Après la guerre en Ukraine
Une autre Europe est indispensable, et la Russie devra y trouver sa place

Le président français, Emmanuel Macron, n'a pas répété vendredi à Munich son appel à des «garanties de sécurité» pour la Russie. Mais il a redit qu'une autre Europe doit trouver sa place autour de l'Union européenne. La Suisse est concernée, même s'il ne l'a pas citée.
Publié: 17.02.2023 à 20:42 heures
C'est à Chisinau, en Moldavie, que se tiendra le 1er juin le second sommet de la Communauté politique européenne (CPE) supposée réunir autour de l'UE les pays non membres ou candidats, dont la Suisse. Pour Emmanuel Macron, cette CPE doit demeurer un cap pour l'Europe de demain.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Il ne téléphone plus à Vladimir Poutine. Il soutient aujourd’hui sans réserve l’aide militaire à l’Ukraine. Il affirme que «l’agression russe doit échouer». Mais il alerte sur une guerre «prolongée». Un an après le début de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, Emmanuel Macron n’est plus ce président qui cherche à apaiser Moscou. Mais il est aussi conscient d’une évidence: «Aucun d’entre nous ne changera la géographie de la Russie. Elle sera toujours sur le sol européen à l’issue de ce conflit. Il nous faut donc embrasser la question russe sans aucune complaisance, mais avec réalisme», a déclaré le président français vendredi, lors de son intervention au début de la Conférence annuelle sur la sécurité de Munich.

«L’heure n’est pas au dialogue»

Embrasser la question russe? Cela veut dire, pour Emmanuel Macron, accepter de transformer l’Europe pour pouvoir, demain ou après-demain, vivre aux côtés de cette puissance redevenue agressive. «Très clairement, aujourd’hui, l’heure n’est pas au dialogue avec une Russie qui a choisi d’intensifier la guerre et d’aller jusqu’aux crimes de guerre, a-t-il poursuivi. Nous sommes prêts à un conflit prolongé, même si je ne le souhaite pas.»

Pas d’illusion en revanche: une autre Europe doit naître. «Il faut penser une Europe plus large à travers la Communauté politique européenne (CPE), qui aura un rôle important à jouer en accueillant des puissances qui n’ont jamais rejoint l’Union européenne, des pays candidats, et des pays qui ont quitté l’UE.» La CPE est une idée dont le président français revendique la paternité. Son premier sommet s’est tenu à Prague le 6 octobre, en présence de 44 dirigeants, dont le président de la Confédération d'alors, Ignazio Cassis, présent vendredi à la conférence de Munich en tant que ministre des Affaires étrangères.

La Suisse est à bord

La Suisse n’a pas été spécifiquement mentionnée par Emmanuel Macron, qui a insisté sur le rôle des pays européens non-membres de l’Union. Le président français a en revanche lancé un appel vibrant à soutenir la Moldavie, pays auquel l’UE a octroyé le statut de candidat en juin, aux côtés de l’Ukraine.

Logique: la stabilité politique moldave est actuellement soumise à rude épreuve, en raison de la guerre en Ukraine. Et c’est à Chisinau, la capitale du pays, que la CPE doit tenir son second sommet, le 1er juin prochain. Une troisième réunion aura ensuite lieu en Espagne, durant la seconde moitié de l’année. De source diplomatique, l’hypothèse d’une rencontre suivante en Suisse aurait déjà été évoquée pour 2024.

Retrouvez le discours d’Emmanuel Macron à Munich:

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Comment faire, demain ou après-demain, pour que les pays européens vivent en paix aux côtés d’une Russie qui, selon Emmanuel Macron, s’est lancée dans une «guerre néocoloniale et impérialiste», cherche à exercer «un droit de tutelle sur un autre peuple» et a pris la tête d’une «internationale du crime et du désordre»? Sur les modalités, le président français ne s’est pas avancé. Il a toutefois affirmé que la future organisation géopolitique de l’Europe devra être conçue «pour prévenir d’autres crises».

C’est évident: le grand chamboulement du Vieux Continent, engendré dans le sang par la guerre en Ukraine, ne fait que commencer.

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