Menace climatique
L'Europe n'avait pas eu aussi chaud depuis cinq siècles

Le Centre commun de recherche de la Commission européenne vient de publier le rapport «Drought in Europe – August 2022» sur la sécheresse qui a sévi cet été sur l’ensemble du continent. Celle-ci serait la pire enregistrée en Europe depuis au moins 500 ans.
Publié: 23.08.2022 à 15:57 heures
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Dernière mise à jour: 23.08.2022 à 16:07 heures
Malgré la récente vague d'orages, 47 % du territoire de l’Union européenne est toujours en état d’avertissement de sécheresse selon le rapport «Drought in Europe - August 2022» tout juste publié.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

C’est la Commission européenne qui l’affirme. Ou plutôt, les experts de son Centre commun de recherche. Lequel vient de publier le rapport «Drought in Europe – August 2022» sur la sécheresse qui a sévi cet été sur l’ensemble du continent. Pour ces spécialistes du réchauffement climatique, les données sont formelles: la sécheresse actuelle est la pire enregistrée en Europe depuis au moins 500 ans.

Et ce n’est pas fini: «Des conditions plus chaudes et plus sèches que d’habitude sont susceptibles de se produire dans l’ouest de la région euro-méditerranéenne au cours des prochains mois et jusqu’en novembre 2022. Dans certaines régions de la péninsule ibérique, des conditions plus sèches que d’habitude sont prévues pour les trois prochains mois» annonce le rapport, tout juste publié.

La Suisse dans les pires régions affectées

Côté chiffres et zones géographiques concernées: 47% du territoire des 27 pays membres de l’Union européenne (UE) sont toujours en état d’avertissement de sécheresse, ce qui signifie que les précipitations y ont été moins élevées que d’habitude et que l’humidité du sol est déficitaire.

Environ 17% du territoire de l’UE est en état d’alerte, avec une végétation et des cultures gravement affaiblies par le manque d’eau. Au total, 64% de l’Europe fait l’objet d’un avertissement ou d’une alerte, ce qui contribue à augmenter considérablement les zones à risque d’incendie.

Jusqu’au 10 août dernier, les régions les plus touchées par les anomalies négatives des précipitations au cours des trois mois étaient les suivantes: le centre et le sud du Portugal, l’Espagne, le sud de la France, l'Italie centrale; la Suisse; le sud de l’Allemagne; une large zone à travers l’Ukraine, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Moldavie et une large partie des Balkans occidentaux.

L’impact de la sécheresse va durer

Pour la majeure partie de l’Europe, après cette longue séquence de prévisions exceptionnellement sèches, des conditions proches de la normale sont prévues d’août à octobre 2022. Mais attention, prévient le rapport: cela ne suffira sans doute pas à combler entièrement le déficit pluviométrique accumulé pendant plus d’un semestre. Des conditions météorologiques plus sèches que la normale demeureront toutefois sur l’ouest de l’Espagne, l’est du Portugal et le long de la côte croate. Des conditions sèches moins sévères sont prévues sur les Alpes.


L’impact agricole de ces bouleversements atmosphériques est aussi évalué dans ce rapport européen. Les prévisions de rendement de l’UE pour le maïs grain, le soja et le tournesol sont celles qui baissent le plus: -16% pour le maïs, -15% pour le soja et -12% pour le tournesol.

Quelque 100 communes françaises toujours privées d’eau potable

En France, plus de 100 communes ont encore, à la fin août, des problèmes d’approvisionnement en eau et l’eau potable y est livrée par camion. En tout, 66 départements français restent au niveau le plus élevé d’alerte à la sécheresse, et au moins 93 départements se trouvent à l’un des trois principaux niveaux d’alerte à la sécheresse.

Selon le Système européen d’information sur les feux de forêt, plus de 60'000 hectares de terre y ont brûlé depuis le début de l’année 2022, soit plus du double de 2021 et environ 4,6 fois la moyenne des dix dernières années (2012-2021).

Aux Pays-Bas, les graves impacts liés aux faibles débits du Rhin affectent la navigation commerciale, la stabilité des digues et les problèmes d’intrusion d’eau de mer ont affecté le transport du charbon et du pétrole. En Espagne, l’eau stockée dans les réservoirs se situe à environ 58% de la moyenne décennale pour la période, alors que les retenues d’eau de certaines régions du sud (par exemple l’Andalousie et l’Estrémadure) sont à environ 30% de la moyenne de la décennie.

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