Un Suisse sur six possédait un abonnement de fitness fin 2023, soit 1,31 million de personnes. La troisième étude approfondie sur les données clés de l’économie suisse du fitness de l’association professionnelle Swiss active montre que le secteur connaît une forte croissance. En cinq ans, on mesure une augmentation des centres de fitness de 5%, des membres de 13% et du chiffre d’affaires de 18%, atteignant 1,3 milliard de francs. Le nombre d'employés du secteur ne cesse également de croître: 1000 postes ont été créés en 2022, et 1600 en 2023, portant leur nombre total à plus de 28’300 personnes.
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Une évolution inégale
Cette progression réjouissante concerne cependant essentiellement les grandes chaînes de sport en salle. Car du côté de la Fédération suisse des centres fitness et de santé (FSCF), qui représente davantage les PME et les indépendants, on observe plutôt l’inverse: «Les petites structures connaissent encore une perte de 10 à 20% en moyenne par rapport à la période avant-Covid, et ce, autant au niveau de la clientèle que du chiffre d’affaires, relate Alain Amherd, membre du comité de la Fédération et ancien directeur du Leader Top Fitness à Givisiez (FR). D’autant plus qu’il y a encore des remboursements de prêts Covid à faire pour certains, ou des arriérés de loyers à régler.» Et de rappeler qu’en Suisse romande, les fitness sont restés fermés pendant près de six mois.
En tout, ce sont entre 7% et 10% des PME du secteur qui ont mis la clé sous la porte ou revendu leur enseigne à de plus gros acteurs du milieu. Les résultats avancés par la faîtière swiss active quant à l’évolution du nombre de membres tient aussi à une plus grande flexibilisation de l’offre, développée après la pandémie. Proposés par les grandes chaînes, des abonnements d’un ou de trois mois – qui existaient déjà avant, mais qui sont devenus plus courants récemment – connaissent un certain succès, et expliquent ainsi en partie l’augmentation du nombre de pratiquants.
Électrostimulation et cours collectifs
Dans ce contexte, certaines petites structures parviennent malgré tout à tirer leur épingle du jeu, en investissant et en faisant l’acquisition de machines de nouvelle génération, en matière d’électrostimulation par exemple, ou de circuits électroniques (système qui permet de régler automatiquement les charges à soulever pour un individu, en calculant l’évolution de sa masse musculaire tous les dix entraînements). «Les entreprises qui souffrent sont peut-être un peu trop restées sur leurs acquis, avance Alain Amherd. Si on ne change rien en attendant que la situation s’améliore, on se fait dépasser par les concurrents.»
Aujourd’hui, avec près de 1300 fitness dans le pays, le spécialiste estime que le marché est loin d’être saturé. «Chacun doit trouver sa niche. Certains se spécialisent dans le coaching personnel, d’autres dans le wellness, certains ne proposent que des cours collectifs, d’autres encore se revendiquent généralistes. Il y a de la concurrence certes, mais c’est ce qui pousse à s’améliorer en permanence. Au tout début du fitness, c’était bien le problème: il n’y avait pas de concurrence. Les machines n’étaient pas entretenues et se retrouvaient vite en mauvais état. Maintenant, on n’observe plus du tout ce genre de situation.»
Le succès des salles de sport, petites ou grandes, tient aussi beaucoup à la manière de faire sa publicité, qui passe aujourd’hui essentiellement par les réseaux sociaux. «Ce qui marche pour faire revenir les gens dans les centres, c’est de créer des événements avec des influenceurs ou des personnalités, ou de proposer des conférences sur la nutrition ou la méthodologie d’entraînement par exemple.»
Coaching personnel
Pour swiss active, la tendance en plein boom dans la vaste offre du fitness, c’est le coaching personnel. Selon ses observations, 6 centres sur 10 misaient sur cette prestation en 2023, alors qu’ils n'étaient que 3 sur 10 à le faire en 2021. L’importance des services de conseil en matière de nutrition a également fortement augmenté, ce qui indique que la santé s’envisage de manière de plus en plus complète, y compris dans les centres de fitness.
Car la pratique a bien évolué. Alors qu’à ses débuts, elle consistait vraiment à travailler sa musculature – le fameux bodybuilding – à l’aide d’engins ou de poids libres, elle englobe maintenant de nombreuses disciplines liées au bien-être: pilates, yoga, aquagym ou aquabike se retrouvent régulièrement dans les offres. «Aujourd’hui, on fait du fitness pour être en bonne santé, pour le lifestyle, observe Alain Amherd. C’est l’idée de bien vivre pour mieux vieillir. Personnellement, j’encourage aussi beaucoup les gens à faire du sport en plein air, et pas seulement en salle. La vitamine D notamment est très importante pour la santé et le bien-être.»
Au niveau de la reconnaissance des titres par le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), la discipline est d’ailleurs passée de la catégorie «sport et beauté» à celle de «santé sociale» il y a un an et demi: «Nous nous sommes beaucoup battus pour cela.» Car, à part la jeune génération qui fréquente encore les fitness pour avoir un beau corps, beaucoup ne cherchent pas la performance. «Des personnes âgées, des retraités et des mères de famille viennent jusqu’à trois fois par semaine à des cours collectifs pour bouger certes, mais aussi pour rencontrer du monde», estime le spécialiste. La faitière swiss active souligne d’ailleurs dans son étude que la catégorie d’âge des 50 ans et plus représente plus de 27% de la clientèle, un chiffre en nette augmentation par rapport aux années précédentes.
En collaboration avec Large Network