Le vidéo-blogueur de 43 ans a été condamné à 18 ans de prison pour «organisations de troubles massifs», «incitation à la haine dans la société», «troubles à l'ordre public» et «obstruction à la Commission électorale». Une autre figure majeure de l'opposition, Mikola Statkevitch, 65 ans, un ancien candidat à la présidentielle de 2010 ayant déjà passé plusieurs années en prison, a lui été condamné à 14 ans de détention.
Autres coaccusés, Artiom Sakov et Dmitri Popov, qui travaillaient pour M. Tikhanovski, devront passer 16 ans derrière les barreaux. Vladimir Tsyganovitch, Youtubeur critique du pouvoir, et Igor Lossik, un journaliste d'opposition de 29 ans, écopent chacun de 15 ans d'emprisonnement.
Contrainte à l'exil depuis l'été 2020 pour avoir inspiré une vague de contestation sans précédent dans son pays, Svetlana Tikhanovskaïa, 39 ans, a immédiatement dénoncé ce verdict très lourd.
«Mon mari, Sergueï Tikhanovski, est condamné à 18 ans d'emprisonnement. Le dictateur (M. Loukachenko) se venge publiquement de ses opposants les plus forts», a réagi sur Twitter Mme Tikhanovskaïa. Puis elle a promis de continuer son combat. «Nous ne nous arrêterons pas», a-t-elle prévenu, relevant que «le monde entier regarde» la répression orchestrée au Bélarus
Quelques heures avant la sentence, elle avait publié une vidéo, assise devant un mur décoré de dessins d'enfants et d'un portrait de son époux.
Sergueï Tikhanovski était un Youtubeur en vue pour ses vidéos éreintant Alexandre Loukachenko, qu'il traitait de «cafard» à écraser. Il a été arrêté en mai 2020 alors qu'il projetait de se présenter à la présidentielle du mois d'août.
Sa femme Svetlana, sans expérience politique, l'avait remplacé au pied levé «par amour», mobilisant à la surprise générale des foules jamais vues contre Alexandre Loukachenko, une contestation que le régime bélarusse a réprimé à coups de matraques, de lourdes peines de prison et d'exils forcés.
M. Tikhanovski et ses coaccusés étaient jugés depuis juin à huis clos. Quasiment aucune information n'a filtré sur ce procès. Les avocats de la défense ont été interdits de s'exprimer sous peine de perdre le droit d'exercer.
«J'estime que (ces accusations) sont imaginaires et motivées politiquement», avait indiqué M. Tikhanovski dans une lettre fin mai au média allemand Deutsche Welle.
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En 2021, la justice bélarusse avait déjà condamné deux opposants d'envergure : l'ex-banquier et candidat à la présidentielle Viktor Babaryko et sa directrice de campagne, Maria Kolesnikova, qui ont écopé respectivement de 14 et 11 ans de prison. Parmi les figures de l'opposition de premier plan, M. Tikhanovski a donc écopé de la peine la plus lourde. Selon l'ONG Viasna, le Bélarus compte actuellement 912 prisonniers politiques.
Svetlana Tikhanovskaïa, une ancienne enseignante d'anglais, est devenue l'égérie des détracteurs de M. Loukachenko, contre qui elle a fait campagne lors de la présidentielle de 2020. Mais peu après, le régime l'a forcée à l'exil et, depuis, elle sillonne le monde, reçue par les chefs d'Etat et de gouvernements occidentaux, pour accroître la pression sur le président bélarusse.
Pour dénoncer la répression, l'Union européenne, les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux ont pris plusieurs séries de sanctions contre des personnalités et entreprises liées au régime, qui s'est rapproché en contrepartie de Moscou, son principal allié.
Début décembre, les Occidentaux ont à nouveau sanctionné Minsk, accusé malgré ses dénégations d'avoir orchestré une crise migratoire à sa frontière avec la Pologne pour se venger et tenter de déstabiliser l'Union européenne.
(ATS)