L'armée serbe est en état d'alerte
Voici ce qu'il faut savoir sur l'escalade du conflit au Kosovo

Le nord du Kosovo est le théâtre de violents affrontements entre des manifestants serbes et des soldats de la Force multinationale pour le Kosovo (KFOR). Comment expliquer cette escalade et quels sont ses enjeux?
Publié: 31.05.2023 à 06:27 heures
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Dernière mise à jour: 31.05.2023 à 11:54 heures
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Lundi, de violents affrontements ont eu lieu entre des manifestants serbes et des soldats de la KFOR dans le nord du Kosovo.
Photo: keystone-sda.ch
Chiara Schlenz

L'escalade des tensions au Kosovo s'accélère. Lundi, des manifestants serbes ont affronté des soldats de la Force pour le Kosovo (KFOR) dans le nord du pays. Mardi, la situation ne s'était toujours pas calmée. Les manifestations se sont poursuivies dans les localités de Zvecan, Leposavic et Zubin Potok.

Voici les informations à retenir en quatre questions-réponses.

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Comment se portent les soldats de la KFOR?

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense a fait état de 14 blessés parmi les Italiens du contingent de la KFOR. Vingt soldats hongrois de la force armée figurent également parmi les blessés, a écrit le portail d'information basé à Budapest hvg.hu, en se référant à des cercles diplomatiques.

L'OTAN, dont fait partie la KFOR, «condamne fermement les attaques non provoquées contre les troupes de la KFOR dans le nord du Kosovo», comme l'indique un communiqué. L'alliance nord-atlantique enfonce le clou: «De telles attaques sont totalement inacceptables. La violence doit cesser immédiatement.»

2

Pourquoi cette escalade?

Les tensions actuelles ont pour toile de fond le boycott des élections locales dans le nord du Kosovo. Des élections anticipées avaient été organisées en avril à Zvecan ainsi que dans les communes de Leposavic, Zubin Potok et Mitrovica. À Zvecan, le maire est désormais Ilir Peci, un Albanais de souche.

Les Serbes de souche – qui représentent une grande partie de la population de la région – ayant largement boycotté les élections, seuls des Albanais ou des représentants de petites minorités ont été élus, avec une participation inférieure à 3,5%. Le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, a investi les maires la semaine dernière, s'opposant ainsi aux exigences de l'Union européenne (UE) et des États-Unis. Il a, par la même occasion, irrité la population serbe de la région.

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Comment réagissent le Kosovo et la Serbie?

Albin Kurti fait porter la responsabilité des violences à la Serbie et à «un groupe d'extrémistes sous la direction de Belgrade». C'est ce qu'il a déclaré lundi soir, selon le bureau présidentiel, lors d'un entretien avec des ambassadeurs occidentaux. Quant à la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, elle a accusé son homologue serbe: «Ceux qui exécutent les ordres de Vucic pour déstabiliser le nord du Kosovo doivent être traduits en justice», a tweeté la dirigeante.

Le président serbe, Aleksandar Vucic, commandant en chef des forces armées de son pays, a porté l'état de préparation au combat de l'armée à son plus haut niveau, a déclaré le ministre de la Défense, Milos Vucevic, cité par «The Guardian». «Cela signifie que le chef d'état-major des forces armées serbes a donné, juste avant 14h [mardi], des instructions supplémentaires pour le déploiement des unités de l'armée dans des positions spécifiques», a déclaré le ministre de la Défense serbe. La question de savoir ce que cela signifie exactement reste ouverte. Aleksandar Vucic lui-même ne s'est pas encore exprimé sur les incidents.

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Peut-on encore désamorcer le conflit au Kosovo?

Mardi encore, les affrontements se poursuivaient dans le nord du Kosovo. Aucun apaisement ne se profilait à l'horizon. Aucun des deux chefs d'État n'a jusqu'à présent appelé à une désescalade concrète.

Le conflit entre le Kosovo et la Serbie va au-delà du débat autour des maires. Des fonctionnaires de l'UE ont joué un rôle de médiateur dans les négociations visant à normaliser les relations entre les deux pays. De nombreux accords ont été conclus durant ce processus de dialogue, mais ils n'ont que rarement été mis en pratique. Les deux chefs d'État, Aleksandar Vucic et Albin Kurti, ne se sont quasiment jamais laissés convaincre de faire des compromis.

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