Elle a ses aficionados et ses détracteurs. La saison hivernale est-elle une longue descente aux enfers obscure et froide ou un moment cocooning privilégié sous un plaid avec une boisson chaude?
Quelle que soit votre opinion sur la question, une bonne série ne peut qu’aider à traverser les mois les plus gris. À défaut d’en avoir suffisamment sur les pistes de ski, voici quatre pépites qui ne manquent pas de neige à découvrir sur vos plateformes de streaming. Pour faire de l’hiver votre saison préférée.
Plus de films et séries
«True Detective», saison 4
Il y a dix ans (non, ça ne nous rajeunit pas), les aventures de Rustin Cohle et Martin Hart, deux flics cabossés de Louisiane, venaient souffler un vent de renouveau sur le petit écran. Parce qu’elle était visuellement impressionnante, que son acteur principal, Matthew McConaughey était une star en pleine course à l’Oscar du meilleur acteur, la première saison de «True Detective» a tout balayé sur son passage et aboli les dernières barrières entre la série et le cinéma. Les deux saisons suivantes n’ont jamais réussi à se hisser à la hauteur de la première. La quatrième, diffusée en Suisse romande par la RTS, est un retour en grâce.
Cette fois-ci, l’intrigue s’installe en Alaska, à la veille d’une nuit de deux semaines entre fin décembre et début janvier. Les membres d’une station scientifique sont retrouvés mystérieusement gelés et deux enquêtrices de choc, Liz Danvers et Evangeline Navarro, établissent un lien entre leur mort et celle, quelques années plus tôt, d’une activiste autochtone.
Parce qu’elle s’ancre profondément dans un territoire étonnant, brasse des thématiques ultra-contemporaines (l’écologie, l’invisibilisation des minorités, les avancées scientifiques) et met en scène deux personnages féminins intéressants, cette saison 4 tient l’équilibre entre fidélité au concept original de la série et modernisation. Et on vous promet, outre deux actrices sensationnelles (Jodie Foster et Kali Reis), beaucoup de blizzard, de froid polaire et de glace.
Les 6 épisodes de la saison 4 sont à voir les lundis 22 h 30 sur RTS1 (ou dès 4h du matin sur PlayRTS) et restent disponibles pendant 30 jours sur la plateforme.
«Fargo», saison 5
Peu de séries adaptées de films sont de réels succès. Parce qu’elle s’inspire du chef-d'œuvre des frères Coen tout en traçant sa propre voie, «Fargo» est l’une des plus belles créations du petit écran. Et la dernière saison en date, qui vient de sortir, le prouve une nouvelle fois. L’histoire est celle d’un affrontement entre un constitutional sheriff, sorte de cow-boy contemporain d’extrême droite qui refuse toute autorité de l’État fédéral aux États-Unis, et une mère de famille courageuse. Le premier, incarné par Jon Hamm, inoubliable Don Draper de «Mad Men», cherche à kidnapper la seconde, qui a les traits de Juno Temple, à des années lumières de son accent cockney en diable dans «Ted Lasso». Et elle compte bien ne pas se laisser faire.
Autour d’un nombre très restreint de personnages, la série sonde l’âme américaine tourmentée. En choisissant de placer son histoire dans l’époque contemporaine (2019 exactement, quand «l’idiot orange» était encore à la Maison-Blanche), le showrunner Noah Hawley fait de sa série, toujours pétrie d’humour souvent noir, un conte féministe très actuel. Les paysages glacés du Dakota du nord et du Minnesota, tout près de la frontière canadienne, sont un terrain de jeu parfait pour parler de vengeance, de violence et de foi, bref, de tout ce qui fonde l’Amérique.
À voir dès maintenant sur Canal+.
«Constellation»
Il est temps de quitter le continent américain. «Constellation», nouveauté AppleTV+ disponible à partir du 21 février 2024, explore d’autres contrées glacées. D’abord, les plaines russes et suédoises. Ensuite, l’espace. Jo Ericsson est une astronaute envoyée à bord de l’ISS, qui s’apprête à rentrer auprès de son mari et sa fille après une dernière sortie lorsqu’un drame survient. Percutée par un objet non identifié, la station spatiale internationale se transforme en tombeau. Au terme d’une course contre la montre haletante, et d’un premier épisode époustouflant, Jo parvient à revenir sur terre.
Mais ce n’est pas vraiment un soulagement qui l’attend. Très vite, l’astronaute se trouve en léger décalage par rapport à tout. Elle ne reconnaît ni la couleur de sa voiture, ni l’emplacement des bols dans sa cuisine. Son mari britannique se préparait à une séparation dont elle n’a aucun souvenir, sa fille ne parle plus un mot de suédois. Entre le thriller psychologique, l’aventure spatiale et le grand récit de conspiration, «Constellation» permet à AppleTV+ de creuser son sillon dans le registre de la science-fiction. Et à l’actrice suédoise Noomi Rapace, révélée dans l’adaptation du roman «Millenium», de briller à nouveau dans un premier rôle.
À voir sur AppleTV+ à partir du 21 février 2024.
«Polar Park»
Il est fort à parier que vous n’avez jamais entendu parler de Mouthe. Une bourgade d’un peu plus de 1’000 habitants, située dans le Doubs, en France, à quelques kilomètres de la frontière suisse. Et qui se trouve être la ville la plus froide de nos voisins. C’est là que Gérald Hustache-Matthieu, réalisateur singulier, a planté le décor de sa série «Polar Park».
Tout commence avec une gamine qui trouve une oreille coupée dans la neige, et un écrivain en mal d’inspiration, David Rousseau, spécialiste du polar venu pour rencontrer des moines et percer un mystère familial. L’auteur ne peut pas s’empêcher d’enquêter sur l’oreille, quitte à marcher sur les pieds de l’adjudant Louvetot. Et comprend vite qu’il a affaire à un serial killer.
Loin d’une enquête policière classique, «Polar Park» est une comédie noire réjouissante qui aligne des personnages improbablement hilarants. On y croise une prof de français groupie, une gendarme intraitable, un responsable de bibliothèque tellement tatillon qu’on le soupçonne de tuer ceux qui rendent les livres en retard… Voici une série joyeusement gore, qui multiplie les hommages aux plus grands, et notamment à «Twin Peaks», tout en creusant un sillon enneigé très personnel, illuminé par la bravoure de sa mise en scène.
Bonus film: «Le Cercle des neiges»
Difficile d’imaginer froid plus saisissant que celui s’emparant des passagers du vol 571 qui, en 1972, s’est crashé dans la Cordillère des Andes en tentant de rallier Buenos Aires et Santiago du Chili. L’histoire du «Cercle des Neiges», entièrement vraie, est celle des 29 rescapés de ce drame. Certains ont survécu plus de deux mois au milieu de rien, sinon la poudreuse, la carlingue du coucou écrasé et les cadavres de leurs proches, amis, parents parfois, dont ils devront bientôt se nourrir pour ne pas mourir de faim.
Ce film réalisé par l’Espagnol Juan Antonio Bayona (à qui l’on doit aussi «L’Orphelinat» et «The Impossible») vaut pour la tension qu’il parvient à créer à partir d’un scénario dont l’issue est pourtant connue. Jusqu’au bout, on tremble (et on grelotte) pour ces hommes damnés, jusqu’au bout, on redoute que leur sauvetage n’en soit pas un et qu’il soit finalement impossible de revenir complètement d’une telle catastrophe. Tendu et subtil à la fois, ce survival movie est une réussite.