Ces sept jeunes étaient les premiers à passer devant la justice pour avoir résisté, le 30 mars 2021, à l'évacuation de la Zone à défendre (ZAD) du Mormont. Une ZAD qui visait à s'opposer à l'extension de la carrière du cimentier Holcim.
Le Tribunal a d'abord estimé que les militants avaient le droit de s'opposer aux sanctions prononcées par le Ministère public, bien qu'ils aient refusé, dans un premier temps, à décliner leur identité. L'un des juges, Daniel Stoll, a expliqué que cette décision a été prise «à titre exceptionnel, compte tenu de la situation inédite» de cette première ZAD suisse.
Le Tribunal a ensuite libéré les militants de l'accusation de violation de domicile, sachant qu'Holcim avait finalement retiré sa plainte. Egalement contre l'avis du Ministère public, les zadistes ont été acquittés d'insoumission à une décision de l'autorité.
A lire aussi
Empêcher d'accomplir un acte officiel
La plupart ont, en revanche, été reconnus coupables d'empêchement d'accomplir un acte officiel. Les différents juges ont estimé que les prévenus avaient entravé le travail de la police lors de l'évacuation de la ZAD, par exemple en s'accrochant à une corde ou en se réfugiant sur le toit d'une vieille bâtisse.
«C'est un désaveu massif pour le Ministère public», a commenté l'avocat Philippe Currat, dont la cliente a vu sa peine «drastiquement» réduite de deux mois de prison ferme à dix jours-amende avec sursis. Le juge a retenu le «mobile honorable» pour ne prononcer «qu'une peine symbolique», a-t-il ajouté.
Sa consoeur Saskia von Fliedner, qui plaidait auprès d'un autre zadiste, s'est montrée plus partagée. Elle a estimé que le Tribunal «ne s'était pas mouillé» en matière d'urgence climatique et de liberté à manifester. «La question des droits fondamentaux n'a pas été reconnue. C'est la grande déception de ce jugement», a-t-elle dit.
Dans une autre affaire, un jeune homme encourait six mois ferme de prison pour avoir lancé des projectiles sur la police. Le Parquet s'était basé sur des traces ADN retrouvées dans un gant. Or il s'est avéré que l'accusé n'était pas présent ce jour-là sur la ZAD. Il a été totalement acquitté lundi.
«En dépit du bon sens, le Ministère public a voulu aller vite et frapper fort. Il a été totalement désavoué», a réagi l'avocat de ce prévenu, Sacha Camporini.
Le procureur général absent
Le procureur général du canton de Vaud Eric Cottier, qui était venu soutenir l'accusation la semaine dernière, n'était pas présent lundi à Nyon. Les représentants du Ministère public ayant fait le déplacement n'ont pas voulu faire de commentaires à ce stade, notamment sur un éventuel appel.
Du côté des accusés, soutenus par une cinquantaine de sympathisants devant le tribunal, le soulagement était de mise d'éviter la prison. «On ne peut toutefois pas crier victoire au vu de la situation écologique dramatique. C'est Holcim qui aurait dû être jugé», a dit une zadiste.
Un autre s'est dit «blasé» face à cette justice qui «pinaille sur des détails» en se «détournant des vrais problèmes.» Même si le Ministère public continue de «s'acharner» et que les tribunaux restent «en retard», il a estimé que le combat des militants n'allait pas «s'essouffler». D'autant plus qu'une «partie grandissante» de la population prend conscience de l'urgence, a-t-il dit.
(ATS)