Les voyages de Joe Biden au Proche-Orient se sont déroulés aux antipodes l'un de l'autre. Lorsqu'il s'est rendu en Israël en juillet 2022, il a réuni l'État juif et l'Arabie saoudite ennemie. C'était une raison d'espérer, et une prouesse de politique étrangère pour le président américain, pour qui la paix au Proche-Orient semble être une priorité.
Le voyage de mercredi dernier s'est déroulé sous de tout autres auspices. Au lieu de l'apaisement d'il y a un an, le président américain appuie son soutien à Israël et «son droit de se défendre» à la suite de l'attaque du Hamas. Depuis, les représailles de l'Etat hébreu font rage, laissant la population gazaouie dans une crise humanitaire impitoyable.
Un autre point culminant de la guerre a été la roquette qui a frappé l'hôpital Al-Ahli mardi soir près de la ville de Gaza. Les premières évaluations des services de renseignement américains et européens ont montré qu'une roquette mal dirigée en provenance de la bande de Gaza était probablement responsable de la tragédie qui a peut-être fait plus de 500 morts. Ce chiffre annoncé par le Hamas est maintenant mis en doute. Pour l'heure, aucune enquête indépendante n'a été menée permettant d'émettre une explication définitive.
Les Etats-Unis doivent faire pression sur Israël
La mission de Biden a été un symbole puissant, mais au rendement faible. Il a certes fait en sorte que le blocus de l'aide humanitaire à la bande de Gaza soit levé, et qu'Israël retarde son offensive terrestre dans la bande de Gaza, empêchant ainsi le Hezbollah libanais d'intervenir dans la guerre. Mais les discussions prévues avec les Palestiniens et les États voisins qui pourraient intervenir en tant que médiateurs n'ont pas eu lieu. L'Egypte et la Jordanie ont rejeté Biden après que le chef palestinien Mahmoud Abbas a annulé la rencontre – en raison de l'explosion de la roquette.
La réponse de Biden à la guerre se traduit sous la forme de plusieurs milliards pour Israël – des chars et des portes avion ont été envoyés, comme l'a annoncé ce vendredi le président à la Maison-Blanche. Pour un apaisement durable de la situation au Proche-Orient, il faut toutefois avoir une refléxion critique avec l'Etat hébreu ami.
C'est au nom de cette amitié que les Etats-Unis ont laissé beaucoup de marge de manœuvre à Israël. Ils ont ainsi toléré qu'Israël développe la bombe atomique. Même en ce qui concerne la construction de colonies, illégale selon le droit international de l'ONU, les Américains ont récemment hésité à condamner l'occupation rampante de la Cisjordanie. La violence des colons à l'encontre des Palestiniens en juin est l'une des principales raisons pour lesquelles le Hamas attaque actuellement à nouveau Israël.
Bush est intervenu
George H. W. Bush était un président américain qui voulait mettre un terme à la construction de colonies. Son ministre des Affaires étrangères, James Baker, a déclaré en 1989 devant l'Aipac, le plus important lobby israélien aux Etats-Unis: «Pour Israël, le moment est venu d'enterrer une fois pour toutes la vision irréaliste d'un grand Israël. Cessez l'annexion, mettez fin aux activités de colonisation. Et tendez la main aux Palestiniens qui méritent des droits politiques, en tant que voisins.»
Certes, les Etats-Unis ne sont pas responsables de la guerre entre Israël et les Palestiniens. Mais ils ont une part de responsabilité dans la non-évolution du processus de paix entre ces deux fronts.
Pour les Etats-Unis, il s'agit d'une part de soutenir leur ami, de le conseiller et, si nécessaire, de le réprimer. D'un autre côté, Washington ne doit pas négliger la détresse et les besoins des Palestiniens. Il faut tendre la main aux Palestiniens afin de priver l'organisation terroriste du Hamas du terreau de la haine.
Trump se tient prêt
Les élections approchent aux Etats-Unis. Si Biden continue à dépenser des milliards pour des conflits dans des pays lointains sans qu'une solution ne soit trouvée, cela lui portera préjudice. Nous savons qui est à nouveau dans les starting-blocks. C'est un homme qui a déjà été président et qui, dans cette fonction, avait transféré l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem... Cet homme, c'est Donald Trump.
Cette action n'était pas seulement une déclaration d'amitié, mais aussi une déclaration d'amour à Israël, ainsi qu'une pure provocation pour les Arabes. Le temps presse donc pour Biden. Car si Donald Trump revient au pouvoir, l'apaisement au Proche-Orient ne sera qu'un lointain souvenir.