Cela faisait longtemps que l'escalade entre la Serbie et le Kosovo n'avait pas été aussi violente. Dimanche dernier, 30 hommes lourdement armés ont fait irruption dans le nord du Kosovo, majoritairement peuplé de Serbes, et ont encerclé le monastère orthodoxe de la localité de Banjska. Un policier kosovar a été tué.
En réponse, la police kosovare a abattu au moins trois assaillants. L'accalmie n'est revenue qu'en fin de journée.
Le chef du gouvernement kosovar Albin Kurti a immédiatement accusé le gouvernement serbe de mener des «attaques terroristes» contre le Kosovo. Le président serbe Aleksandar Vucic a, quant à lui, accusé le gouvernement kosovar de provoquer constamment son peuple.
L'identité des agresseurs n'a toujours pas été établie et l'accusation d'Albin Kurti contre la Serbie n'est pour l'heure que pure spéculation.
Poutine veut déstabiliser les Balkans, selon cet expert
Aleksandar Vucic a toujours nié l'implication de son pays dans l'attaque contre le Kosovo.
Konrad Clewing nuance toutefois les propos du président serbe. Selon cet expert des Balkans à l'Institut de recherche sur l'Europe de l'Est et du Sud-Est, Belgrade (Serbie) voudrait se présenter comme gardien de la nation serbe et saper la position internationale du Kosovo. En réalité, «le gouvernement serbe a soutenu la mise en place de structures extrémistes au sein de la population serbe du nord du Kosovo au cours des derniers mois», affirme Konrad Clewing.
Quant à savoir si Vladimir Poutine a directement influencé la situation: «La Russie pourrait chercher à déstabiliser les Balkans et ainsi affaiblir l'OTAN», indique Konrad Clewing. Il est même très probable, selon lui, que les services de renseignement russes et serbes soutiennent directement les extrémistes serbes du Kosovo.
Il y aurait très peu de risque d'escalade
Daniel Bochsler, professeur suisse en sciences politiques à l'Université de Belgrade, déclare: «Aleksandar Vucic entretient de bonnes relations avec le gouvernement russe.» Les milices serbes auraient toutefois pu mener l'attaque de dimanche sans le soutien de la Russie.
Mais Daniel Bochsler ne croit pas en une aggravation du conflit. Cette nouvelle escalade serait «avant tout une guerre de la Serbie contre la Kfor, c'est-à-dire contre les troupes de l'OTAN, lesquelles incluent le contingent suisse. Et personne ne veut ça», dit le professeur.
Les unités suisses de la Swisscoy au Kosovo n'ont pas été touchées par l'attaque de dimanche. La région concernée se trouve en effet en dehors de la zone d'intervention de la Swisscoy, explique un porte-parole interrogé.
Des militaires suisses pourraient recevoir un ordre d'évacuation
Toutefois, prise entre deux feux, la Suisse pourrait aujourd'hui être indirectement impliquée dans le conflit.
Des membres des troupes suisses de la Swisscoy au Kosovo pourraient par exemple être appelés à évacuer des barrages routiers érigés dans la zone de conflit, dans le cadre du détachement dit de liberté de mouvement.
Pour rappel, la Suisse soutient la mission de paix de l'OTAN au Kosovo depuis 1999 avec ses propres unités. Actuellement, 195 membres de la Swisscoy sont stationnés dans le pays des Balkans.