70% de l'eau potable gaspillée en Suisse
Les eaux usées pourraient bientôt être réutilisées... et potables

Un Suisse consomme environ 160 litres d'eau par jour. 70% de cette eau n'est presque pas souillée. Pourtant elle finit à la «poubelle». De nouvelles technologies sont développées afin de pouvoir la réutiliser pour l'usage domestique.
Publié: 24.08.2022 à 12:59 heures
Les eaux usées pourraient bientôt être traitées afin d'être consommées.
Photo: imago images/blickwinkel
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Mathilde JaccardJournaliste Blick

Alors que nous traversons la pire sécheresse depuis plus de 500 ans, apprendre que 20% de l’eau potable en France finie aux toilettes paraît aberrant.

Et les derniers orages ne vont clairement pas suffire à pallier le manque de l'or bleu. Selon le Huffington Post, c’est la raison pour laquelle la Commission européenne incite les États membres à mettre en place un système pour réutiliser les eaux usées.

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Des eaux à peine souillées

L’objectif, à terme, serait de traiter les eaux utilisées dans les habitations, les traiter dans les stations d’épurations, pour ensuite les remettre dans le circuit d’eau potable. Actuellement, toutes les eaux usées sont rejetées dans les cours d’eau.

Pourtant, selon l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau (EAWAG), les eaux grises sont à peine souillées. Elles sont issues des douches, éviers, lave-linge ou lave-vaisselle et n’ont donc pas été en contact avec les excréments. Avec un traitement adapté, ces eaux peuvent sans aucun problème être réutilisées pour l’arrosage ou les toilettes. Et même, avec un traitement plus avancé, il serait possible de les réutiliser dans plusieurs domaines de consommation domestique.

Confusion entre eaux usées et brutes

Les mentalités changent difficilement, et l’idée de «boire l’eau des chiottes» ne fait de loin pas l’unanimité. Julie Mendret, chercheuse à l’Institut européen des Membranes, confirme cette réticence au sein de la population française. Interviewée par le Huffington Post, la spécialiste assure que les eaux usées actuelles n’ont plus rien à voir avec les eaux brutes du passé. Selon elle, la méfiance s’explique par une confusion entre la «réutilisation des eaux usées traitées» et «l’épandage d’eau brute», c’est-à-dire l’eau qui n’est pas passée par une station d’épuration.

Pourtant, la chercheuse l’assure: «Ça se faisait il y a des années et là oui, il y a eu des épidémies de choléra et de gastro-entérite. Mais la réutilisation des eaux usées traitées dont on parle aujourd’hui est très encadrée.»

Elle martèle qu’il n’y a aucun risque pour la santé. Et même, que l’eau traitée peut être plus propre que les eaux des rivières. C’est pourquoi, elle imagine développer des techniques de «potabilisation directe» afin de pouvoir consommer les eaux usées sans crainte.

Des bières à l’eau usée traitée

Singapour l’a bien compris. La ville est d'ailleurs en avance sur le reste du monde: elle a mis en place des technologies de pointe pour traiter les eaux usées et créer la «NEWater», un nouvel or bleu propre et consommable pour l’usage domestique. La mégapole est devenue le symbole de la capacité de recyclage. Le journal économique français Les Echos rapporte que «cinq usines produisent aujourd’hui 430 millions de litres par an, répondant au tiers des besoins en eau de Singapour».

À l’heure actuelle, ces nouvelles eaux sont principalement utilisées dans l’industrie. Mais l’agence nationale de l’eau de Singapour affirme que 5% de cette eau est rendue propre à la consommation, selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’agence a d’ailleurs récemment lancé une bière brassée avec les eaux usées traitées. La «NewBrew» est sur le marché depuis avril.

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Une première en Europe

En France, des chercheurs se sont inspirés des accomplissements de Singapour. D’ici 2024, le projet Jourdain devrait aboutir en Vendée, précise France Info. L’idée serait de récupérer les eaux usées de la station d’épuration des Sables d’Olonne, de les traiter et les réinjecter dans le circuit pour alimenter les habitations. Le projet promet, grâce à un traitement haut de gamme, une eau sans micropolluants ou substances toxiques.

En Suisse aussi, des chercheurs mettent en place des nouvelles technologies d’assainissement, en attendant les autorisations juridiques. Avec 70% des eaux usées qui partent à la «poubelle», l’Institut fédéral suisse espère pouvoir en recycler une bonne partie. L’EAWAG a donc mis en place des toilettes équipées d’un système de traitement.

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Il permet de recycler l’eau pour d’autres usages. L’Institut fédéral l’assure: les conditions d’hygiène sont irréprochables. Pour l’instant, l’installation n’est pas commercialisée.

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