de vote. Moins d'un électeur sur dix déclare avoir déjà changé son choix de vote en raison du candidat à la vice-présidence.

Selon les chercheurs américains, il existe toutefois une exception à la thèse selon laquelle «les vice-présidents n'intéressent pas les électeurs»: le choix du colistier peut influencer les électeurs en tant qu'indicateur du jugement du candidat à la présidence. Les électeurs se préoccupent de ce que ce choix révèle sur le candidat principal. Ainsi, le colistier de Kamala Harris, Tim Walz, pourrait donner des indices sur qui elle est vraiment, tout comme le choix de J.D. Vance par Donald Trump pourrait informer sur ce à quoi on peut s'attendre de Trump en cas de second mandat.

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