À trois jours du scrutin
L'incertitude règne avant le 2ème tour des législatives en France

A trois jours du second tour de législatives historiques en France, les partis jettent leurs dernières forces dans la bataille. Cela dans un pays fracturé et menacé d'ingouvernabilité qui pourrait voir l'extrême droite arriver au pouvoir.
Publié: 04.07.2024 à 15:25 heures
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Dernière mise à jour: 04.07.2024 à 15:29 heures
Ulcérée par le nouveau front républicain, la cheffe de file du RN Marine Le Pen a dénoncé jeudi la mise en place d'un «parti unique» réunissant «ceux qui veulent conserver le pouvoir contre la volonté du peuple».
Photo: Thibault Camus
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ATS Agence télégraphique suisse

La dynamique en faveur du Rassemblement national (RN, extrême droite), arrivé en tête du premier tour, pourrait être freinée par les très nombreux désistements de candidats de droite, centre-droit et gauche (plus de 200 à gauche et chez les macronistes). Des renoncements consentis dans la douleur pour empêcher l'extrême droite de décrocher la majorité absolue à l'Assemblée et de former un gouvernement, prenant le pouvoir pour la première fois depuis 80 ans.

Ulcérée par ce nouveau «front républicain», la cheffe de file du RN Marine Le Pen a dénoncé jeudi la mise en place d'un «parti unique» réunissant «ceux qui veulent conserver le pouvoir contre la volonté du peuple».

Barrage ou pas?

Selon les derniers sondages, la possibilité pour le RN d'accéder à la majorité absolue de 289 députés semble s'éloigner. Mais, partout en France, des électeurs de gauche hésitent à faire une nouvelle fois barrage à l'extrême droite, lors de ce scrutin provoqué le 9 juin par la décision choc du président Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée.

«Macron a été élu par des voix de gauche. Il aurait dû faire des concessions à gauche, mais il n'en a fait qu'à droite», regrette Michel, 66 ans, devant un stand de fruits et légumes dans le Calvados (ouest).

Ancienne institutrice, Claude se résignera à voter pour le camp macroniste, inquiète de ceux qui veulent «essayer» l'extrême droite. «L'isoloir n'est pas une cabine d'essayage», dit-elle.

Arrivé en tête des européennes du 9 juin à gauche, l'eurodéputé Raphaël Glucksmann s'est adressé à ces électeurs en assurant qu'il n'était pas «indigne de voter 'contre'».

Malgré ces appels au barrage, le jeune président du RN Jordan Bardella croit à la victoire de son camp, qui le propulserait au poste de Premier ministre à 28 ans. «Nous aurons la majorité absolue», a-t-il affirmé mercredi sur la chaîne BFMTV, assurant que son gouvernement était «prêt».

Une majorité difficile à atteindre

En face, la coalition de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) et le camp macroniste (centre-droit) ne cessent d'alerter sur le péril de l'extrême droite, pointant les dérapages racistes de candidats du RN, ramenés au rang de simples «brebis galeuses» par la formation d'extrême droite.

Mais sauf basculement improbable, aucun de ces deux blocs n'obtiendra de majorité claire dans la nouvelle Assemblée, aggravant le risque d'un pays ingouvernable sous l'œil inquiet des partenaires européens de la France et ce, alors que Paris accueille les JO dans moins d'un mois.

«On vote dimanche en France. C'est une autre élection dont l'issue peut inquiéter», a déclaré mercredi soir le chancelier allemand Olaf Scholz. «Faisons tout pour qu'ensemble nous protégions notre grande et belle Europe et que nous ne laissions pas les populistes d'extrême droite la dominer».

Certains responsables du centre-droit et de la gauche envisagent une vaste coalition pour échapper à la paralysie, mais ses contours restent extrêmement flous et sept années de pouvoir macroniste ont creusé de profonds fossés entre la majorité sortante et les oppositions.

Des troubles redoutés

Certaines formations de gauche semblent toutefois prêtes à expérimenter des alliances transpartisanes, fréquentes en Allemagne mais inédites en France. «Ce que je souhaite, c'est ne pas provoquer de chaos dans mon pays, la France doit être gouvernable», a déclaré jeudi le patron du Parti communiste français, Fabien Roussel.

Dans le camp présidentiel, laminé aux européennes du 9 juin, le Premier ministre Gabriel Attal juge qu'une «forme de nouvelle donne est nécessaire» même s'il exclut tout rapprochement avec la gauche radicale de La France insoumise (LFI).

Dans ce climat tendu, les autorités redoutent par ailleurs des troubles au soir du second tour entre ultradroite et ultragauche. Mercredi, la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot a affirmé avoir subi avec son équipe «une agression lors d'une opération de collage d'affiches électorales» en banlieue parisienne.

La Russie, elle, ne semble pas mécontente des fractures françaises. «Le premier tour (des législatives), de même que les élections européennes de juin, ne peuvent être considérés autrement que comme un vote de défiance des Français à l'égard des autorités actuelles, y compris de la politique extérieure de Paris», a déclaré un porte-parole de la diplomatie russe, Andreï Nastassine.

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