Avant un échange de prisonniers
Voilà pourquoi Poutine voulait que Navalny meure maintenant

L'opposant au Kremlin Alexeï Navalny, décédé dans un camp pénitentiaire russe, aurait pu être échangé contre le tueur du Tiergarten, détenu en Allemagne. Mais Poutine n'aurait pas voulu laisser partir son adversaire politique.
Publié: 26.02.2024 à 18:57 heures
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Dernière mise à jour: 27.02.2024 à 08:15 heures
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La mort soudaine de l'opposant à Poutine Alexeï Navalny a suscité l'effroi il y a deux semaines.
Photo: keystone-sda.ch

L'opposant au Kremlin Alexeï Navalny, qui a perdu la vie dans un camp pénitentiaire russe, aurait pu être échangé contre Vadim Krasikov, le tueur du Tiergarten détenu en Allemagne, selon les informations de son équipe. Ce dernier a été condamné à la prison à vie pour avoir assassiné Zelimkhan Khangoshvili en août 2019 dans le petit parc zoologique de Tiergarten à Berlin.

D'origine tchétchène, le tueur en exil à Berlin aurait commis ce meurtre sur ordre des services étatiques russes. On avait spéculé à plusieurs reprises que Poutine voulait le faire libérer dans le cadre d'un échange de prisonniers, ce qu'il avait quasiment confirmé dans une interview avec l'animateur de talk-show américain Tucker Carlson.

«Navalny devait être libéré dans les prochains jours parce que nous avions obtenu une décision sur son échange», a déclaré lundi Maria Pevchikh, la directrice politique du Fonds Navalny pour la lutte contre la corruption, dans une vidéo publiée sur YouTube.

Un comportement «absolument illogique et irrationnel»

Début février, le chef du Kremlin aurait reçu une offre selon laquelle le tueur du Tiergarten condamné en décembre 2021, aurait pu être remis à la Russie en échange d'Alexeï Navalny et de deux Américains. Maria Pevchikh n'a pas précisé qui aurait participé à l'élaboration de ces prétendus plans d'échange ni à quel point ils étaient concrets.

Maria Pevchikh a reproché à Poutine d'avoir ensuite personnellement ordonné l'assassinat d'Alexeï Navalny. Il n'aurait voulu libérer Navalny à aucun prix. Alors que l'Occident était prêt à échanger Vadim Krasikov, Poutine a décidé de se débarrasser d'Alexeï Navalny comme monnaie d'échange, suppose la directrice. «C'est un comportement absolument illogique et irrationnel, digne d'un fou», éructe-t-elle.

Un enterrement secret refusé par la mère

Selon les autorités, Alexeï Navalny est mort le 16 février dans un camp pénal dans la région arctique de Yamal, en Sibérie. Les circonstances de sa mort n'ont pas été élucidées. L'homme politique, affaibli par son empoisonnement en 2020 et par des isolements répétés au sein du camp, se serait effondré lors d'une ronde dans la cour de la prison, et serait mort malgré des tentatives de réanimation. Selon l'équipe d'Alexeï Navalny, le certificat de décès fait état de causes «naturelles».

Pendant plus d'une semaine, les autorités ont gardé le corps sous clé. On ne sait toujours pas où l'enterrement aura lieu. Sa mère, Lyudmila Navalnaya, a demandé des funérailles publiques afin que non seulement les membres de sa famille, mais aussi ses partisans puissent faire leurs adieux au leader de l'opposition russe. Elle avait refusé de faire un enterrement secret et avait publiquement accusé les autorités de faire du chantage à ce sujet.

Après plusieurs jours de lutte autour de la dépouille, le Kremlin a nié toute tentative d'influence sur ses proches. «Le Kremlin ne peut pas exercer de pression. Ce sont encore des déclarations absurdes des partisans de Navalny», a déclaré lundi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par l'agence de presse Interfax. La mère d'Alexeï Navalny a reçu le corps de son fils ce week-end, après avoir demandé à Vladimir Poutine de le lui remettre.

(Avec ATS)

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