Vote du budget de la capitale vaudoise
7000 francs pour 7 minutes de débat, ça coûte cher aux Lausannois

L'élu socialiste Louis Dana estime que le groupe libéral-radical (PLR) a voulu gagner du temps lors du vote du budget, mardi 5 décembre au soir. Et fait perdre de l'argent au contribuable en ouvrant une séance à minuit. Pour le PLR, la gauche a causé la perte d'argent.
Publié: 06.12.2023 à 19:42 heures
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Dernière mise à jour: 06.12.2023 à 19:44 heures
Louis Dana (socialiste) et Marlène Bérard (libérale-radicale) ne sont pas d'accord sur qui a causé la perte de temps et d'argent au Conseil communal.
Photo: KEYSTONE/DR
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Le calcul fait grimper le prix à quasi 7000 francs la minute de débat pour le contribuable lausannois! Louis Dana, conseiller communal (législatif) socialiste dans la capitale olympique, dénonce à Blick une situation «ubuesque». Le contexte? Le vote du budget de la ville de Lausanne, mardi 5 décembre. 

«À 23h45, nous étions à quelques minutes de boucler le budget 2024, explique l'élu de la majorité. Tous les amendements avaient été traités et il ne restait donc que le vote final.» Mais là, raconte Louis Dana, la cheffe de groupe libéral-radical (PLR), Marlène Bérard, demande le renvoi du vote à la prochaine séance. La majorité du conseil décide finalement de renvoyer les débats au lendemain «sans convocation».

983 francs la minute de débat

Ce lendemain «sans convocation» signifie minuit. Soit, tout de suite. «Nous avons donc repris nos discussions et à 00h07, le budget était sous toit. Ces quelques minutes ont coûté 6880 francs au contribuable lausannois.» Louis Dana calcule en effet 86 élus présents, à 80 francs le jeton-de présence pour une séance «jusqu'à deux heures». Cela fait près de 983 francs la minute de discussion. «À cela s'ajoutent les salaires de la technique, des huissiers et des agents en faction dans la salle du Conseil.»

Le socialiste est clair: «C'était une manœuvre dilatoire et complètement inutile de la part du PLR! D'autant plus qu'on savait que le budget allait être accepté, et que ça allait prendre cinq minutes.» Selon lui, des absents parmi les rangs du parti libéral-radical auraient poussé la cheffe de groupe à gagner du temps.

Voter «à tête reposée»

Cette dernière rit au bout du fil. «C'est l'hôpital qui se moque de la charité. J'ai demandé le renvoi du vote à la séance prochaine parce que nous avions commencé à 18h, clarifie Marlène Bérard. Ça me paraissait assez sain qu'on puisse voter à tête reposée. Ça n'est pas rien, le budget de la ville de Lausanne!»

Aucune mauvaise intention derrière sa demande de report, assure-t-elle. «C'est un peu triste si la gauche voit du malveillant dans tout ce qui vient de la droite.» Une certaine fragilité se ressentait à gauche, estime-t-elle.

Séance «de réserve» déjà prévue pour ça

Mais au-delà du clivage gauche-droite, l'avocate ne comprend pas la logique de cette demande de renvoi au «lendemain». Souvenez-vous: la cheffe de groupe PLR avait demandé un report du vote à la prochaine séance du Conseil communal. Cette dernière étant prévue... le lendemain, soit le mercredi 6 décembre à 19h30.

«Et au pire, nous en avons une le 12 décembre à 18h et 20h30. Ces séances sont dites de réserves, pas prévues pour traiter d'objets prioritaires. Au lieu d'admettre que le vote du budget se fasse le 6, la gauche a insisté pour qu'on vote à minuit.» Là où «l'hôpital se moque de la charité», c'est notamment que les élus toucheront des jetons pour cette séance du 6, et pour celle du 12. 

Par ailleurs, pour l'élue de la minorité, «quand on voit la hauteur du déficit à Lausanne, et tous les amendements suggérés par la gauche qui le creusent encore plus, je me demande où se situent leurs priorités?» Elle suggère une solution. «Ils peuvent renoncer à leurs jetons de présence, ça sera très bien vu.»

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